La Presse Bisontine 154 - Mai 2014

A g e n d a

La Presse Bisontine n° 154 - Mai 2014

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“Le musée n’aura jamais été aussi beau” Le conservateur du musée des Beaux-arts plébiscite les travaux qui démarrent et grâce auxquels ce lieu de culture va entrer dans une nouvelle ère. BESANÇON - EMMANUEL GUIGON

L a Presse Bisontine : Comment accueillez-vous ce projet de transformation du musée qui démarre ? Emmanuel Guigon : Il y aura un avant et un après. En 2017, lorsqu’il ouvrira, le musée n’aura jamais été aussi beau. Le projet architectural d’Adelfo Scaranello est d’un véri- table intérêt. Il crée un dialogue entre l’architecture néoclassique du bâtiment d’origine qu’est l’ancienne halle aux grains ima- ginée par Pierre Marnotte (1797- 1887), et l’aménagement inté- rieur en béton de Louis Miquel (élève de Le Corbusier N.D.L.R.). Sa création est d’ailleurs très identitaire à Besançon. Adelfo Scaranello crée cet échange entre les deux architectures en enle- vant les scories et en solution- nant évidemment les problèmes de mise aux normes. L.P.B. : A Besançon, certains doutent encore de la pertinence de ce chantier de 10 millions d’euros subventionnés pour moitié. Que leur répondez-vous ? E.G. : Ces travaux étaient sou- haitables. Besançon fait partie du second cercle des grands musées de France. Nos collec- tions sont plus proches de celles de villes comme Lyon, Lille, Bor- deaux ouMontpellier. Elles comp- tent beaucoup de chefs-d’œuvre et beaucoup d’œuvres singulières. Mais l’écrin actuel n’est pas à la hauteur pour les présenter. Le parcours est obsolète, incompré- hensible, l’architecture est deve- nue illisible.Àmon sens, le musée tel qu’il est aujourd’hui est même oppressant. Cela fait six ans que nous travaillons sur ce projet nécessaire et sur la création de réserves extérieures au musée. Nous avons réussi à le faire pas-

ser. Tant mieux.

l’âme d’un musée est aussi don- née par tous les gens qui y tra- vaillent. L.P.B. : Ce projet doit servir également la notoriété du musée que vous avez contribué à faire grandir grâce à diverses expositions qui ont eu un retentisse- ment national. Ce musée va-t-il aussi changer de dimension du point de vue de la fréquentation ? E.G. : Nous accueillons 55 000 visi- teurs en moyenne par an. Il est évident que le grand attrait de ce musée, ce sont ses collections qui sont si mal montrées. Une fois rénové, ce lieu va, à l’évidence, attirer du monde. L.P.B. : La programmation de la rentrée 2017 est-elle déjà en gestation ? E.G. : Je suis en train de travailler sur la politique d’exposition pour les trois premières années d’ouverture. Rien n’est encore figé. Je dois ménager l’archéologie, le XVII ème , le XVIII ème , la Franche- Comté… Nous avons la chance d’être un musée qui possède des

L.P.B. : Pendant toute la durée des tra- vaux, beaucoup d’œuvres vont vivre en dehors du musée dans le cadre de l’opération “hors les murs”. On en ver- ra notamment à Planoise. Qu’attendez- vous de ce dispositif original ? E.G. : Le musée s’invite à Planoi- se. Cela signifie que l’on peut fai- re de la pédagogie, de l’émulation autour d’une œuvre d’art, d’un fac-similé, en mobilisant des acteurs de la culture. L’idée est de toucher un autre public. C’est d’ailleurs une expérience qui pour- ra durer au-delà de la période de fermeture du musée. Il faut un haut niveau d’exigence dans un musée comme le nôtre, à la fois artistique et scientifique, mais il faut être également capable d’être accessible au public le plus lar- ge. L.P.B. : Des œuvres vont voyager éga- lement à travers le monde pendant cet- te période… E.G. : Nous prêtons des œuvres à des musées en France et à l’étranger. Mais il y a aussi des expositions “hors les murs” de Besançon, organisées par Besan- çon, à découvrir dans d’autres musées comme la collection Jean Gigoux qui sera présentée à Nice. Je suis très honoré que le nom de Besançon soit associé pour un temps à des musées prestigieux de Paris ou Madrid. C’est impor- tant et la politique de publica- tion que nous avons l’est tout autant. Je tiens beaucoup aux catalogues, notamment ceux réa- lisés sur les donations, qui cir- culent dans les musées, les biblio- thèques un peu partout dans le monde. Ce sont des vecteurs d’image très intéressants. L.P.B. : Justement, le musée de Besan- çon s’est enrichi par des donations.

L.P.B. : Les réserves ont été externali- sées. C’est un vrai gain de place qui va vous permettre d’augmenter la surfa- ce d’exposition… E.G. : Nos réserves étaient répar- ties jusqu’à présent sur dix lieux différents, y compris dans le musée. Elles occupaient des salles nobles qui vont devenir des salles d’exposition. Il y aura un nou- veau parcours muséographique, cohérent. L’architecture sera plus ouverte, plus incitative. Il y aura une vraie librairie, un espace de conférence. Le public entrera immédiatement dans le vif du sujet. L.P.B. : Il y aura donc plus de choses à voir et dans de meilleures conditions, n’est-ce pas ? E.G. : L’archéologie n’a jamais été montrée comme elle devait l’être. Il y aura un vrai parcours didac- tique. La collection égyptienne sera mieux présentée. Nous expo- serons 40 % d’œuvres en plus par rapport à aujourd’hui et le tout dans de bonnes conditions. Nous disposerons de trois salles pour des expositions temporaires dans lesquelles nous pourrons mon- trer soit nos collections en réser- ve, soit des collections avec emprunt. C’est très stimulant de se dire que nous disposons, à Besançon, d’autant de choses à exposer. L.P.B. : De quelle manière donnerez- vous une âme au futur musée ? E.G. : Ce sont d’abord les œuvres qui donnent l’âme au musée car c’est grâce à elles que l’on peut créer le discours. Notre métier est de savoir leur donner la paro- le pour qu’elles touchent le plus grand nombre de personnes.Mais

collections. Mon objectif est de trou- ver le bon équi- libre entre les expositions per- manentes et l’événementiel. J’ai prévu par ailleurs, à la réou- verture du site, de faire aumoins une fois par an une exposition adou- bée en coproduc- tion avec le Musée d’Orsay, le Louvre ou le Centre Pom- pidou. Orsay est demandeur de ce genre d’initiative.

ces investissements par l’association desAmis des musées et de la bibliothèque de Besan- çon. En effet, ce musée est en grande partie un musée de donation grâ- ce auxquelles il s’est enrichi. Pier- re-Adrien Pâris, par exemple, a légué des tableaux et des dessins de Fragonard entre autres. Jean Gigoux a fait don de 3 000 des- sins et 460 peintures. Les Matis- se, nous les devons à la donation Besson. J’ai été contacté récem- ment par une personne qui, dans le cadre d’un héritage, pourrait nous proposer des œuvres. Plus un musée est dynamique et plus il est susceptible d’accueillir des donations. J’ajoute encore que

Mais vous arrive-t-il d’acquérir des œuvres ? E.G. : Nous avons un budget pour cela qui n’est pas propre au musée des Beaux-arts. Il est partagé entre les musées et la bibliothèque de Besançon. Les acquisitions, déci- dées en commis- sion d’acquisition,

“Une fois rénové, ce lieu va attirer du monde.”

“Des vecteurs d’image très intéressants.”

servent en priorité à compléter les collections de dessins quand les prix le permettent. Récem- ment, nous avons acquis un Fra- gonard. Nous sommes aidés dans

DE PALMAS

ARY ABITTAN

PATRICK TIMSIT

BRIGITTE FONTAINE

8-9-10 MAI 2014 HALLE SAUZAY GRAY ROLLING SAÔNE FESTIVAL

SAM. 8 NOV. 2014 20h30 MICROPOLIS BESANÇON

JEU. 13 NOV. 2014 20h30 KURSAAL BESANÇON

MER. 26 NOV. 2014 20h30 KURSAAL BESANÇON

MER. 12 NOV 2014 20h30 KURSAAL BESANÇON

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