La Presse Bisontine 153 - Avril 2014
BESANÇON
La Presse Bisontine n° 153 - Avril 2014
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“Vote ou ferme ta gueule !” PLANOISE Au hasard des tables, La Presse Bisontine a rencontré des clients de la brasserie Île-de-France pour mesurer l’intérêt qu’ils portent aux élections municipales. Reportage dans ce quartier populaire où le taux d’abstention avoisine les 40 %.
Ambiance à la Brasserie Île-de-France
À la brasserie Île-de-France, des clients attendent la tournée des candidats.
P lanoise, Brasserie Île-de- France, un matin de mars à l’heure du café. Au coin du zinc,un trio d’abstentionnistes papote de tout et de rien. Ils lèvent le nez un instant histoi- re d’étriller les élus sans dis- tinction par un avis tranché. “Voter ? Pour quoi faire ? Ils sont tous pourris de toute manière.” Les trois compères qui depuis longtemps ont perdu tout espoir en la politique sont au moins d’accord sur un point : ils ne se déplaceront pas pour les muni- cipales. Inutile d’insister, ils n’iront pas mettre leur bulletin dans l’urne, ni au premier, ni au second tour. Un choix qui agace Maurice, un jeune retraité des travaux publics. “Je suis un citoyen. je vais aller faire mon devoir. Je considère que celui qui ne vote pas n’a qu’à fermer sa gueule !” lâche le bonhomme en refermant
sa main rugueuse sur son ver- re. Ce Bisontin ne manquera pas son rendez-vous avec la démocratie. Pourtant il a une dent contre un système piqué par l’injustice. “Je perçois 790 euros de retraite pour 45 ans de cotisation et je ne suis pas à plaindre. Je pense encore à ceux qui ont moins que moi.” Ce qui le dérange à côté de ça, c’est le train de vie des collectivités.
où elle se pratique, national ou local, il n’y a plus rien à en attendre. “Le sujet m’intéresse. Je suis l’actualité. Je constate que la politique, c’est un écran de fumée. Ils veulent le pouvoir pour le pouvoir. Ils ne se préoccupent pas de nousmais seulement d’eux- mêmes. Planoise, par exemple, ça n’a pas changé. Cela fait cin- quante ans que c’est comme ça” regrette Moundir. Envahi par le désarroi, il accorde malgré tout un bon point aux élus “pour la création du point public qui est utile dans le quartier.” Assis tranquillement à sa table, Joseph bouquine. Il est absorbé par sa lecture, mais accepte volontiers de donner son point de vue sur la politique locale qu’il suit de près. “Mon choix est fait pour les municipales.” Dans la foulée, il précise : “Je voterai pour la liste Générations citoyennes de Frank Monneur.
devraient faire des locaux pour les jeunes” propose-t-il avant de conclure par un soupir ironique “le rire, il n’y a plus que ça qu’on ne paie pas.” Ce sexagénaire n’a pas toujours été d’accord avec la politique municipale et inter- communale. Néanmoins, l’ancien ouvrier a le cœur à gauche. Par principe, il votera Jean-Louis Fousseret, mais au second tour. “Au premier, je lui mettrai un petit coup de semonce en votant peut-être F.N.” Donner sa voie au Front National, Michel est prêt à le faire aussi, par dépit. “Je vais lire tous les programmes. Mais je voterai sans doute pour le candidat de Marine Le Pen. J’en ai ras-le-bol de voir toujours les mêmes têtes.” Annie, la patronne du café qui s’affaire derrière le bar, s’invite dans la conversation. “Ce qu’il faut, c’est baisser les charges.Avec les travaux du tram, j’ai perdu
25 % de mon chiffre d’affaires.” Une perte qu’elle n’a pas com- pensée. Il est midi, Jean-Claude vient de s’installer à une table pour déjeu- ner. En 2008, il avait voté pour le candidat Fousseret.Mais cet- te fois-ci, il fera différemment, animé lui aussi par une envie de changement. “Il faut une alter- nance, Jean-Louis Fousseret est élu depuis 1983. C’est trop long. Comme l’U.M.P. nem’inspire pas, je voterai plutôt au centre pour la liste de Frank Monneur qui me semble enmesure de défendre le petit commerce, élément essen- tiel à mon sens.” Un peu plus loin, Moundir, 27 ans, employé dans la sécurité, n’a pas d’avis. Ou plutôt si, ce jeune de Planoise a décidé de se ranger du côté des abstention- nistes aux municipales. Il fait partie des déçus de la politique. Pour lui, quel que soit le niveau
C’est une liste qui est modeste dans sesmoyens et dans ses ambi- tions mais qui a des projets.Mon- neur n’est pas non plus un per- dreau de l’année. Si avec sa liste il peut peser dans le débat, alors tant mieux. C’est important à mon sens qu’il y ait une voix sup- plémentaire, qui reste une voix de gauche gestionnaire et pas seulement revendicative.” Sans la présence de cette liste, Joseph avoue qu’il aurait glissé dans l’urne un “bulletin des lapins crétins” composé par ses soins. Il n’exclut d’ailleurs pas de le faire au second tour en cas de désaccord avec les décisions que prendra son candidat, si ce dernier passe la barre des 5 %, seuil au-delà duquel il pourra poursuivre l’aventure électora- le au second tour.
“Quand on décide de faire un tram dans une ville où il n’y en a pas besoin,çam’énerve” peste Maurice qui préférerait que des moyens soient mis sur Planoise. Selon lui, le quartier est courtisé par les candidats pendant les élections et après,plus rien. “Ils
“Un bulletin des lapins crétins.”
T.C.
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