La Presse Bisontine 149 - Décembre 2013

BESANÇON

La Presse Bisontine n° 149 - Décembre 2013

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HISTOIRE

Le projet sidérant des Nazis Quand Besançon devait être

rebaptisée Bozen

C’est un épisode méconnu de l’histoire. En 1940, l’Allemagne envisageait d’annexer une partie de la Franche-Comté pour y loger les habitants du Sud-Tyrol poussés à l’exil. C’est parce que la Franche-Comté présentait de nombreuses similitudes avec le Trentin-Haut-Adige qu’elle a été ciblée.

L’auteur revient sur cettemachi- nation stupéfiante, conséquence du sort qui fut réservé au Tyrol au lendemainde lapremière guer- re mondiale. Après leur victoire sur l’Allemagne et l’Autriche, les alliés de laTriple Entente (Fran- ce, Angleterre, Russie) attribuè- rent à l’Italie des territoires dont le Sud-Tyrol. Dans cette région autrichienne “vivait une popu- lation à 92%de langue et de civi- lisation germanique !” écrit Jose- ph Pinard. Il ajoute : “Très vite s’appliqua une politique d’italianisation forcée qui se dur- cit quand Mussolini prit le pou- voir. Le Duce déclara le 27 février 1926, “le pays doit devenir ita- lien.” Les mesures d’oppression se succédèrent jusqu’à la veille de la seconde guerre mondiale.” Alors, le rapprochement entre l’Allemagne,qui venait d’annexer l’Autriche (mars 1938) et l’Italie,

changea le sort des Sud-Tyro- liens. Hitler ambitionnait de fai- re entrer dans le Reich toutes les populations allemandes qui en étaient encore exclues. Il transi- gea avec Mussolini sur la ques- tion du Sud-Tyrol où la culture germanique n’avait pas disparu. Le 21 mars 1939, les deux dic- tateurs signèrent un accord dans lequel l’Italie conservait la maî- trise de ce territoire.En revanche, elle laissait le libre choix aux Tyroliens du Sud de langue alle- mande, qui refusait d’être ita- lianisés de force, de rejoindre le Reich. “Au 31 décembre 1939, date d’expiration du délai d’option, 185 000 personnes sur 267 000 soit 69 %, avaient choi- si l’Allemagne” écrit Joseph Pinard. Dès lors, cette popula- tion fut contrainte de quitter la terre de ses ancêtres, mais pour aller où ?

L es Francs-Comtois l’ont échappé belle. Si le cours de la seconde guerremon- diale n’avait pas tourné, ils seraient tous en Germanie, “à parler de je-ne-sais-quoi, à saluer je-ne-sais-qui” comme le chantaitMichel Sardou.En 1940, l’Allemagne avait en effet un plan pour ce territoire. Elle envi- sageait de l’annexer, d’en chas- ser ses habitants et d’installer à leur place les Sud-Tyroliens. Les instigateurs de ce projet avaient tout prévu, jusqu’à chan-

ger le nom des villes afin que les futurs occupants germanophones ne se sentent pas dépaysés.Ain- si, Pontarlier devait être rebap- tisée du nom de Mals, le même que celui de la bourgade située dans le Trentin-Haut-Adige. Besançon devenait Bozen et Dole Brixen. L’historien bisontin Jose- ph Pinard détaille cet épisode méconnu de l’histoire dans son dernier livre “Quand la Franche- Comté faillit disparaître, le pro- jet nazi d’expulsion en 1940.” Son contenu est sidérant.

Le livre de Joseph Pinard est édifiant. Il nous raconte comment les nazis avaient prévu de chasser les Francs-Comtois de leur territoire pour que puissent s’y installer les Sud-Tyroliens.

Himmler, un des plus hauts dignitaires nazis, qui voulait fai- re de l’Europe un “paradis aryen” , envisagea un plan pour ces futurs colons germaniques représen- tés par l’Association des optants Sud-Tyroliens (A.O.D.) à la tête de laquelle siégeait Peter Hofer. Avec la caution de Hitler, on déci- da d’attribuer à ces migrants une partie de la Franche-Com- té. “Elle doit être regardée com- me une région idéale pour l’établissement du groupe eth- nique sud-tyrolien. Le caractère du paysage, la structure écono- mique, les communications et l’ensemble des conditions de vie sont aussi proches que possibles des conditions actuelles, de sor- te que la Volksgruppe (le grou- pe ethnique) puisse trouver rapi- dement dans cette région une Heimat (petite patrie)” écrivait en 1940 un dignitaire nazi. Cette même année, une déléga- tion formée de trois leaders sud- tyroliens effectua en Franche- Comté une tournée d’inspection en vue d’une future migration dans une région qui devait deve- nir un nouvel état germanique dont la capitale serait Besan- çon. Les prospecteurs passèrent par la Suisse pour arriver dans

le Haut-Doubs. Séduits, les experts sud-tyroliens s’imaginaient déjà vivre là. L’un d’eux raconte dans un document exceptionnel que publie Joseph Pinard : “Peu après la frontière, nous sommes arrivés au bord d’un lac long de 6 km (lac de Saint-Point) où devraient cer- tainement s’établir les habitants de Reschen-Graun et de Haid. 5 kmplus loin, nous avons atteint Pontarlier. La ville est beaucoup plus grande et plus somptueuse que Mals et c’est pourquoi il y aurait de la place pour les vil- lages du Obervinschgau.” La délégation passera à l’église Saint-Bénigne jugée “sombre” , et par la porte Saint-Pierre qua- lifiée de “monumentale.” Le plan prévoyait que les Francs-Com- tois domiciliés dans le périmètre annexé par l’Allemagne soient chassés afin que les Sud-Tyro- liens puissent s’installer com- me chez eux. Heureusement, ce projet nazi ne se concrétisera jamais mal- gré l’insistance de l’Association des optants du Sud-Tyrol. La tournure de la guerre le fit capo- ter.

SPORT

1,150 million d’euros de travaux Le Besançon Tennis Club repart à l’offensive Le club de tennis né de la fusion entre B.R.C. et P.S.B. a traversé une période houleuse et perdu des adhérents. Avec une nouvelle équipe dirigeante et des investissements annoncés à Trépillot, la reconquête est annoncée.

U ne fusion entre deux clubs, ce n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît. Celle qui a eu lieu il y a deux ans entre le B.R.C. tennis et le P.S.B. ne déroge pas à la règle. Cul- tures et histoires différentes, diver- gences de points de vue entre quelques dirigeants, il n’en faut pas plus pour que la belle alchimie ne prenne pas. Deux après la fusion, le nouveau club B.T.C. entrevoit enfin les bénéfices de la fusion imposée à l’époque par la Vil- le de Besançon qui prévoyait de récu- pérer dès l’an prochain le site des Tor- cols, siège de l’ancien P.S.B., et de créer par la même occasion le grand club bisontin de tennis. Toutes les activités et les infrastruc- tures du Besançon Tennis Club seront regroupées sur le site de Trépillot dès la saison prochaine, où d’indispensables travaux de rénovation vont être enga- gés. Au total, le club investira 1,150 mil- lion d’euros. “Nous sommes engagés dans l’objectif de reconquérir de nouveaux adhérents et pour cela, nous sommes bien conscients que les investissements sur les installations sont indispensables. Pour asseoir la solidité financière du club, il nous faut donc plus d’adhérents et l’école de tennis sera également redi- mensionnée et ajustée au site de Tré- pillot” indique Patrick Ayache, le nou- veau président duB.T.C. élu le 10 octobre. Le club compte à l’heure actuelle 175 adhérents (et 650 licenciés au total avec l’école de tennis), l’objectif du nouveau président est de “rapidement revenir à un effectif entre 250 et 300 adhérents.” Le calendrier des investissements doit être calé prochainement. Sur l’enveloppe d’1,150million d’euros, laVille de Besan- çon s’est déjà engagée sur 500 000 euros.

Le club compte aussi sur le soutien du Conseil général et du Centre national de développement du sport (C.N.D.S.) et a prévu de financer le solde par un emprunt de 200 000 euros.

par un passage couvert aux courts 1 et 2. Quelques courts devraient rester en terre battue pour satisfaire tout le mon- de. Durant les travaux qui devraient débuter au printemps, quelques courts des Torcols doivent encore être utilisés provisoirement. “Le club sera complè- tement transformé. Dans deux ou trois ans, on reparlera du B.T.C. comme un des grands clubs de tennis de Franche- Comté” promet le président. Les pre- miers fruits de cette politique volonta- riste devraient être visibles dès la saison prochaine. De quoi redonner son lustre à un des clubs de sport les plus emblé- matiques de Besançon. J.-F.H.

T.C.

“Quand la Franche-Comté faillit disparaître” Joseph Pinard, édition Cêtre

Sur ce site de Trépillot, les courts 9 et 10 seront entièrement rénovés ain- si que le 1 et le 2 dont la charpente métallique hors d’âge sera changée. Les 7 et 8 seront aussi refaits en résine et béné- ficieront d’une couver- ture. Une réflexion est en cours pour agrandir le club house en le reliant

“Le club sera com- plètement transformé.”

EN BREF

Dédicace Lola Sémonin, la créatrice de la célèbre Madelaine Proust dédicacera son nouveau livre “La Madeleine Proust, une vie (1925-1939)” le 23 novembre entre 17 heures et 19 heures à la librairie Chapitre Forum, Grande rue à Besançon. Montagne Organisés dans les différents massifs, plusieurs stages permettant de devenir accompagnateur fédéral de randonnée pédestre ont pour objectif de savoir préparer et conduire des randonnées en moyenne montagne en toutes saisons. Cette formation entre dans le cadre de l’animation bénévole et débouche sur le titre d’accompagnateur fédéral de randonnée pédestre. Âge minimum 18 ans, pas de limite supérieure. Plusieurs dates en 2014 : Massif Central, Monts d’Ardèche, du 23 au 29 mars, Alpes du Sud, Écrins, du 18 au 24 mai, Alpes du Nord, Chartreuse, du 8 au 14 juin. Renseignements au 04 78 39 49 08. Vieillissement Questions aux candidats aux municipales. Corinne Boulanger-Schmid, présidente de Senior Compagnie à Besançon, a adressé une lettre à plusieurs candidats aux municipales de Besançon pour savoir comment ceux-ci prévoyaient de se positionner sur les enjeux majeurs que sont le vieillissement, la dépendance et le maintien à domicile. Gospel Concert gospel le 14 décembre à 20 h 30, à l’église Saint- Claude, rue Jean-Wyrsch à Besançon. 120 choristes réunis pour un grand concert gospel, un extraordinaire spectacle musical présenté aux États-Unis en 2010. Tarifs : 10 euros. Rens. au 06 82 13 63 67. Site internet : unitedgospel.fr

Une partie du nouveau comité avec de gauche à droite Alain Coupey, Benjamin Racine, Patrick Ayache et Richard Garito.

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