La Presse Bisontine 146 - Septembre 2013

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Bisontine n° 146 - Septembre 2013

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JEAN-FRANÇOIS HUMBERT Candidat sans étiquette aux municipales de 2014 “Je pars pour gagner”

L a Presse Bisontine : À 61 ans et un mandat de sénateur en cours, pour- quoi vous lancer dans la bataille des municipales ? Jean-François Humbert : À défaut de vivre avec des regrets, je ne veux pas vivre avec des remords. Je suis candidat aux municipales de Besançon car l’important en démo- cratie, c’est l’alternance. Je souhaite participer au débat démocratique. Je considère que c’était le moment de le faire savoir. L.P.B. : Pourquoi ne pas l’avoir signifié à l’U.M.P. et à son candidat Jacques Grosperrin ? Ne craignez-vous pas des sanctions du parti ? J.-F.H. : Je suis membre du groupe U.M.P. au Sénat mais je ne suis pas encarté au parti. Je serai candidat quelles que soient les raisons. Est-ce la première fois qu’il y a des difficultés entre des membres de lamême famille politique ? Rappelez-vous les cantonales avec Jacques Grosperrin. Il sera difficile de m’exclure d’un parti auquel je n’appartiens pas. L.P.B. : Jacques Grosperrin justement, n’est- ce pas lui mettre des bâtons dans les roues ? Quelle différence existe entre vous et lui ? J.-F.H. : La différence entre moi et lui est dans la manière dans laquelle il a dû lâcher ses mandats aux élections (Grosperrin les a perdus). Je n’ai rien contre la personne car nous avons été proches mais lorsque notre parti a per- du dans le département deux sièges de sénateur sur trois, qu’il a perdu le Conseil général et les postes de dépu- tés, je pense que l’on peut s’interroger. J’y vais car des Bisontins et Bisontines m’ont dit “O.K.”. Je rencontre des per- sonnes et j’ai toujours été intéressé à la vie bisontine contrairement à ce que certains veulent faire croire. L.P.B. : Avant votre annonce, avez-vous fait connaître votre souhait à des membres de l’U.M.P. ? Pourquoi n’avez-vous pas participé à l’investiture ? J.-F.H. : Oui : à Jean-Claude Gaudin qui est le président de groupe au Sénat et à Jean-François Copé que j’ai rencon- tré. Copé m’a dit : “T’es bien un Jean- François” (rires).” Est-on candidat par- ce qu’un parti politique a décidé que pression fiscale sans en dire davantage sur son programme politique. En se déclarant candidat aux municipales de Besançon, le sénateur Jean-François Humbert (61 ans) agace et bouscu- le les plans de la droite. L’ancien président de Région qui, par le passé, s’est déclaré à deux reprises avant de se retirer, se positionne au centre de l’échiquier. Il préconise un “halte au feu” en matière de

Cette fois, c’est sûr, Jean-François Humbert est candidat aux municipales.

place par rapport à deux objectifs : le problème d’éthique que le dopage pose dans un premier temps et veiller à la santé publique dans un second temps. Même dans le sport amateur, des per- sonnes mettent leur vie en danger. L.P.B. : Et le dopage n’est pas l’apanage des cyclistes… J.-F.H. : Même à la pétanque des per- sonnes se dopent. Des boulistes pren- nent des bétablocants pour ne pas trem- bler. Le rugby est le sport où le dopage est le plus pratiqué. L.P.B. : Avez-vous subi des pressions lors de cette enquête ? Publier le rapport au cœur du Tour de France était-il un geste prémédité ? J.-F.H. : Je n’ai pas subi de pressions alors que le rapporteur dit en avoir subi. Nous avons effectivement chan- gé d’une semaine la conclusion du rap- port afin qu’elle ne se télescope pas avec l’effroyable étape de l’Alpe-d’Huez, avec l’accord des membres de la com- mission. L.P.B. : Êtes-vous surpris par les déclarations de Laurent Jalabert qui a dit (suite à un contrô- le révélé positif) :“Je ne peux pas dire que ce soit faux, je ne peux pas dire que ce soit vrai” ? J.-F.H. : Je n’attendais pas d’un cham- pion d’être un super-communicateur. J’ai été néanmoins surpris. On a beau être sénateur, on est aussi un homme. L.P.B. : En conclusion, ce travail vous a dopé dans votre action politique… J.-F.H. : Je pars pour gagner. J’adapterai mon travail au Sénat en fonction de la campagne municipale. Propos recueillis par E.Ch.

vous seriez candidat que vous devez l’être ? J’ai des convictions. J’ai été sur- pris d’être invité par l’U.M.P. pour l’investiture à laquelle je n’ai pas par- ticipé car j’étais pris. L.P.B. : Est-il vrai que vous avez rencontré le maire Jean-Louis Fousseret durant l’été ? Cer- tains disent que vous êtes un sous-marin du P.S. J.-F.H. : Oui, je l’ai rencontré. C’est un processus normal. L.P.B. : Pourquoi les Bisontins devraient croi- re en vous alors que vous vous êtes présen- té à deux élections puis retiré à deux reprises ? J.-F.H. : Lorsque j’ai fait ma première renonciation (2001), je n’avais jamais annoncé que j’étais candidat. La secon- de fois (2008), oui j’étais candidat, mais j’ai été investi puis désinvesti par le

L.P.B. : Que pensez-vous de la politique régionale menée par Marie-Guite Dufay (P.S.) ? J.-F.H. : Je n’ai pas l’habitude de com- menter les personnes qui sont en place. Je regrette l’arrêt de l’aide à la réalisation de films. En matière de promotion du ter- ritoire, c’est discu- table. L.P.B. :Votre été fut char- gé médiatiquement. Pour-

vous aider ? J.-F.H. : Je n’ai pas d’étiquette partisa- ne mais j’aurai une connotation cen- triste. L.P.B. : Pourquoi ne pas vous rallier à Philip- pe Gonon (U.D.I.) alors ? J.-F.H. : Gérard Figard est dans le mou- vement centriste. Il m’a rejoint. L.P.B. : Et d’autres, de l’U.M.P., vous rejoin- dront-ils ? Peut-être même Jean Rosselot… J.-F.H. : Il y aura 54 noms, c’est une lis- te ouverte.Avec Jean Rosselot, j’ai suf- fisamment eu de difficultés avec lui pour ne pas en créer de nouvelles. Je le répète, je suis ouvert. L.P.B. :Vous qui avez toujours défendu le non- cumul des mandats, cette candidature n’est pas celle de trop ? J.-F.H. : Je défends le non-cumul des rémunérations, c’est différent ! Au regard des Français qui connaissent la crise, est-ce logique que quelqu’un puisse être sénateur tout en gardant une profession libérale ? Il faut se poser la question. L.P.B. : Pourquoi revenir ? Que promettez-vous aux Bisontins ? J.-F.H. : Je suis un homme de convic- tions qui ne va pas dire l’inverse de ce qu’il va faire. Lorsque vous avez des idées fortes, des convictions, des idées concrètes, il faut aller au bout. Je l’ai prouvé avec leT.G.V. dans lequel,modes- tement, j’ai joué un rôle déterminant ou encore dans la création de 10 000 emplois lorsque j’étais président de Région.

“T’es bien un Jean-François.”

quoi avez-vous été choisi comme président de la commission d’enquête sur le dopage dans le sport. Quel était votre rôle ? J.-F.H. : Cette commission d’enquête sur le dopage regroupait des sénateurs issus de tous les partis présents au Sénat. On ne rejoint pas cette com- mission sans être un passionné de sport (N.D.L.R. : Jean-François Humbert est ceinture noire de judo et supporter du F.C. Sochaux-Montbéliard). La com- position de cette commission se fait sur la base du volontariat. Mon grou- pe a accepté que je le représente et j’ai été désigné président. Mon rôle, avec celui du rapporteur, était important : j’assurais le bon déroulement de la commission notamment dans l’ordre d’audition des personnes. Il faut que chacun apporte quelque chose à la réso- lution du problème. L.P.B. : Et pourquoi une commission spécifi- quement sur ce thème ? J.-F.H. : Cette commission a été mise en

parti ! Comprenez aujourd’hui ma réti- cence. L.P.B. : Que dire du bilan de Jean-Louis Fousseret ? J.-F.H. : Il faut qu’une personne dise halte au feu face à cet investis- sement et au fonction- nement qui grimpe. Il y a l’obligation d’une gestion. Il faut des choix. J’ai montré, lorsque je dirigeais la Région, ma faculté à gérer. L.P.B. : Comment allez-vous vous positionner politique- ment ? Qui pour vous suivre,

“Halte au feu fiscal.”

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