La Presse Bisontine 146 - Septembre 2013

ÉCONOMIE

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La Presse Bisontine n° 146 - Septembre 2013

BANQUE

Le rôle de la nouvelle BpiFrance

“On travaille avec l’épargne des Français,

à nous de bien l’utiliser” L a banque publique d’investissement (Bpi- France) est l’outil public d’investissement et de financement des entre- de garantie de prêt, aux fonds propres. Nous sommes là pour rationaliser les aides afin qu’il n’y ait qu’un interlocuteur. Les fonds propres de BpiFrance, c’est 20 milliards d’euros, c’est équi- valent aux fonds propres de la Société générale. ou participation en fonds propres. Il y a une bonne volumétrie. L.P.B. :Quels sont vos outils et moyens de financement ?

Le directeur régional de la nouvelle banque publique d’investissement BpiFrance explique son rôle et les moyens dont il dispose pour soutenir l’investissement et le financement des entre- preneurs en Franche-Comté. 600 entreprises ont déjà été aidées.

preneurs francs-comtois. Créée officiellement le 12 juillet der- nier, elle accompagne et finan- ce le développement des entre- prises en amorçage, conquête de marchés en France ou à l’international, fonds propres, trésorerie,innovation,croissance. Déclinée à l’échelon régional, elle est composée de 13 salariés. Entretien avec Jérôme Bouquet son directeur. La Presse Bisontine : BpiFrance est officiellement créée pour soutenir l’économie locale grâce à des antennes dans chaque région. Comment est-elle née ? Jérôme Bouquet : BpiFrance, c’est l’apport dans une même struc- ture d’organismes qui apparte- naient à l’État ou à la Caisse des dépôts,c’est-à-direOséo et C.D.C. entreprises, F.S.I. régions et le F.S.I. L’idée est de regrouper sous un même toit ces entités. Ainsi, notre mission va du soutien aux entreprises en matière de prêt bancaire,d’avance remboursable,

“Une garantie de prêt à 70 % pour Novillars.”

J.B. : C’est un fonds régional d’aide à l’innovation dans lequel intervient la Région, et les quatre départe- ments, laC.A.G.B., P.M.A. (Montbé-

L.P.B. : Cela veut-il dire que toutes les aides jadis utilisées par les collectivi- tés pour soutenir l’économie locale ne fonctionnaient pas… J.B. : Nous nous sommes rendu compte qu’entre nous (F.S.I. régions, Oséo, C.D.C. entre- prises…) nous ne nous connais- sions pas toujours. Grâce à la Bpi, nous pourrons assurer une continuité dans le suivi des entre- prises. Le F.S.I. qui est à Paris, je le découvre. Il y a une capa- cité d’investissement très signi- ficative. L.P.B. :En schématisant,vous êtes donc le médecin de l’économie. Plutôt chi- rurgien ou psychologue ? J.B. : Nous ne sommes pas là que pour guérir : nous sommes une vitamine, les sucres lents de l’économie. Notre but est d’être la banque courte échelle qui entraîne les autres banques avec nous ainsi que les investisseurs privés. L.P.B. : De combien de fonds propres disposez-vous en Franche-Comté pour soutenir l’économie locale ? J.B. : Il n’y a pas d’allocations régionales : l’aide est nationale. Par exemple en 2012, 745 mil- lions d’euros ont financé l’innovation des entreprises sous forme de subventions et d’avances remboursables,3,7millions pour la garantie de prêts,etc.Je prends un exemple : si à Besançon un groupe comme Bourgeois a un projet de plusieurs millions d’euros, nous serons en mesure de l’accompagner. L.P.B. : S’il n’y a pas de limite haute en terme d’aide et de financement, avez- vous à l’inverse des limitesminimales ? J.B. : Le crédit impôt compétiti- vité emploi commence par exemple à 1 000 euros, avancés à l’entreprise. Le plus gros pro- jet financé dans la région, c’est 12 millions d’euros en partage avec des entreprises privées. C’était à Belfort, àGeneral Elec- tric. L.P.B. :Vous êtes là pour aider les entre- preneurs.Toutes les sociétés sont-elles concernées, même les plus petites ? J.B. : Il n’y a pas de typologie par- ticulière. Pour la garantie des prêts, on ne peut intervenir que pour une entreprise demoins de 150 salariés et moins de 50 mil- lions de chiffre d’affaires. L.P.B. : Si votre création juridique est récente, vous avez néanmoins déjà pu mener des projets à bien. La Bpi va-t- elle assez vite ? J.B. : Le bilan que l’on fait doit être corrélé avec les autres enti- tés (F.S.I., F.S.I. régions…).Nous espérons faire mieux. Depuis le début de l’année, nous sommes environ à 600 entreprises accom- pagnées en garantie de prêts, en prêts à la création, en finance- ment direct, aides à l’innovation

liard), laC.A.B.(Belfort).LeGrand Besançon a déjà investi 2 mil- lions d’euros depuis sa création (2006). Il sert à être investi dans les entreprises sous forme de sub- ventions ou avances. Le deuxiè- me outil, c’est le fonds de garan- tie de prêts. Nous venons en complément d’une banque pri- vée. On limite la caution per- sonnelle et on interdit d’exercer cette caution personnelle sur la résidence principale. Cela limi- te les risques : c’est une mesure de protection physique de la per- sonne. Avec la Région, on peut aller jusqu’à 70 % de subven- tion… Les Papeteries de Novil- lars en ont bénéficié pour leur projet de redémarrage. Notre troisième levier, c’est Invest Franche-Comté dans lequel on investit dans les fonds communs de placement à risque (avec la Région et des banques privées). On rentre ainsi au capital d’entreprises. L.P.B. :Si la Bpi n’était pas là,les pape- teries n’auraient pas redémarré… J.B. : Je pense que ça a aidé. C’est notre rôle. L.P.B. : Vous utilisez l’argent des Fran- çais pour financer le local. C’est une pression. Quels comptes devez-vous rendre en terme d’objectifs ? J.B. : On travaille effectivement avec l’épargne des Français.Nous sommes sur des projets viables car l’épargne, il faut la rendre. Lorsque nous sommes sur des prêts en investissement en fonds propres, il faut que l’on ressorte de l’entreprise ou que l’on soit remboursé. Et lorsqu’on appuie sur des prêts contre rembourse- ment, il faut que l’on soit rem- boursé à 100 % et à 60 % pour les aides remboursables à l’innovation.Nous avons la pres- sion mais nous avons des objec- tifs ambitieux dans un contexte pas favorable économiquement. L.P.B. :Ce contexte délicat dope-t-il les demandes d’aide ? J.B. : On a une forte dynamique sur le Jura, positive dans l’état d’esprit. Le Haut-Doubs reste dynamique. Nous avons des demandes de besoins pour l’hôtelleriepar exemple,l’industrie pour une croissance externe, etc. L.P.B. :Des nouveautés d’ici la rentrée ? J.B. : Nous allons aider les entre- prises à les accompagner à l’international en recrutant un salarié. Vingt sociétés ont été ciblées. Nos financements les aideront.

Jérôme Bouquet, ancien directeur d’Oséo, désormais responsable de l’antenne franc-comtoise de la banque publique d’investissement.

TOURISME La Franche-Comté se positionne Ils veulent mieux vendre

le tourisme franc-comtois Nouveau directeur, récent site Internet et

de l’Ain puis duMorbihan (2004-2013), arrive à Besançon pour diriger l’entité. Sa mission : “Il devra promouvoir le territoire en développant trois théma- tiques fortes : les Montagnes du Jura, le tourisme urbain et culturel et le tou- risme d’itinérance” explique Éric Houl- ley, le président du C.R.T. et élu régio- nal. Il devra aussi augmenter l’attractivité régionale. En 2012, “la fréquentation des sites a été satisfai- sante sans triomphalisme toutefois” rapporte le président du C.R.T., conscient que notre région a encore beaucoup de travail à accomplir. Les hôteliers ont même noté une baisse de 4,5 % de leur activité. Effet d’annonce ou pas, le C.R.T. entend conduire les Montagnes du Jura vers de plus hauts sommets afin qu’elle devienne la troisième destination “nor- dique” après les Alpes et les Pyrénées. Pour cela, le comité a les moyens humains et matériels pour doper l’activité grâce à un nouveau site Inter- net. “Plus de séduction, plus de médias sociaux et plus d’outils en phase avec les besoins de l’internaute (tri de l’offre, commercialisation…), tels sont les prin- cipes qui ont orienté la stratégie du renouvellement du site” explique le C.R.T. qui s’appuie sur son observa- toire pour connaître ses clients et leurs desiderata . La Franche-Comté, à la 13 ème place des destinations en France, espère glaner quelques échelons. Le C.R.T. a une feuille de route. À lui de la respecter. Le secteur emploie 13 700 salariés à l’année et 670 millions d’euros sont dépensés chaque année par les tou- ristes dans la région. E.Ch.

communication moderne : le Comité régional du tourisme entame une réorganisation. Il veut faire de la Franche-Comté la troisième destination touristique en hiver… et devenir une référence dans le tourisme d’itinérance.

L es professionnels du touris- me qui côtoient de près les vacanciers trouveront un motif de satisfaction dans la nouvelle politique comtoise dessinée par le Comité régional du tourisme. Ils seront - cette fois - écou- tés et interrogés par les élus lorsque ceux-ci prendront des décisions. Ce n’était pas le cas auparavant, d’où l’agacement des hommes de terrain face à cette machine dont la mission est d’organiser et promouvoir notre

tourisme. Depuis 2013, le schéma régio- nal de développement et de promo- tion touristique (S.R.D.T.) a fixé 3 objectifs à la région : améliorer l’attractivité de l’offre touristique, ren- forcer les hébergements touristiques, notamment l’hôtellerie, et enfin ani- mer, promouvoir et communiquer sur les points du tourisme régional. Le terrain, Jean-Jacques Micoud le connaît bien. Le nouveau directeur du C.R.T. qui a travaillé durant 22 ans dans le domaine, au sein du C.D.T.

Le nouveau directeur du C.R.T. (à droite), sous l’œil

d’Éric Houlley, dispose d’une feuille de rou- te pour promouvoir notre région.

Propos recueillis par E.Ch.

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