La Presse Bisontine 146 - Septembre 2013

34 ÉCONOMIE

La Presse Bisontine n° 146 - Septembre 2013

BESANÇON

Les ventes aux enchères face à la crise “Le Gavroche” dépouillé en une heure Vendu aux enchères après une saisie de justice, le fonds de commerce du restaurant Le Gavroche Grande rue est parti aux plus offrants. L’ancien gérant qui louait les murs est parti en laissant encore le pain dans la cuisine. Il est introuvable. Exemple d’une tranche de vie qui disparaît…

L es ventes aux enchères, certains en ont fait leur spécialité.D’autres viennent voir, simplement pour flairer le bon coup. Les connais- seurs détaillent sous toutes les cou- tures les produits exposés. Les autres

attendent. Confirmation ce lundi 15 juillet au 128, Grande rue à Besan- çon. Ce jour-là, suite à saisie, sur requê- te de Maître Nétillard, huissier de jus- tice à Besançon, le fonds de commerce du restaurant “Le Gavroche” fermé

depuis long mois est mis en vente. Le gérant qui louait les murs est en effet parti sans prévenir. Comme s’il allait revenir, les corbeilles de pain sont enco- re remplies de miettes, le plan de tra- vail de la cuisine bien que lavé, sup- porte de nombreux produits tels que le sucre ou la moutarde. Introuvable depuis de longs mois, le propriétaire des murs a engagé la procédure pour surtout récupérer sesmurs et les relouer afin de récupérer une somme grâce à cette vente, qui disons-le franchement, ne couvrira jamais les impayés. À 9 heures, l’équipe de Maître Jean- Paul Renoud-Grappin, commissaire- priseur à Besançon, expose les lots mis à la vente. Une vingtaine de profes- sionnels sont là comme le gérant du restaurant “Chez Ludo”, situé non loin de là, ou encore le gérant du restau- rant “Monsieur Victor” installé à une cinquantaine de mètres. “C’est vrai que c’est un peu glauque que de se rendre à une vente aux enchères après fermetu- re, mais depuis six mois que je passe ici pour me rendre dans mon restaurant, je l’ai toujours vu fermer” concèdeMarc Spilmont, restaurateur. Dans l’affaire, il achètera une plonge d’angle en inox mais ne remportera pas la vente des 6 tablettes en inox pour lesquelles il était

Jean-Paul Renoud-Grappin, marteau à la main, adjuge un lot de verres et assiettes.

venu. C’est un autre professionnel, pour 120 euros, qui repartira avec les pièces. Un peu comme au poker, la vente aux enchères est une affaire de spécialis- te. “Depuis 30 ans, je vois souvent les mêmes” reconnaît Jean-Paul Renoud- Grappin, commissaire-priseur. Ce jour- là, la vente sera expresse pour lui et ses deux collaborateurs. Débutée à 9 h 30, elle se terminera une heure plus tard. Les 36 lots auront trouvé pre- neurs : un lot de verres pour 90 euros, 28 chaises en bois pour 220 euros, 4 tabourets pour 120 euros, 200 euros pour une machine à glaçons, 50 euros pour la caisse enregistreuse (vide évi- demment), 140 euros la table en inox, 2 euros les décorations de Noël ou 100 euros le lave-vaisselle remporté par le gérant du resto “Chez Ludo”. Pour “bien” vendre, le commissaire-pri- seur “redonne” vie aux objets. Un sacré commercial : “Regardez ce lot de verres pour un jeune ménage… ou pour quel- qu’un dont la femme casse beaucoup de verres. Début des enchères à 30 euros” lâche-t-il. L’ambiance est bon enfant. Les moins réactifs verront passer sous

le nez quelques objets. C’est le cas d’une commode… vendue 5 euros. Au-delà de cette vente, c’est une tranche de vie qui s’envole… pour reprendre vie ailleurs. PourMaître Nétillard, huis- sier de justice qui avait ordonné la sai- sie suite à la décision du tribunal de commerce, la fin de la vente sonne com- me une bonne nouvelle :“Le fonds a été vendu légalement. Elle va permettre au propriétaire qui louait ce restau- rant de reprendre les lieux” explique l’huissier. Environ 3 000 euros ont été récoltés ce jour pour les 36 lots. À cette somme, chaque acheteur devra ajouter 14,352% de frais légaux. Une fois le dernier coupdemarteau tom- bé, tous les acheteurs ont pris leur(s) objet(s) sous le bras. Pour le lave-vais- selle, la hotte de cuisine ou l’évier, cer- tainsreviendrontaveclesustensilesnéces- saires. “Le Gavroche” est mort. Il n’y a pas que dans le roman de Victor Hugo que la vie est parfois misérable…

INTERVIEW Uncommissaire-priseur faceauxacheteurs “Avec la crise, les objets se vendent moins bien” Commissaire-priseur, Jean-Paul Renoud-Grappin vend des objets d’art jusqu’aux machines industrielles au meilleur prix. La typologie des acheteurs change au fil du temps. L a Presse Bisontine : Maître, vous terminez cette vente suite à une saisie judiciaire. Esti- mez-vous avoir bien vendu ces biens ? Jean-Paul Renoud-Grappin : Les objets se sont vendus au prix. La date (15 juillet) n’est pas bonne mais nous ne pouvions pas attendre le mois de septembre. Le propriétaire devait récupérer son bien. L.P.B. : Une tranche de vie disparaît. En avez-vous conscience une fois que la vente est terminée ? J.-P.R.-G. : Bien sûr. Nous laissons néanmoins toujours la chance à la per- sonne de régler sa situation. Il nous arrive de reporter les ventes. Il m’est déjà arrivé de reporter une vente de véhicule car la personne venait de poser le chèque pour le récupérer avant la vente définitive. Lorsque l’on se rend dans des appartements, c’est toujours difficile. Tous ces objets vont rendre service à d’autres personnes. C’est aussi le cas lorsque nous vendons du matériel industriel : je me souviens de la vente de France Ébauches (usine d’horlogerie). Les outils ont été achetés en Suisse et les anciens salariés de cette usine sont allés en Suisse. L.P.B. : Avec la crise, peut-on estimer que les ventes aux enchères, synonymes de bonnes affaires, sont rentables pour votre étude ? J.-P.R.-G. : La crise se ressent. Tout baisse : même l’occasion. Nous avons beau- coup de travail mais tout se vend moins bien. L.P.B. : Qu’en est-il du profil de l’acheteur ? J.-P.R.-G. : Cela varie en fonction des objets vendus. Pour les véhicules d’occasion, nous avions beaucoup de personnes venant de l’Est de l’Europe. Aujour- d’hui, elles ne viennent plus… car elles achètent du neuf. L.P.B. : Dans votre carrière, quels objets vendus vous ont le plus marqué ou rapporté ? J.-P.R.-G. : Je me souviens d’un dessin retrouvé dans un garage lors d’une succession en Haute-Saône. Pour la famille, il n’avait pas de valeur. J’ai remarqué que c’était un dessin de Corot (artiste mort en 1875). Il a été expertisé. Au final, je l’ai vendu 23 000 euros. Propos recueillis par E.Ch.

E.Ch.

SCOLAIRE

Confort de vie à la rentrée De la lumière à tous les étages pour les étudiants

Pour la première fois, le C.R.O.U.S. qui gère les logements étudiants s’allie avec E.R.D.F. pour faciliter l’accès à l’électricité des nouveaux venus à la faculté de Besançon. Cela concerne près de 3 140 logements. U ne rentrée universitaire, ça se prépare. Choix des modules de formation, choix de son appar- tement, rien n’est à négliger. Certains étudiants, peut-être étourdis ou mal renseignés posaient leurs cartons sans avoir l’électricité pour réchauffer leur bol de café. À la rentrée prochaine, ce souci d’électricité coupée ne sera plus qu’un mauvais sou- venir à Besançon. Le Comité régional des œuvres universitaires et sociales (C.R.O.U.S.) a en effet signé le 2 juillet dernier avec E.R.D.F., le distributeur d’énergie, une convention visant à ne pas couper le courant même si les loge- ments ne sont plus occupés durant deux voire trois mois de l’année. Un dispositif appelé “maintien de l’alimentation en énergie” consiste, dans l’attente de l’arrivée d’un nouvel occupant, à laisser l’électricité disponible pendant une durée limitée. “Beaucoup d’étudiants, notamment les étrangers, ignorent toutes les démarches à réaliser, rapporte Dominique Froment, directrice du C.R.O.U.S. Cela leur permettra d’arriver plus sereinement.” Le nouvel occupant pourra donc choisir dès son arrivée un fournisseur et souscrire un

nouveau contrat, “évitant ainsi une suspension de l’alimentation, explique Emmanuel Laderrière, direc- teur territorial d’E.R.D.F. Pour nos équipes, c’est beau- coup de temps que couper et réalimenter. C’est aussi un coût évalué à 500 euros par logement” dit-il. Les deux parties signataires de cette convention sont gagnantes. Chaque année, le C.R.O.U.S. gère 2 000 déménagements et emménagements sur un parc com- posé de 3 140 logements. La rentrée universitaire 2013-2014 s’annonce branchée. Dominique Froment (C.R.O.U.S.) et Emmanuel Laderrière (E.R.D.F.) signent la convention visant à ne pas couper l’électricité durant les vacances dans les logements étudiants.

Jean-Paul Renoud- Grappin est commissaire- priseur à Besançon.

Pour assister à des ventes : www.interencheres.com, (puis taper Besançon pour la liste des ventes)

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