La Presse Bisontine 146 - Septembre 2013

20 DOSSIER

La Presse Bisontine n° 146 - Septembre 2013

RÉACTION

Des différences d’une collectivité à l’autre “Beaucoup de salariés dans les services ont le blues”

Éric Frelin est le secrétaire général du syndicat Interco 25, le plus important du Doubs dans les collectivités. Il revient sur cette enquête “Vie au travail” qui livre des informations intéressantes mais qui a ses limites.

agents de la Ville de Besançon cherchent à rejoindre le Conseil général où ils seront mieux lotis. En revanche, la situation des fonctionnaires de la ville est sou- vent bien meilleure que celle des agents qui travaillent dans de petites communes. L.P.B. : Les agents ont-ils le blues pour autant ? E.F. : Cela fait trois ans que les salaires n’ont pas été augmen- tés. Des changements sont pré- vus par rapport à la retraite des fonctionnaires. Oui, beaucoup de salariés dans les services ont le blues.

L.P.B. : La culture du service public est-elle en train de changer en pro- fondeur dans les collectivités ? E.F. : La culture change indis- cutablement. On est dans une culture d’entreprise, alors qu’avant il y avait une culture administrative dans laquelle la notion de service public prenait tout son sens. On est désormais sur des notions de rentabilité de productivité. Par exemple, la méthode “lean” (méthode de recherche de la performance) a été adoptée au Conseil régio- nal. Propos recueillis par T.C.

L a Presse Bisontine :D’une col- lectivité à l’autre, l’enquête a été réalisée de façon diffé- rente. Elle ne porte pas sur tous les services à chaque fois. N’est- ce pas là la limite de ce travail qui ne permet pas finalement de comparer les conditions de travail d’une collec- tivité à l’autre ? Éric Frelin : Il n’était pas prévu de réaliser à chaque fois cette enquête sur l’ensemble des services des col- lectivités. En cela, il est diffici- le de tirer des enseignements globaux sur la vie dans le tra- vail. Nous avons sondé les ser- vices qui présentaient un inté- rêt, dans lesquels nous avions connaissance de problèmes par exemple. C’est le cas, par exemple, de la Direction Maî-

Cela ferme les perspectives de carrière. Une personne qui entre dans la fonction publique en étant en bas de l’échelle a très peu chance désormais de finir catégorie A. Il est un vrai qu’un agent qui reste catégorie C tou- te sa vie se sent découragé. Il gagne moins de 1 600 euros par mois et peut espérer 1 800 euros en fin de carrière. Il arrive que l’on donne moins de travail à

trise de l’Énergie à la Ville de Besançon. La finalité de cette enquête est de trouver des solu- tions avec la direction quand on constate que le personnel a des problèmes.

des agents qui ont alors le sen- timent d’être mis au placard. L.P.B. : Le régime salarial est le même d’une collectivité à l’autre ? E.F. : Non, les régimes sont dif- férents selon que l’on est agent de catégorie C à la Ville de Besançon ou au Conseil géné- ral. Un exemple : les primes peu- vent varier du simple au triple. C’est pour cette raison que des

“Des primes du simple au triple.”

L.P.B. :Ce qui surprend d’une enquête à l’autre, c’est le pour- centage d’agents qui estiment ne pas avoir de perspectives de carrière et qui se sen- tent mis au placard. On ne peut plus pro- gresser dans la fonc- tion publique ? E.F. : Nous sommes dans un contexte de réduction du nombre de postes.

Enquête 3 Conseil régional de Franche-Comté

Enquête 2 Direction Maîtrise de l’Énergie Le Syndicat C.F.D.T. Interco a ciblé la Direction de la Maîtrise de lʼÉnergie, pour voir comment la situation avait évolué dans ce ser- vice de la ville qui avait été audité deux ans plus tôt. 23 agents ont répondu sur les 37 qui travaillent à la D.M.E. 1 - Temps de travail 52 % des agents réalisent des heures supplémentaires, et pour 66 % 47 % estiment effectuer des tâches qui ne sont pas de leur ressort 58 % estiment ne pas être formés pour exercer leurs missions 50 % estiment que le travail est mal défini par la direction 3 - Management 60 % disent recevoir des ordres contradictoires 20 % ont des relations difficiles avec lʼencadrement 43 % disent que la relation à la hiérarchie est démotivante 1 agent sur 5 se dit isolé lorsquʼil rencontre des problèmes profes- sionnels 4 - Environnement de travail 30 % se disent exposés au port de charges lourdes 5 - Les facteurs motivants 74 % disent être motivés par lʼintérêt du travail et son contenu 65 % sont motivés par les horaires (et ce malgré les heures supplé- mentaires) 61 % estiment que les relations entre collègues sont motivantes 6 - Les facteurs démotivants 43 % estiment que les charges de travail et les relations avec la hié- rarchie sont démotivantes 52 % pensent que le manque de perspectives professionnelles est démotivant 90 % se disent exposés au stress 60 % disent recevoir des ordres contradictoires 27 % ne sentent plus impliqués et nʼattendent plus de reconnaissance les heures sont imposées 2 - Définition du travail 50 % des agents estiment avoir trop de travail

Enquête 1

Le syndicat C.F.D.T. Interco a sondé différents services du Conseil général dont les services administratifs, les collèges et la média- thèque. Pour l’instant, seules les résultats de l’enquête réalisée dans 22 des 44 collèges du Doubs ont été analysés (126 per- sonnes interrogées et 80 % de taux de réponse). Les autres seront présentés d’ici la fin de l’année. Patricia Fabbro qui a piloté l’enquête précise que le Conseil général est attentif aux résul- tats de cette enquête. “Il se préoccupe de ces questions et a réa- lisé un audit dans un collège pour faire le point sur la pénibili- té en particulier.” 1 - Temps de travail Les agents font des heures supplémentaires : 25 % Les agents emportent du travail à la maison : 2,5 % Les agents qui travaillent à temps partiel mais qui ne l’ont pas choisi : 24,5 % 2 - Charge de travail Les agents estiment avoir trop de travail : 19 % Les agents estiment qu’on leur en demande trop par rapport à leur grade : 10 % Les agents ont le sentiment d’être placardisés : 11 % Les agents estiment que le travail est mal défini par les supérieurs : 25 % Les agents estiment faire des tâches qui ne sont pas de leur ressort : 26 % Les agents reçoivent des ordres contradictoires : 26 % La relation avec l’encadrement est difficile et cela affecte les agents : 14 % 3 - Formation Les agents se disent insuffisamment formés : 16 % (sur ce point, la C.F.D.T. Interco estime que les choses changent car le Conseil général fait des efforts de formation). Dans les collèges du Doubs

À la Région, 235 agents (près de 50 % des collaborateurs) du siège ont répondu à l’enquête de la C.F.D.T. Interco. Elle met en évidence “une charge de travail importante et un management un peu flou compensés par l’intérêt du travail joint à une forte implication des agents, des horaires plébiscités et une bonne ambiance entre col- lègues.” 1 - Temps de travail - Les agents du Conseil régional sont 70 % à faire des “heures en plus du service normal”, et ils sont 15, 6 % à emporter du travail à la maison. 2 - Les facteurs démotivants La charge de travail : 37 % Les perspectives professionnelles : 36 % La répétitivité dans le travail : 28 % Les trajets : 23 % Les relations avec la hiérarchie : 22 % 3 - Les facteurs motivants Les horaires : 82 % L’intérêt du travail et son contenu : 81 % L’ambiance entre collègues : 72 % L’environnement et les moyens matériels : 70 % 4 - L’environnement est perturbé cependant par Le bruit : 27 % L’excès de chaud-froid : 26 % Les locaux mal adaptés : 22 % 5 - Niveau d’implication des agents dans le travail Ils estiment qu’ils s’impliquent : 98 % Ils se sentent reconnus : 58 % Ils ne se sentent pas reconnus : 34 % 6 - Formation et communication Les agents ne s’estiment pas bien formés pour exercer leur mission : 30 % Le travail n’est pas bien défini par les supérieurs : 29 %

4 - Ce qui motive les agents Le contact avec les élèves :

73 % 71 % 69 %

Les horaires :

La relation avec la hiérarchie :

5 - Ce qui démotive les agents Répétitivité du travail :

36 % 34 % 30 %

Manque de perspectives professionnelles :

Charge de travail :

L’ambiance avec les collègues : 25,5 % 6 - Problèmes professionnels et implication dans le travail En cas de problème, le soutien des collègues suffit : 40 % En cas de problème, le dialogue avec la hiérarchie permet de trouver une solution : 49 % En cas de problème, les agents se sentent isolés : 12 % Les agents se sentent impliqués dans le travail et reconnus : 63 % Les agents se sentent impliqués et pas reconnus : 27 % Les agents ne sont plus impliqués et n’attendent plus de reconnaissance : 9 %

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