La Presse Bisontine 145 - Juillet-Août 2013

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Bisontine n° 145 - Juillet-août 2013

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POLITIQUE

Julie Baverel “Le centre fera la différence auxmunicipales”

L a Presse Bisontine : Philippe Gonon a démissionné de la présidence du MoDem du Doubs en février. Il a rejoint l’U.D.I. Comment avez-vous réagi à sa décision vous qui étiez assez proche de lui ? Julie Baverel : Nous avons pris acte de son départ. Ce n’est parce que Philip- pe Gonon a quitté notre parti politique que plus rien ne se passe au MoDem. Il était président départemental, soit, mais il y a des militants et des sym- pathisants qui font la vie du Mouve- ment Démocrate. L.P.B. : Était-ce dans vos projets à terme de prendre la présidence du MoDem dans le Doubs ? J.B. : Initialement, ce n’était pas dans mes projets. Quand Philippe Gonon est parti, il fallait un président pour le remplacer. Il était hors de question d’organiser des élections internes à une échéance aussi proches des muni- cipales. Comme j’étais conseillère natio- nale MoDem, et ainsi cadre référent dans le Doubs, j’ai été désignée pour assumer cette fonction. L.P.B. : Le départ de Philippe Gonon n’est-il pas le signe d’une scission dans votre parti qui a pour conséquence de l’affaiblir ? J.B. : Non, c’est tout le contraire. Ceux qui avaient une sensibilité centre droit sont partis à l’U.D.I. Je suis moi-même assez surprise, car on a retrouvé rapi- dement notre équilibre. Le départ de Philippe Gonon a laissé place à un bureau plus collégial avec des membres qui sont devenus acteurs. Notre équi- pe est une alliance de la jeunesse et de l’expérience. L’objectif de chacun est d’imposer le MoDem comme une force politique locale. Pour cela, on a transformé notre site Internet, on est présent sur les réseaux sociaux. Nous sommes actifs. L.P.B. : Mais dans les faits, le MoDem dispo- se d’assez peu d’élus il faut bien l’admettre ? J.B. : Le MoDem a en effet un déficit d’élus siégeant dans les assemblées des collectivités locales. On espère inverser la tendance lors des prochaines élections en faisant entendre la voix du MoDem. L.P.B. : Serez-vous candidate à Besançon ? J.B. : Non. En 2014, je serai candidate pour siéger au conseil municipal de Vorges-les-Pins, la commune où je rési- de. Philippe Gonon aurait souhaité que je me présente à Besançon. Pour cela, il aurait fallu que j’aie une adres- se en ville, au minimum un garage. Cela va à l’encontre de mes principes. Je suis une citoyenne engagée. Je ne triche pas avec les électeurs. L.P.B. : Alors qui conduira la liste ? J.B. : LeMoDem sera présent auxmuni- cipales de Besançon. La tête de liste sera investie au niveau national. Pour l’instant, il y a quatre voire cinq can- À 39 ans, la présidente du MoDem du Doubs fait partie de la nouvelle garde du parti de François Bayrou. Elle est pleine d’enthousiasme et d’espoir pour les prochaines élections municipales.

Julie Baverel estime que le centre fera la différence lors des prochaines municipales à Besançon.

sion m’effraie et m’inquiète.

à Besançon une sal- le de spectacle pour accueillir des grosses productions et ainsi proposer à la popula- tion une offre cultu- relle complète. L.P.B. : Le MoDem est tou- jours plein de bonne volon- té. Cet enthousiasme ne se retrouve pas dans les urnes. Lors des dernières législatives, vous avez recueilli 2,37 % des suf- frages sur la première cir- conscription du Doubs et Philippe Gonon, 1,78 %

permettre de déterminer les points sur lesquels nous ne transigerons pas. Le centre fera la différence aux munici- pales. L.P.B. : Jean-Louis Fousseret a tenté de convaincre Michel Josse, un des piliers du MoDem de rejoindre sa liste. Comment avez- vous réagi ? J.B. : Il est vrai que d’autres mouve- ments politiques ont contacté des per- sonnes comme Michel Josse, président délégué, Odile Faivre-Petitjean, conseillère municipale à Besançon et vice-présidente, oumoi-même.À l’heure actuelle, nous travaillons ensemble sur un projet MoDem pour les muni- cipales qui offrira aux Bisontins des propositions réalistes, humanistes et novatrices. Notre parti prône l’ouverture, l’union et le rassemble- ment autour de nos valeurs, autour des projets et autour des hommes. Dans cet esprit, nous écoutons et échangeons avec des représentants d’autres mou- vements mais vous comprendrez que ce qui nous préoccupe aujourd’hui, c'est bien notre projet pour les Bisontins. Ces échanges sont une reconnaissan- ce du rôle que nous pourrons jouer lors de ces municipales. L.P.B. : Le tram est-il, selon vous, un sujet de débat dans la campagne ? J.B. : Nous n’étions pas favorable à ce tracé du tramway. Maintenant qu’il est là, il faut arrêter de ressasser ce débat. Faisons preuve de réalisme posi- tif par rapport à ce moyen de trans- port. Nous dirons que c’est un beau projet. La seule chose sur laquelle il faudra être vigilant, c’est son exploi- tation. Le tram sera-t-il rentable ? L’avenir le dira. L.P.B. : D’autres infrastructures peuvent-elles susciter la controverse ? J.B. : A mon sens, le F.R.A.C. (fonds régional d’art contemporain) est une coquille vide. En revanche, la Rodia est une réussite. Il manque toujours

didats possibles. Ce qui est sûr, c’est qu’il n’y aura pas de parachutage. Le plus important à mon sens, c’est le pro- jet pour la capitale régionale, sur lequel nous travaillons actuellement, et la capacité que nous aurons à le défendre. L.P.B. :Qu’est-ce qu’il faudrait changer à Besan- çon ? J.B. : Besançon souffre d’un vrai défi- cit d’image. Pourtant, elle profite d’une vie culturelle et associative, d’une bon- ne situation géographique, d’une proxi- mité avec la Suisse. Malgré cela, on ne parvient pas à vendre ce cadre de vie à des entreprises pour qu’elles s’installent ici. D’autres, qui sont en place, ne parviennent pas à faire venir des collaborateurs. Une campagne de communication pour vendre Besançon suffirait-elle à changer les choses ? Je ne le sais pas. L.P.B. : Dans sa stratégie, le MoDem est-il prêt à faire alliance avec une autre liste aux muni- cipales ? J.B. : Nous ne sommes pas opposés à des listes de rassemblement. Plus une majorité est diverse et meilleure est la représentativité des citoyens.

L.P.B. : Est-ce que l’avènement de l’U.D.I. n’ajoute pas de la confusion au centre ? J.B. : Nous pouvons travailler auMoDem avec les gens de gauche et de droite. Qu’on ne dise pas que Jean-Louis Bor- loo (U.D.I.) est un centriste sachant qu’il a appelé à voter Nicolas Sarko- zy. L.P.B. : Vous faites partie des femmes enga- gées en politique. Est-ce nécessaire selon vous de légiférer pour imposer la parité ? J.B. : Oui, il fallait légiférer. À titre d’exemple, cinq femmes seulement siè- gent au Conseil général du Doubs. C’est anormal. Beaucoup de femmes ne s’engagent pas car, lorsqu’on leur pro- pose de le faire, elles pensent ne pas être à la hauteur. Ce qui est vrai, c’est que nous n’avons pas la même rela- tion au pouvoir que les hommes poli- tiques, mais nous avons des compé- tences. La loi sur la parité amorce un changement des mentalités. L.P.B. : Vous êtes enseignante, mère de trois enfants, comment faites-vous pour tout mener de front ? J.B. : Je dors peu ! J’en profite pour dire que je suis présidente bénévole du MoDem Doubs. Dans le cadre de mes fonctions, j’assiste à beaucoup de réunions. J’ai la chance d’avoir unmari disponible qui m’épaule. Je pensais avoir “dégoûté” ma grande fille de la politique après les législatives qui m’ont accaparée. Et bien non ! Elle a douze ans, et elle est candidate au conseil bisontin des jeunes. L.P.B. :Avez-vous d’autres ambitions politiques en plus de participer à la vie communale de Vorges-les-Pins et de présider le MoDem ? J.B. : Je ne suis pas carriériste. Je tra- vaille pour faire entendre cette voix du MoDem qui est la voix du bon sens et de la raison. Propos recueillis par T.C.

“Pas un parti financièrement puissant.”

sur la seconde. Quel est le problème ? Est-il lié à la difficulté que les électeurs auraient à situer la place du MoDem dans le paysage politique ? J.B. : Nous n’avons pas les moyens des autres partis comme le P.S. et l’U.M.P. Pour ma campagne aux législatives, j’ai dépensé 3 000 euros. Tout le temps que j’ai passé à écrire ma profession de foi, je ne l’ai pas passé sur le ter- rain à rencontrer des gens. Le MoDem n’est pas un parti financièrement puis- sant. C’est une des explications à notre échec aux législatives. L.P.B. : Rien ne permet de dire aujourd’hui que le MoDem obtiendra l’adhésion des électeurs lors des prochains scrutins… J.B. : Ce qui est clair, c’est que les citoyens n’ont plus confiance en la politique. Soit ils s’abstiennent de voter, soit par dépit, ils votent pour les extrêmes. Le F.N. joue sur le populisme. Nous, au MoDem, on joue sur un discours de vérité, la seule valeur par laquelle il est possible de recouvrer la confiance des citoyens. On peut encore inter- préter l’échec de la politique comme un rejet du bipartisme. Il y a un mon- de à changer et une place à prendre pour le MoDem. Nous devons faire bou- ger les lignes et proposer une alter- native aux extrêmes dont la progres-

L.P.B. : Alors qui de Jean- Louis Fousseret ou de Jacques Grosperrin pour- riez-vous soutenir lors d’un second tour ? J.B. : Nous verrons bien quel candidat est à même d’entendre nos propositions.À nous de déterminer dans quel- le mesure les projets de tel ou tel candidat sont compatibles avec nos idées. C’est pour cela que pour les élec- tions municipales nous préparons au MoDem, une charte, qui est une sorte de grille de lec- ture. Cet outil doit nous

“Nous n’avons pas la même relation au pouvoir.”

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