La Presse Bisontine 145 - Juillet-Août 2013

ÉCONOMIE

La Presse Bisontine n° 145 - Juillet-août 2013

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général répond peut pas se permettre de vivre au-dessus de ses moyens”

dentes s’élève à 20 millions d’euros. Ce montant ne représente que 4 % des recettes, ce qui est inférieur à la moyen- ne des déficits cumulés des C.H.U. L’équilibre du budget atteint en 2012 a permis de ne pas alourdir le déficit cumu- lé. Dans un contexte de contrainte éco- nomique et financière accrue, il sera cru- cial de maintenir cette dynamique. Comme les autres collectivités publiques, le C.H.R.U. ne peut se permettre de vivre au-dessus de ses moyens. Tout dépen- dra aussi des aides qui lui seront accor- dées par comparaison aux autres C.H.U. L.P.B. : Qu’est-ce qui explique la grève récente du laboratoire de bactériologie ? P.B. : Les syndicats C.G.T. et C.F.D.T. ont effectivement déposé un préavis de grè- ve pour les personnels du laboratoire de bactériologie. Sur un effectif total de 44 agents, 20 se sont déclarés grévistes. Les personnels ont été rencontrés par les médecins et les cadres responsables de ce secteur. Les principaux motifs de mécontentement ont été analysés objec- tivement. En ce qui concerne l’absentéisme, sur 25 techniciens de laboratoire, on note l’absence simultanée de 3 agents pour congés maternité. Un seul restera non remplacé pendant la période des vacances

d’été. De même, seule une secrétaire sur 5 ne sera pas remplacée pendant 3 semaines en juin. Il convient de reconnaître les efforts faits par la collectivité. Néanmoins, certains professionnels, de par leur niveau de technicité élevé, ne peuvent être rem- placés “au pied levé”. Par ailleurs, les 11 laboratoires du C.H.R.U. seront transférés en 2015 dans de nouveaux locaux en cours de construc- tion sur le site des Hauts-du-Chazal. Cet

à la préparation de la certification. Il s’agit d’une démarche qui s’impose à tous les laboratoires publics et privés. Elle vise à garantir la qualité et la sécurité des examens produits pour nos patients. Cette démarche, certes contraignante, a pour échéance 2020. Il n’y a donc pas motif à inquiétude puisque ce secteur se modernise et que les personnels seront associés aux évolutions qui, par ailleurs, sont incontournables et nécessaires. Le rôle des responsables et des partenaires sociaux doit être d’accompagner le chan- gement, non de s’y opposer. L.P.B. : Une salle de réveil est fermée à cause du manque d’infirmiers anesthésistes. Combien d’embauches sont prévues cette année ? P.B. : Compte tenu d’un taux d’absentéisme particulièrement élevé parmi les infir- miers et infirmiers anesthésistes des salles de réveil (8 absences longues sur 78 agents), et de la difficulté à trouver des remplaçants sur ce secteur hyper spécialisé, 10 places de surveillance post- interventionnelle sur 38 ont été tempo- rairement fermées. Cette réduction de capacité a entraîné des difficultés de fonctionnement des blocs opératoires et explique le mécon- tentement exprimé par les personnels. Après avoir reçu une délégation des per-

Patrice Barberousse répond point par point aux questions soulevées par les syndicats. Pas sûr que ces derniers soient satisfaits… (photo archive L.P.B.).

investissement, d’un coût total de 65 millions d’euros,implique de réflé- chir à une organisation du travail aussi perfor- mante que le seront les locaux et les équipements. Cela peut être une sour- ce d’inquiétude. Le C.H.R.U. y répondra en mettant en place les groupes de réflexion asso- ciant les personnels et les cadres du pôle biolo- gie afin de développer une gestion prévision- nelle des emplois et des compétences. Enfin, le pôle biologie est actuellement confronté

“L’absentéis- me, une dépense de 13 millions d’euros.”

sonnels accompagnée de leurs organi- sations représentatives et en concerta- tion avec le comité de pilotage du bloc opératoire, j’ai décidé de réduire tem- porairement l’offre opératoire pour conci- lier le niveau d’activité avec les effectifs disponibles et garantir ainsi la sécurité des soins qui doit être notre objectif com- mun prioritaire. Le regroupement des blocs opératoires et des salles de réveil lors du transfert de Saint-Jacques sur le site de JeanMin- joz en octobre 2012 a permis de concen- trer les moyens humains et d’améliorer les organisations du travail. De plus, 10 postes d’infirmiers ont été créés en 8 mois dans le secteur d’anesthésie pour accompagner cette restructuration.Dans le contexte économique que nous tra- versons, ces créations d’emplois sont une avancée considérable qui doit être recon- nue. En complément de ces mesures et pour faire face à une situation exceptionnel- le, le C.H.R.U. a eu recours à des pro- fessionnels intérimaires en juin et des emplois supplémentaires d’infirmiers anesthésistes sont prévus dans le cadre du budget 2013. Leur nombre dépendra des moyens que nous pourrons dégager en fonction de notre activité. Le recrutement de ces personnels hau- tement spécialisés sera envisageable à la sortie de la prochaine promotion de l’école d’I.A.D.E. (infirmier anesthésis- te diplômé d’État) en octobre 2013 car l’établissement finance chaque année des études promotionnelles. À titre d’exemple, en 5 ans, l’établissement a financé la formation de 21 I.A.D.E. et 17 I.B.O.D.E. (infirmier de bloc opératoire diplômé d’État) pour un montant de 3,2 millions d’euros. L.P.B. : Quel est le taux d’absentéisme des per- sonnels de l’hôpital et est-il en hausse ou en baisse. Selon les syndicats il n’aurait pas“flam- bé” ? P.B. : Le taux d’absentéisme des 5 000 agents non médicaux du C.H.R.U. a été de 6,8 % en 2012 contre 7 % en 2011. L’absentéisme représente donc une dépen- se moyenne annuelle de 13 millions d’euros à la charge du C.H.R.U. Il faut toutefois relativiser car l’absentéisme est en grande partie lié à des arrêts maternité ou maladies de longue durée.En effet,leC.H.R.U.emploie une population jeune et à 80 % fémini- ne, ce qui explique un taux plus élevé que dans d’autres secteurs économiques. En réalité, ce qui pose difficulté, c’est la concentration des absences sur un sec- teur particulier.C’est le cas en cemoment au bloc opératoire dont le taux d’absentéisme atteint 9 % avec beaucoup de congés materni- té, donc des absences de longue durée. Cet épiphénomène a complètement absor- bé les créations d’emplois faites en 2012 en faveur des I.A.D.E. (10 postes) ou les renforts mis en place 2,5 I.B.O.D.E.). Pour lutter contre ce phénomène connu et récurrent, le C.H.R.U. a mis en place

un pool de remplacement dont la ges- tion est déconcentrée aux chefs de pôle et cadres supérieurs infirmiers. Ces moyens de remplacement permanents représentent l’équivalent de 100 équi- valents temps plein sur le C.H.R.U. À cela s’ajoutent 206 mensualités de rem- placement pour les congés d’été. Enfin, le C.H.R.U. a mis en place une politique de prévention très volontaris- te pour enrayer l’évolution de l’absentéisme. Il s’agit, d’une part, de 26 actions pour lutter contre les risques psycho-sociaux et, d’autre part, de la création d’un service dédié aux patho- logies professionnelles pour réduire le taux des troubles musculo-squelettiques (T.M.S.). Le C.H.R.U., tant par les moyens finan- ciers qu’il engage que par le temps que ses cadres lui consacrent, est ainsi plei- nement investi dans la lutte contre l’absentéisme qui est vraisemblablement une des principales difficultés rencon- trées dans la gestion des ressources humaines à l’hôpital. L.P.B. : Selon les syndicats, la direction prévoit de supprimer les badgeuses tellement il y aurait d’heures supplémentaires. Qu’en est-il ? P.B. : Le système de badgeage a été ins- tallé début des années 2000 en rempla- cement du système archaïque de la poin- teuse. Un sondage auprès des syndicats montre que trois d’entre eux sont favo- rables à sa suppression, un seul y serait opposé. La suppression du badgeage offre pour avantage de permettre une auto- nomie plus importante et donc de res- ponsabiliser les équipes dans le fonc- tionnement quotidien. Cela me paraît aller dans le sens de la modernité. Il ne s’agit cependant pas d’un enjeu pour la direction générale. Cette proposition est révélatrice d’un état d’esprit qui repose sur la confiance. Quant aux heures sup- plémentaires, elles sont limitées à 44 heures par trimestre et les agents sont incités à récupérer de façon régu- lière. Il est cependant vrai que le cumul d’un fort taux d’absentéisme sur certains secteurs ou sur des professions à faible effectif peut poser des difficultés. L’organisation de l’hôpital en pôles d’activité a pour objectif de limiter une approche trop balkanisée de la gestion des ressources humaines. L.P.B. : Quels sont les salaires de base d’une aide-soignante, d’une infirmière et leur maxi- mum en fin de carrière ? P.B. : La rémunération brute d’une aide- soignante est de 1 890 euros en début de carrière et de 2 560 euros en fin de carrière. Pour une infirmière, elle est de 2 030 euros et 3 330 euros, toujours en salaire brut mensuel. Pour une infir- mière de bloc opératoire (I.B.O.D.E.), le salaire est respectivement de 2 230 et de 3 500 euros. Pour une infirmière anes- thésiste (I.A.D.E.), il est de 2 400 euros et 3 700 euros bruts mensuels.

ZOOM Le Pôle cancérologie sera parmi “les plus performants de France” Le cancer n’a qu’à bien se tenir. Le 31 mai, la ministre de la Santé Marisol Touraine est venue à Besançon poser la première pierre du bâtiment de l’institut régional fédératif du cancer, à côté de l’hôpital Minjoz.

L a Presse Bisontine avait évo- qué l’année dernière les retards du chantier, liés à un problè- me de sous-sol. Aujourd’hui, tout est rentré dans l’ordre. Les travaux ont repris. En 2015, le bâtiment accueillera les activités du pôle cancérologie du C.H.R.U., les laboratoires de bio- logie et l’institut fédératif du can- cer. “Ce sera l’un des 5 centres les plus performants de France” s’est empressé d’annoncer Jean-Louis Fousseret, maire de Besançon et président du centre hospitalier. L’édile aurait sans doute préféré

un accueil plus chaleureux pour la ministre de la Santé. À son arrivée, Marisol Touraine a en effet été

manque de moyens (voir page pré- cédente). Le maire dont les paroles étaient entrecoupées par les cris des mani- festants a dit regretter que “cer- tains n’aient pas compris, malgré les difficultés, que ce moment est du bonheur pour la Franche-Comté.” 6 000 nouveaux cas de cancer sont détectés chaque année dans notre région et 2 800 décès sont attribués à cette pathologie. L’hôpital béné- ficiera d’un superbe outil sur 19 000 m 2 . À lui de se donner les moyens de le faire fonctionner. E.Ch.

accueillie par des banderoles et des revendications. Environ 500 pro- fessionnels de san- té, avec les syndi- cats en tête, ont en effet rappelé à la ministre les dif- ficultés crois- santes rencon- trées. Manque de personnel,

Un accueil mouvementé pour la ministre.

Arrivée de la ministre à l’hôpital de Besançon sous les revendica- tions des salariés. Marisol Tou- raine est venue poser la première pierre de l’I.R.F.C.

Propos recueillis par J.-F.H.

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