La Presse Bisontine 145 - Juillet-Août 2013

24 DOSSIER

La Presse Bisontine n° 145 - Juillet-août 2013

RENCONTRE Le nouveau directeur du site “La notion de parc culturel

vaut pour la Citadelle”

Patrick Porte quitte le musée Dobrée de Nantes pour prendre la fonction de directeur de la Citadelle le 1 er juillet. Il succède à Philippe Mathieu à la tête de la forteresse Vauban.

L a Presse Bisontine : Qu’est- ce qui vous a motivé à pos- tuler au poste de directeur de la Citadelle ? Patrick Porte : Je suis originaire des pré-Alpes. Les paysages francs-comtois et la culture régionale sont plus proches de mes racines que ceux de Loire- Atlantique. Il y a longtemps que je voulais venir à Besançon. L’opportunité s’est présentée avec le départ du directeur du site. Je l’ai saisie. L.P.B. : Vous quittez la direction du musée Dobrée à Nantes alors qu’il fait l’objet d’un vaste projet de restruc- turation. Pourquoi ? P.P. : En effet, je suis arrivé il y a un an à Dobrée. Il y avait pour ce musée un grand projet archi- tectural qui a eu le tort de ren- contrer des problèmes d’urba- nisme. Il est remis en cause pour une dizaine d’années je pense. Finalement, c’est un concours de circonstances entre la situation de Dobrée et le pos- te de directeur de la Citadelle qui se libérait qui m’a poussé à partir. L’ étude réalisée pour le compte de la Commu- nauté d’Agglomération du Grand Besançon avance plusieurs scénarios. Finale- ment, après analyse, l’Agglo opte pour un ascenseur pour acheminer le public à la Cita- delle. “Nous avions comme autre choix une télécabine depuis Rivotte. Cette idée est abandonnée car elle est incom- patible avec les exigences de la Direction régionale des affaires culturelles” remarque Jean-Claude Roy, vice-prési- dent de la C.A.G.B. Exit éga- lement le projet d’escalator, “un système fragile, qui vit mal d’un ascenseur. Exit donc la télécabine et l’escalator. Pour améliorer l’accessibilité à la forteresse, l’Agglo préconise l’aménagement L.P.B. : Que saviez-vous de la Cita-

P.P. : Je vais travailler dans la continuité de ce qui a été fait. La priorité, ce sont les dossiers en cours. L’idée est de rendre la Citadelle à Vauban. Le pro- jet multimédia que le public pourra découvrir à partir de 2014 à la chapelle Saint-Étien- ne est très important. L.P.B. : Il y a beaucoup de questions également autour des musées et en particulier autour de celui de la résis- tance qui doit être restructuré ? P.P. : Le Musée de la résistance doit faire l’objet d’une nouvel- le implantation. Ceci étant, à mon sens, on ne parle jamais assez du Musée comtois. J’ai proposé aux élus de réunir tous les musées du site autour de la notion de biodiversité. Ce thè- me sous-entend une cohabita- tion des espèces, des cultures et finalement une certaine tolé- rance. La faiblesse de la Cita- delle est que les gens viennent pour voir tel ou tel musée et en particulier celui de la résistance. Il manque l’expression d’un site global. On peut trouver une cohérence à tout cela et la fai- re partager.

delle de Besançon ? P.P. : Je connais la Citadelle depuis longtemps. En tant que professeur associé en valorisa- tion touristique et culturelle du patrimoine à l’Université de Lyon II, je suis cet édifice com- me site expérimental pilote. Très peu de sites en France peu- vent affirmer un aspect patri- monial aussi fort et une telle diversité à l’intérieur. La notion de parc culturel vaut pour la Citadelle. En ce sens, elle est unique. L.P.B. : Vous prenez vos fonctions le 1 er juillet, au début de la saison tou- ristique. Vous serez tout de suite dans l’ambiance ? P.P. : J’ai souhaité commencer rapidement. Je ne voulais pas prendre mes fonctions à l’au- tomne, car l’été est une pério- de importante pour la Citadel- le. Je veux profiter de ces deux mois d’intense activité pour observer la manière dont avan- ce ce grand bateau et qui à ma connaissance fonctionne plutôt bien. L.P.B. : Quels grands chantiers allez- vous engager ?

L.P.B. : On entend dire aussi que le jar- din zoologique prend trop de place et qu’il a tendance à “étouffer” les autres activités. Qu’en pensez-vous ? P.P. : Ce n’est pas le jardin zoo- logique qui est le problème,mais l’absence de valorisation de tout le reste. J’espère que le spec- tacle multimédia qui est en pré- paration sera de nature à être promu en tant que tel. L.P.B. : Un des chantiers à entreprendre est également celui des collections. Quels sont vos projets ? P.P. : Je serai attentif à la conser- vation des collections qui n’est peut-être pas des meilleures à la Citadelle. Je remarque que l’emplacement pris par les réserves empêche l’évolution du site. Des bâtiments prestigieux sont occupés par des cartons. C’est dans l’intérêt de la Cita- delle et des collections d’envi- sager des solutions. L.P.B. : Comment promouvoir davan- tage la Citadelle ? P.P. : C’est surtout par l’apport de nouvelles activités que la pro- motion du site se fera. Il manque àmon sens un lieu pour accueillir des expositions temporaires. On

Patrick Porte : “Je vais travailler dans la continuité de ce qui a été fait.”

ne trouve pas 800 mètres car- rés d’un seul tenant à la Cita- delle pour recevoir des exposi- tions qui pourraient être organisées en partenariat avec des musées parisiens. La Cita- delle s’est beaucoup polarisée

sur la clientèle touristique.Mais elle est d’abord un lieu culturel à animer toute l’année. En ce sens, il doit être tourné plus encore vers les Bisontins et les enfants. Propos recueillis par T.C.

AMÉNAGEMENT Un choix à affiner L’ascenseur, futur moyen d’accès à la Citadelle

TRANSFERT Un souhait de la D.R.A.C. Les babouins de Guinée devraient déménager C’est parce qu’ils dégradent le rempart contre lequel leur enclos est adossé, que ces primates doivent changer de place. La solution la plus probable pour régler le problème consisterait à transférer la communauté dans un autre parc animalier.

L a Citadelle de Besançon devra peut-être se séparer de ses babouins de Guinée, à moins qu’elle ne leur trouve un nouvel enclos pour les loger dans la forteresse. e problème est que cette communauté de pri- mates qui compte une quinzaine d’individus dégrade le rempart. “Les babouins ne le démon- tent pas évidemment, mais ils enlèvent des cailloux” reconnaît Gérard Galliot, conserva- teur en chef du muséum. Le comportement des singes fait sourciller la D.R.A.C. (direction régio- nale des affaires culturelles). Il devient incom- patible avec la protection de ce patrimoine bâti qui fait l’objet d’un important programme de rénovation. La D.R.A.C. invite donc l’établisse- ment à trouver une solution de relogement pour ces singes. Pour répondre à cette demande, l’option la plus probable que retiendrait la Citadelle consiste- rait finalement à transférer dans un autre parc animalier les babouins de Guinée. “Nous agis- sons ici dans un processus de conservation d’es- pèce. Nous n’allons pas céder ces singes à n’im- porte qui. Nous sommes à la recherche d’un partenaire. Cela peut durer des mois” rappelle

Gérard Galliot. Quand ils auront déménagé, leur enclos ne restera pas vide. Une autre espè- ce de primates, moins agitée, prendra leur pla- ce. D’autres singes de la Citadelle pourraient être amenés à changer de lieu. Il s’agit des géladas qui vivent dans les fossés au pied du Front Royal. Dans leur cas, c’est un projet de nouveau par-

L’ascenseur partirait du tunnel fluvial et s’arrêterait au niveau de la demi-lune du Front Royal.

les intempéries.” La collectivité n’est pas allée plus loin dans la réflexion. On sait simplement que l’ascen- seur partirait du tunnel flu- vial et arriverait au niveau de la demi-lune du Front Royal. Le dossier n’est pas plus avan- cé. Selon Jean-Claude Roy, il est prématuré d’évoquer un calendrier et un budget pour ce projet qui, selon nos infor- mations, avoisinerait les 10 millions d’euros. “Nous n’en sommes pas encore là. Une étu- de complémentaire est néces- saire. Elle doit être conduite désormais soit par la Ville de

Besançon, soit par l’établisse- ment Citadelle. Cette étude permettra de déterminer la fai- sabilité du projet, le montant de l’investissement et le coût de fonctionnement.” En moyenne, chaque année, la Citadelle accueille 250 000 visiteurs. L’accessibilité à la forteresse Vauban est le pro- blème récurrent depuis des années. Les scénarios de l’as- censeur et de la télécabine avaient déjà été évoqués dans les années quatre-vingt-dix au cours du mandat de Robert Schwint et on n’a pas encore trouvé sa solution.

cours touristique qui est en jeu. Il s’agit de permettre au public qui emprunte la communication 110 de poursuivre la visite en descendant dans le fossé où se trouvent les géla- das. Pour l’instant, ce parcours est hypothétique. “On peut aussi imagi- ner trouver des clôtures qui permet- tent de contenir les singes afin de les laisser là” explique le conservateur. Il en veut pour preuve que la coha- bitation entre les primates et les tra- vaux de rénovation de la demi-lune se passent bien. Les échafaudages descendent dans le fossé, et les singes sont tenus à l’écart par des palis- sades.

Et les géladas aussi…

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