La Presse Bisontine 145 - Juillet-Août 2013

BESANÇON

La Presse Bisontine n° 145 - Juillet-août 2013

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EN BREF

PATRIMOINE

Saint-Jean en chantier

Les charpentiers de la cathédrale sont à l’œuvre Actuellement, une équipe de l’entreprise Nouveau de Salins-les-Bains rénove la charpente de l’abside et du chœur de la cathédrale Saint-Jean. Une interven- tion sur ce patrimoine historique est technique. Rencontre de ces charpentiers sur le toit de Saint-Jean.

Mariage La Ville de Besançon organise le 14 juillet à 11 h, au Kursaal, son habituelle manifestation en l’honneur des couples comptant 50, 60 et 65 ans de mariage au cours de l’année 2013, résidant à Besançon. Les personnes remplissant ces conditions peuvent se faire inscrire sur présentation du livret de famille et d’un justificatif de domicile, à la Mairie, 2 rue Mégevand, entrée C, bureau des Relations Publiques, avant le 30 juin dernier délai impératif. Oricourt L’association des Amis d’Oricourt (Haute- Saône, vers Villersexel) organise chaque année depuis onze ans une grande fête au château médiéval. L'objectif est de récolter des fonds pour restaurer ce remarquable édifice du XII ème et XV ème siècles, classé monument historique. La onzième édition de “Château en fête” a lieu le dimanche 7 juillet de 10 à 20 h et aura pour thèmes le Moyen âge et le cirque. Rens. 03 84 78 74 35.

La charpente de l’abside sera démontée et transférée. L’entreprise Nouveau en fabriquera une nouvelle conforme à l’originale.

I l est 9 heures quand la cathédrale Saint-Jean ouvre ses portes au public. À l’intérieur, des bruits sourds trou- blent le calme matinal des lieux. Depuis une heure, les compagnons s’affairent sur le toit de l’édifice qui est en cours de rénovation. Le chantier se déroule à plus de vingt mètres au-des- sus du sol. Il faut grimper les échafau- dages pour y accéder. À l’arrivée, on pénètre sous ce grand chapiteau qui sur- monte la charpente, entièrement mise à nu, du chœur et de l’abside occidentale de la cathédrale. Sous ce “parapluie” qui protège l’édifice des intempéries, les ouvriers travaillent à l’abri. Ce jour-là, ils sont cinq à démonter, tracer, tailler, per- cer, clouer, assembler des pièces de bois et à les ajuster. “On est dans l’ancien. Il faut tricher. Ce n’est pas une science exac- te. Nous n’avons pas d'ordinateur, ici on travaille au cordeau” annonce le chef de chantier Stéphane Goubet. Construite entre 1127 et 1161, la cathé- drale a vécu. Elle a traversé les siècles non sans peine. En 1212, un incendie a ravagé le toit.Depuis, il y a eu à plusieurs reprises des grands travaux. Vu son âge, il n’est pas surprenant que sa toiture pré- sente quelques faiblesses. Fuites, pièces de bois fracturées,désolidarisées desmurs pour certaines, bref, cette charpente a souffert. “C’est la partie la plus ancienne. Il faut la reprendre à 80 %.Au quotidien, on cherche des solutions qui respectent l’histoire de la construction. Nous pour- rions mettre des systèmes boulonnés par- tout, mais ce serait un massacre par rap- port à l’identité historique de la charpente. Pour faire cela, et soumettre des proposi- tions à l’architecte, il faut s’intéresser à l’histoire de l'art” poursuit Stéphane Gou- bet. Ce sont justement son expérience et ses L a cathédrale Saint-Jean, comme toutes les cathédrales, appartient à lʼÉtat. C'est donc la Direction Régionale des Affaires Culturelles de Franche-Comté qui a pris en main les travaux de restauration des couver- tures de la nef centrale de lʼédifice. Ils se déroulent en trois tranches suc- cessives de 12 mois chacune, mais qui se chevauchent. Actuellement,

connaissances en lamatière qui l’amènent à émettre quelques doutes sur l’époque à laquelle la charpente qu’il rénove a été réalisée. “D’après les écrits, elle date du XIII ème siècle. Mais par rapport aux tech- niques utilisées, il s'agirait plutôt du XV è- me siècle. Pour le savoir, il faudrait réali- ser une étude de dendrochronologie afin de déterminer la date du chêne” dit-il. Ce compagnon, sédentarisé depuis 20 ans dans le Doubs est salarié de l’entreprise Nouveau de Salins-les-Bains chargée du chantier. Il a avec lui Nor- man Lohr,Antoine Blanc, Éric Gavignet et Olivier Ballay, ses quatre collabora- teurs. La plupart d’entre eux sont des compagnons charpentiers. L’équipe va travailler là au moins jusqu’à la fin du mois d’août. Elle a de quoi s’occuper sur ce projet technique où elle manuten- tionne des pièces de bois monumentales comme les entraits, des poutres porteuses de 13 mètres de long, qui traversent la nef. Les ouvriers en ont changé quatre. Pour Stéphane Goubet et son équipe, un des temps forts de l’été est le démonta- ge de la charpente de l’abside qui est trop endommagée pour être conservée en l’état et rénovée sur place. Elle sera donc transférée à Salins-les-Bains, dans les ateliers de l’entreprise Nouveau qui en fabriquera une nouvelle conforme à l’originale. L’ossature presque entière- ment neuve sera ensuite rapatriée à Besançon et remontée. Au total, le volume de bois de la char- pente de la cathédrale Saint-Jean (hors clocher) est de 210 mètres cubes dont 56 sont du bois neuf. Les charpentiers auront déposé et reposé 55 % du bois ancien pour l’assembler à du bois neuf. L’essence de bois utilisée pour la construction est du chêne de Haute-Saône. T.C. cʼest la troisième et dernière tranche du projet qui est en cours. Démarrés à la fin de lʼannée 2011, les travaux doivent sʼachever fin 2013 voire début 2014 en fonction des intempéries. Le coût global du chantier est de 2,5 mil- lions dʼeuros T.T.C. Ce projet est finan- cé par lʼÉtat. La cathédrale Saint-Jean a deux grandes absides : romane et gothique à lʼouest, et classique à lʼest.

Stéphane Goubet chef de chantier : “Nous n’avons pas d’ordinateur, ici on travaille au cordeau.”

Repères Achèvement des travaux fin 2013

Dans l’équipe, la plupart sont des compagnons.

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