La Presse Bisontine 144 - Juin 2013

A g e n d a

La Presse Bisontine n° 144 - Juin 2013

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“C’est à partir des anecdotes qu’on comprend le mieux l’Histoire” Éveline Toillon publie “Besançon d’hier à aujourd’hui”, un étonnant vis-à-vis illus- tré des quartiers emblématiques de Besançon. On croit tout savoir de la capitale comtoise et de ses secrets ? La “raconteuse d’histoires” nous en apprend encore. HISTOIRE - LE DERNIER OUVRAGE D’ÉVELINE TOILLON

L a Presse Bisontine :Vous avez déjà écrit une dizaine d’ouvrages sur l’histoire de Besançon. Comment vous défi- nissez-vous : romancière, historienne ? Éveline Toillon : Je me définis com- me une “raconteuse d’histoires”, car la grande histoire est sou- vent très accessible par la peti- te histoire. À travers les anec- dotes que les gens adorent, c’est la grande Histoire qui apparaît. L.P.B. : Quand êtes-vous tombée amou- reuse de Besançon au point d’y avoir consacré tant d’ouvrages ? É.T. : Je suis arrivée à Besançon il y a trente ans. Avec cette vil- le et son patrimoine bâti, ses vieilles pierres, ça a été le vrai coup de foudre. Plus jeune quand j’étais installée à Reims, j’avais suivi de près mon père univer- sitaire qui écrivait un ouvrage

gère”, etc.

lu expliquer. Cette installation remonte à l’année 1575 quand les protestants ont failli envahir Besançon par voie d’eau depuis leur fief de Montbéliard. Ils ont été mis dehors notamment grâ- ce aux gens de Battant qu’on appelle depuis les “Bousbots”. L.P.B. : Pourquoi ce nom ? É.T. : Il vient du mot “bouster” qui signifiait “bouter”. Et “bot” était le surnom du “crapaud”, c’est par ce nom qu’on qualifiait les protestants à l’époque.À par- tir de ce jour du 21 juin 1575, on a donc fêté le renvoi des protes- tants hors de Besançon par une procession jusqu’à la Croix d’Arènes avec un reliquaire qui contenait des restes de Saint- Ferréol et de Saint-Ferjeux les saints protecteurs de Besançon. Cet autel et cette croix ont été démolis après 1905 dans la pério- de la plus radicale de Besançon, c’est donc une cabine télépho- nique qui est à cet emplacement. Une fois encore, c’est à partir de ce genre d’anecdotes qu’on com- prend l’Histoire. L.P.B. : D’autres anecdotes encore ? É.T. : Sans tout révéler du conte- nu du livre, on peut aussi évo- quer la “dent creuse” quai Vau- ban. Cet espace servait à descendre les bateaux au bord du Doubs. Cette dent creuse cor- respondait donc à un port (por- te d’eau) car de nombreux Bison- tins aisés possédaient un bateau avec lequel ils se déplaçaient au fil du Doubs. Cette dent creuse n’a été comblée que très récem- ment, en 1989, quand la S.E.D.D. a élevé un bâtiment à cet endroit. L.P.B. : Qui est l’auteur des photos du livre ? É.T. : Il s’appelle Helmut Szirniks.

sur les rues de Reims. En arri- vant ici à Besançon, je me suis dit que c’était sans doute inté- ressant de consacrer aussi un ouvrage aux rues de la ville. Il n’existait rien de récent. Depuis la première édition en 1984, il y a eu deux autres nouvelles édi- tions avec à chaque fois 150 rues en plus au fil de l’extension de la ville. Cet ouvrage sert encore de référence je crois à tous ceux, y compris dans les services muni- cipaux, qui ont à s’intéresser à cette question. Puis les choses se sont enchaînées, les éditions Cêtre, puis rapidement les édi- tions Alan Sutton avec qui je tra- vaille encore aujourd’hui m’ont sollicitée. À chaque fois, ce sont les éditeurs qui m’ont proposé de faire un livre : “Mémoire en images”, “Besançon insolite et secret”, “Besançon, ville horlo-

L.P.B. : N’a-t-on déjà pas tout dit et tout montré sur Besançon ? É.T. : Non, il n’y a aucun livre sur ce principe qui met en perspec- tive des lieux à deux époques de l’histoire à travers des photos prises exactement sous le même angle que les anciennes photos ou gravures. Cette mise en pers- pective permet de voir l’évolution des lieux. La difficulté a été sur- tout d’éliminer des sujets que j’aurais voulu évoquer mais qu’il était impossible de traiter en ce moment sur le plan photogra- phique à cause des travaux en ville : par exemple la place Flo- re, le quai Veil-Picard, la place de la Révolution. L.P.B. : Quelles ont été vos plus émou- vantes découvertes en préparant ce livre ? É.T. : Sur la double page consa- crée à la promenade Chamars par exemple, on découvre sur une gravure du XVIIIème siècle le petit pont, celui-là même qui a été redécouvert à l’automne der- nier à l’occasion de la création de la plate-forme du tram. C’est assez étonnant. L.P.B. : Vous avez encore appris des choses sur Besançon en réalisant ce livre ? É.T. : Je n’ai pas appris des choses mais plutôt approfondi. Il y a une double page consacrée au sec- teur de la Croix d’Arènes, à l’angle de la rue de Dole et de la rue des Vieilles-Perrières. Je connaissais cette vieille photo datant du début du XXème siècle sur laquelle on aperçoit un autel sur lequel pose une croix, remplacé aujourd’hui par… une cabine téléphonique. Mais plus que l’anecdote, c’est l’histoire de cet autel que j’ai vou-

Éveline Toillon signe avec “Besançon d’hier à aujour- d’hui” son dixième ouvrage consacré à l’histoire locale.

É.T. : À l’office du tourisme, même si je suis administratrice, mon rôle reste modeste. Je les dépan- ne notamment pour certaines visites guidées. Et sur ce point par exemple, je m’aperçois que Besançon a énormément évolué en une quinzaine d’années. Les visites de la ville sont beaucoup plus nombreuses et diversifiées. Il n’y a pas que la Citadelle à Besançon. Le souci pour ces pro- chains mois, c’est la fermeture du musée des beaux-arts pour travaux. J’espère au moins que le musée du Temps ouvrira alors tous les jours, y compris le mar- di. De manière générale, j’estime que Besançon a fait beaucoup de progrès en matière de tourisme. L.P.B. : En tant que membre de Renais- sance du Vieux Besançon,estimez-vous que le patrimoine bisontin est bien entretenu ?

C’est un ami à moi, un homme d’origine allemande venu s’installer à Besançon, qui à la base n’est pas photographe pro- fessionnel mais qui a de vraies qualités, un matériel excellent et a réalisé un très bon travail. L.P.B. :À côté de votre activité de“racon- teuse”, vous êtes aussi, entre autres, administratrice de l’office de tourisme de Besançon, vice-présidente de

l’association Renais- sance duVieux Besan- çon ou encore membre de l’association de défen- se de la langue fran- çaise. Sur le tourisme à Besançon, quel est votre point de vue alors qu’on fête des 5 ans de l’inscription des ouvrages de Vauban à l’Unesco ?

“Besançon a fait des progrès en matière de tourisme.”

Le livre est vendu 22 euros, il est édité chez Alan Sutton.

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