La Presse Bisontine 144 - Juin 2013

ÉCONOMIE 44

La Presse Bisontine n° 144 - Juin 2013

ENQUÊTE

882 places pour nos anciens créées en 12 ans Fait-il bon vieillir dans

le Grand Besançon ?

C e mail envoyé par Mar- tine Jeannin est révé- lateur d’une certaine incompréhension, par- fois d’un agacement. ette Bisontine, de surcroît sonnes âgées dans le département. Le point sur les établis- sements présents dans le Grand Besançon, le nombre de places, les tarifs. Le Conseil général du Doubs dit avoir rattrapé le retard en créant 882 places en maison de retraite depuis huit ans. En 2013, 70 millions d’euros seront alloués aux per-

Danièle Nevers, vice-présidente

du Conseil général, en charge des

questions liées à la vieillesse : “On ne laisse personne au bord de la route.”

conseillère municipale à la Vil- le de Besançon s’insurge contre le temps trop long d’attente (6 mois) pour trouver une place en maison de retraite à sa mère dans un établissement public. Et surtout le coût, bien trop éle- vé : 2 000 euros par mois. Le résumé de l’élue - d’opposition - est révélateur d’un état de fait : il manque encore des places. C'est d’autant plus vrai que la population du Doubs vieillit plus vite que la moyenne nationale. Un point que ne néglige pas le Conseil général, qui prend en charge ses habitants de la nais- sance à la fin de vie. “Depuis 2005, nous avons rattrapé un gros retard en matière de places en maison de retraite avec la création de 1 300 places dans le Doubs” explique Danièle Nevers, vice-présidente du Conseil géné- ral, en charge du social. D’après les informations dont nous disposons, 3 714 places étaient proposées au 31 décembre 2004, sous l’ère Claude Girard. En 2015, il y en aura 4 596 soit 953 de plus, à

deux ans de la fin de mandatu- re de Claude Jeannerot. Mais compte tenu des certaines fer- metures, ce chiffre de 953 places redescend à 882 places créées. Un chiffre élevé, certes, qui à défaut d’avoir rattrapé le retard ne l’a pas comblé puisque la population vieillit rapidement. “Encore 300 ont été créées récem- ment notamment à la maison de retraite Paul-Bert, à Avanne- Aveney, ou centre Bellevaux à Besançon” argumente Danièle Nevers qui rappelle que 70 mil- lions d’euros sont alloués cette année aux personnes âgées. Le montant est réparti pour 50 mil- lions à l’aide à l’autonomie des personnes âgées (A.P.A.), le res- te en aides sociales. Environ 8 500 personnes sont aidées par le Département. Le temps d’attente pour espérer trouver un lit à mamie ou papy varie fortement selon les secteurs. Besançon et le Grand Besançon seraient “bien servis en taux d’équipement alors que le Haut- Doubs est davantage en déficit.” Néanmoins, les places demeu-

rent chères. C’est d’autant plus vrai au centre Bellevaux à Besançon. Situé au cœur du centre-ville et récemment réno- vé, il est choisi par de nombreux Bisontins. Le délai pour y trou- ver une place serait d’environ un an. “Mais dans la moyenne, nous sommes parvenus à rédui- re ce délai de 3 à 6 mois” rap- porte Danièle Nevers. Pour remédier à ce temps d’attente, souvent trop long, par- fois anxiogène pour la famille, une réflexion est en cours pour créer un schéma organisation- nel permettant de visualiser, au jour le jour, une liste d’attente des personnes âgées. Actuelle- ment, chaque établissement via son directeur, gère ses entrées et ses sorties. L’avenir permet- tra d’avoir une vision globale sur les places disponibles mais “aucune personne n’est laissée sur le bord de la route” conclut l’élue. Le Doubs semble au che- vet du quatrième âge. Mais sur le terrain, les inégalités de pri- se en charge demeurent. E.Ch.

Les places disponibles

dans le Grand Besançon

Établissement public

611 places à Besançon 435 places dans le Grand Besançon Privé associatif 242 places à Besançon 212 places dans le Grand Besançon Structures non habilitées 221 places à Besançon 80 places pour le Grand Besançon

La dépendance vieillesse coûte environ 70 millions d’euros à l’année pour le Doubs.

IMMERSION

Avanne-Aveney, la maison de retraite flambant neuve 6 mois d’attente pour une vie de château

Mauricette, Thérèse, Jacqueline, entourées des aidantes, viennent une à deux fois par semaine à la maison de retraite d’Avanne dans le cadre du nouvel accueil de jour créé en septembre.

T hérèse, 80 ans papote avec Jacqueli- ne, d’un an de moins et Mauricette, trois ans de plus. Les trois dames, l’œil encore pétillant, ne viennent que ponc- tuellement à la maison de retraite. Deux fois par semaine, elles franchissent les portes de l’établissement pour l’accueil de jour, une nouvelle unité créée en septembre par la maison de retraite Jacques-Wein- man. “Cette structure de 10 places permet aux aidants de la personne âgée de profi- ter d’un répit, partir en vacances… Pour l’instant, il n’y a pas beaucoup de demandes” rapporte Jean-Paul Essert, directeur de l’établissement. Thérèse, de Beure, l’avoue volontiers. Lorsqu’elle est venue pour la première fois ici, “c’était en traînant les pieds” dit-elle. Et puis, la confiance s’est installée. “Au point que je viens ici comme chez des amis. Je ne suis pas comme un enfant qu’on emmène tous les matins à l’école” explique la retraitée avec une extrê- me lucidité. Mais lorsqu’on lui demande si elle souhaiterait quitter sa maison de Beu- re pour terminer ses jours ici, sa réponse est directe : “Je préfère me laisser mourir.” Faire comprendre, puis avouer, à une per- sonne âgée qu’elle ne peut rester seule est une gageure. Le directeur en convient :

La maison de retraite Jacques-Weinman d’Avanne a investi 35 millions d’euros pour rénover ses locaux. Les chambres sont plus grandes, équipées de sanitaires, un centre de balnéothérapie et un parc aménagé. Des aménagements qui facilitent la vie au quotidien des résidents et salariés. Ce confort a un prix : 70 euros la journée.

“On essaye de préparer au maximum les per- sonnes. Surtout, il ne faut pas qu’elles aient l’impression d’être ber-

patients atteints de troubles du compor- tement. Pour espérer obtenir une place, aucune condition financière n’est demandée. Un retraité mieux rémunéré qu'un autre n’a pas plus de droits qu’une personne dans le besoin. Concernant le tarif, il est de 70 euros par jour, tarif qui a augmenté “du fait de la rénovation” argumente le direc- teur. Les aides sociales, au logement, et l’appui financier de la famille, viennent le cas échéant en appoint. Les résidents ont un nouveau foyer. Et de nouvelles activités : le sport, la balnéo et depuis peu la zoothérapie pour tous, du plus jeune, à la doyenne de la maison qui affiche 107 printemps. Deux fois par mois, une association d’animaux vient avec chats et chiens qui se font cajoler durant une journée. En maison de retraite, paraît-il que l'on pense davantage aux activités qu’à la fin de ses jours. Encore faut-il franchir le pas…

nées. Il ne faut pas leur dire : “Mamie, tu vas venir te reposer quelques mois ici alors que c’est pour la vie” dit le directeur. Son établissement a un avantage : ce n’est pas un mouroir. Il est même accueillant, chaleureux.Totalement rénové entre 2007- 2011, le centre dispose de 18 000 m 2 de sur- face neuves ou rénovées, soit 8 000 m 2 de plus qu’auparavant. L’investissement est énorme : 35 millions d’euros dont 18 000 euros supportés par le centre lui- même, soit sur ses fonds propres ou en emprunt. “Avant, les chambres simples ne bénéficiaient pas de sanitaires. Elles mesu- raient 16 m 2 . Aujourd’hui, elles en font 22. Tous les équipements sont proposés, un patio pour flâner a été créé au centre de l’établissement, une balnéothérapie est en fonction” relate Jean-Paul Essert, qui diri- ge 250 équivalents temps plein. L’établissement est au complet. Le temps d’attente est de quatre à six mois. 91 places sont proposées en unité de soins de longue durée, 113 en E.H.P.A.D., et 76 pour les

Le directeur de la maison de retraite d’Avanne présente les lieux.

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