La Presse Bisontine 144 - Juin 2013

ÉCONOMIE

La Presse Bisontine n° 144 - Juin 2013

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TRAVAUX PUBLICS Franche-Comté Levage à Velesmes-Essarts

“Nous avons su gérer les soubresauts de la conjoncture” Franche-Comté Levage est installée sur la plate-forme de Velesmes-Essarts, un site

de 7 hectares dédié aux activités des entreprises Bourgeois. Rencontre avec Christine Bourgeois, directrice générale et Jean-Jacques Bourgeois, fondateur et président de Franche-Comté Levage.

Christine Bourgeois, directrice générale et Jean-Jacques Bourgeois, président, devant leur dernier investissement, une grue automotrice à tour. Le coût : 700 000 euros.

L a Presse Bisontine : L’activité levage est assez méconnue. Quelle est son origi- ne et sa spécificité ? Jean-Jacques Bourgeois : C’est en effet un métier très spécifique et très varié. Nous intervenons par exemple pour le montage de grues à tour sur les chan- tiers de construction. Pour le bâtiment, nous montons également des centrales à béton. Mais nous ne travaillons pas que pour les B.T.P. Nous chargeons et déchargeons des machines-outils pour l’industrie, entre 10 et 100 tonnes. Nous travaillons pour Voies Navigables de France pour soulever une porte d’éclu- se, ou encore pour E.D.F. pour lever des pylônes ou des transformateurs. Nos clients sont aussi les charpentiers, les couvreurs ou les étancheurs. Nous levons des cheminées d’usine ou ins- tallons des groupes froids ou des appa- reils de traitement d’air sur des bâti- ments industriels. Franche-Comté Levage fait également du dépannage quand par exemple un camion se couche sur l’autoroute. Pour la S.N.C.F., on a récemment levé le pont de Thoraise et on remet de temps en temps des wagons tombés de leurs rails sur les sites S.N.C.F. Nous travaillons régulièrement à la Citadelle également sur certains chan- tiers. Franche-Comté Levage a été créée pour apporter une solution levage au domai- ne du transport. Nous avions déjà deux grues au sein des Transports Bour- geois, mais c’est à l’occasion du dépôt de bilan d’un concurrent régional que nous nous sommes positionnés pour devenir un vrai levageur. L’entreprise dispose d’un parc de 15 grues et nous employons une quinzaine de grutiers. L.P.B. :Travaillez-vous sur le chantier du tram- way à Besançon ? J.-J.B. : Nous avons fait plusieurs inter- ventions comme par exemple l’instal- lation de grosses boîtes de béton qui

accueillent les trans- formateurs sous le pont Canot. Des chantiers comme le pont sont trop spécifiques, faisant appel à des grues enco- re plus grosses. Ce sont des entreprises qui tra- vaillent pour l’indus- trie lourde ou la raffi- nerie qui peuvent faire ce genre de chantiers. Pour le tram, nous avons également beau- coup travaillé dans l’avenue Fontaine- Argent où on a instal-

“Une petite annonce dans la Voix du Nord.”

tout en gardant notre indépendance et notre souplesse de P.M.E. C’est un peu comme quand on répond à une deman- de de Coca-Cola en matière de trans- port quand ils réclament 30 semi- remorques d’un coup le même jour sur la même plate-forme. Nous nous orga- nisons à travers cette coopérative entre confrères. Plutôt que d’avoir des agences, on a des confrères. Ce système perti- nent pourrait être reproduit dans le levage. Propos recueillis par J.-F.H.

tant. On est aussi tout à fait prêt à accueillir un jeune motivé et le former. L.P.B. : Quels sont les leviers de développe- ment pour Franche-Comté Levage ? J.-J.B. : Nous réfléchissons à créer un système de coopérative avec d’autres P.M.E. françaises spécialisées dans le levage, un peu sur le modèle de ce que nous avons fait avec le réseau “Astre” dans le transport. L’idée est de pouvoir accéder à des marchés sur le réseau national,comme avec E.D.F.par exemple,

L.P.B. :Vous continuez à investir dans un contex- te qu’on penserait quelque peu morose ? J.-J.B. : Nous avons su gérer les sou- bresauts de la conjoncture correcte- ment. Avant 2008, c’était l’euphorie, tout le monde voulait acheter dumaté- riel de levage. Des entreprises ont ache- té énormément de grues. De notre côté, nous avons un peu attendu, nous avons même annulé deux commandes. Du jour au lendemain, l’activité a baissé de 30 %, et la valeur des machines éga- lement. L.P.B. : Comment avez-vous traversé cette période délicate ? J.-J.B. : Cette période compliquée s’est prolongée durant toute l’année 2009 et une partie de 2010. Nous avons heu- reusement pu compter sur une tréso- rerie saine et des fonds propres impor- tants. C’était indispensable. En 2012, on est revenu dans la normalité et on a repris les investissements. L.P.B. : La sécurité est un impératif de tous les instants dans votre métier. Avez-vous suffi- samment de personnel formé ? J.-J.B. : C’est le gros problème.À tel point que nous sommes obligés de réem- baucher nos retraités en intérim ! C’est devenu très compliqué de trouver du personnel avec de l’expérience. Le leva- ge est un métier tellement spécifique. Il faut bien sûr le permis poids lourd, puis le C.A.C.E.S.,mais ça ne suffit pas. Il faut au moins cinq ans d’expérience pour être un bon professionnel. Com- me nous ne trouvons aucun grutier en ce moment, nous venons de passer une annonce dans “La Voix du Nord”, dans une région où on pense qu’il y a peut- être un gisement d’emplois plus impor-

lé toutes les fosses de tirage, ces gros éléments en béton enterrés dans les- quels passent tous les réseaux. Nous aurons encore quelques transforma- teurs à installer, notamment vers Fort- Benoît. L.P.B. : D’autres chantiers sur Besançon ? J.-J.B. : Sur le chantier des Passages Pasteur, nous avons monté les grues à tour et sorti les pelles de 30 tonnes qui étaient au fond du silo du futur par- king. Nous travaillons essentiellement dans un rayon de 100 km autour de Besançon, jusqu’à Belfort et un peu plus loin que Dijon, jusqu’à Beaune, à

Le “groupe” Bourgeois, en bref Franche-Comté Levage est la deuxième entreprise créée par la famille Bourgeois à Velesmes-Essarts. Historiquement, la société des Transports Bourgeois est la plus ancienne. Fondée en 1975 par Jean-Jacques Bourgeois, elle est spéciali- sée dans le transport conventionnel en semi bâchés et plateaux, et dans le trans- port spécifique, porte-chars et convois exceptionnels. Elle réalise 8,750 millions dʼeuros de chiffre dʼaffaires. La deuxième entité Bourgeois, cʼest donc Franche-Comté Levage (F.C.L.), fon- dée en 1992, spécialisée dans le levage et la manutention. Elle possède un parc de 15 grues mobiles automotrices dʼune capacité de 7 à 160 tonnes. Cette enti- té réalise 2,220 millions de chiffre dʼaffaires annuel. La troisième entité, Société Nouvelle Perez, est issue du rachat des transports Perez à Dannemarie-sur-Crète, spécialisée dans le transport bennes, de sable, gravats et enrobés. Chiffre dʼaffaires : 5,530 millions dʼeuros. Quatrième entre- prise appartenant à la famille Bourgeois : B.L.V.I., pour Bourgeois Location Véhi- cules Industriels dont le chiffre et lʼactivité sont plus limités, 410 000 euros. Une holding, J.C.P. Gestion, regroupe les services communs à toutes ces entreprises à lʼactivité complémentaire, avec un chiffre dʼaffaires dʼ1,050 million dʼeuros. Bien que toutes les sociétés créées par la famille Bourgeois soient indépendantes juridiquement et financièrement, elles appartiennent toutes à Jean-Jacques Bour- geois et ses deux enfants, Christine et Philippe. Lʼactionnariat est complété dans certaines dʼentre elles par quelques collaborateurs extérieurs à la famille. Lʼensemble des 5 entreprises Bourgeois réalise un chiffre dʼaffaires de 18 mil- lions dʼeuros, elles emploient au total 120 personnes.

Langres et dans tout le Haut-Doubs. Pour le transport et les convois exceptionnels en revanche, nous n’avons pas de limi- te, sauf dans certains pays comme l’Italie ou l’Espagne où les réglementations sont beaucoup trop com- pliquées pour y tra- vailler. On est loin de l’harmonisation sur le plan européen.

“Nous réembauchons nos retraités en intérim !”

L’entreprise de Velesmes- Essarts inter- vient à une centaine de kilomètres

autour de Besançon.

Un chantier récemment géré par Bourgeois levage.

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