La Presse Bisontine 144 - Juin 2013

ÉCONOMIE

La Presse Bisontine n° 144 - Juin 2013 39

Après la pénurie, le coup de frein sur les embauches Il y a encore deux ans, les hôpitaux rencontraient des difficultés pour recruter des infirmières. Ce n’est plus cas aujourd’hui. Le point sur une tendance qui s’est inversée pour plusieurs raisons. SANTÉ Infirmiers et infirmières

D es infirmières au chôma- ge en Franche-Comté ! Nous n’en sommes pas encore là, mais on constate que le marché de l’emploi pour cet- te profession n’est plus aussi dynamique qu’il y a quatre ans. Après avoir connu une pénurie en personnel infirmier, les éta- blissements de soins revoient à la baisse leurs objectifs de d’embauche. “Nous recruterons cette année une trentaine d’élèves diplômés qui sortent de l’Institut de Formation en Soins Infir- miers. C’est moins que les années précédentes. Par ailleurs, ils n’auront pas forcément le choix de leur affectation” indique le service des ressources humaines du Centre Hospitalier Régional Universitaire de Besançon. Sur le marché de l’offre et de la demande, la balle a changé de camp. Elle est désormais dans celui de l’employeur. Le centre hospitalier de Pon- tarlier qui embauche en moyen- ne une dizaine d’infirmières par an à leur sortie de l’école en recrutera moins cette année pour combler ses besoins. Une

tendance nouvelle que la direc- tion des ressources humaines de l’hôpital local explique par le fait que “la Suisse a moins recruté en 2012. Nous avons donc eu moins de cinq départs, ce qui est très peu.” Mais ce n’est pas la seule expli- cation. Tout d’abord, le contex- te économique contraint pous- serait le personnel infirmier à faire une carrière plus longue (N.D.L.R. : elle est désormais supérieure à 12 ans). Ensuite, la démographiemédicale indique

l’école en juillet” remarque la direction de l’I.F.S.I. de Besan- çon, un établissement qui for- me 144 étudiants par promo- tion. Le constat est le même du côté de l’I.F.S.I. de Pontarlier. “C’est vrai qu’il n’y a plus ce besoin criant d’infirmières qu’on a connu à une époque. À partir de 2000, en réponse aux diffi- cultés de recrutement, les quo- tas d’étudiants dans les I.F.S.I. ont été revus à la hausse. On for- me beaucoup plus d’infirmières. Désormais, l’offre répond à la demande” remarque Réjane Simon, directrice de l’I.F.S.I. de Pontarlier. Dans cet établisse- ment, sur une promotion de 46 élèves, 20 % en moyenne par- tent en Suisse. Malgré tout, il ne faut pas noir- cir le tableau. Il y a du travail pour les diplômés des I.F.S.I. S’ils ne trouvent pas de place au C.H.R.U. ou à l’hôpital de Pontarlier, ils postuleront ailleurs. “Aujourd’hui, les diplô- més doivent être plus mobiles. On sait que des régions comme l’Île de France sont encore confrontées à une pénurie de per-

qu’il y a un recul des départs en retraite et donc moins de postes à combler. Les Instituts de Formation aux Soins Infirmiers de la région préparent leurs élèves à ce changement de conjoncture. “On sait que ce sera plus difficile de trouver un emploi pour nos étudiants qui sortiront de

Le service des ressources humaines a rarement été confronté à une telle demande d’infirmiers candidats à l’emploi.

“Des besoins cycliques.”

sonnel infirmier” indique la direc- tion de l’I.F.S.I. de Besançon. “Ce n’est pas une profession où il y a du chômage, mais il faut être mobile” complète Réjane Simon. La directrice de l’I.F.S.I. de Pontarlier est toutefois pru- dente dans l’analyse de la situa- tion. Ce qui est vrai aujourd’hui ne le sera peut-être pas demain. “Les besoins en personnel sont très cycliques. En 1997, nous n’étions pas non plus sur un

métier en tension. Or, peu de temps après nous avons été confrontés à une pénurie” dit- elle. L’évolution de la pyramide des âges prévoit une nouvelle vague de départs en retraite chez le personnel infirmier à partir de 2015. Pour les mêmes raisons, la Suisse pourrait à nouveau rouvrir les vannes du recrute- ment comme le redoute la direc- tion des ressources humaines.

“Nous sommes prudents. On attend de voir ce que va faire la Suisse dans les trois prochaines années.” Si le recrutement de personnel infirmier ne pose pas de diffi- cultés majeures dans les hôpi- taux de Besançon et de Pon- tarlier, ce n’est pas le cas de toutes les professions. Aujour- d’hui, ils peinent à trouver des aides soignantes et des kinési- thérapeutes.

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