La Presse Bisontine 144 - Juin 2013

LE GRAND BESANÇON

La Presse Bisontine n° 144 - Juin 2013

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POLITIQUE Réforme à l’horizon 2015 Il y aura deux fois moins de cantons dans le Doubs D’ici 2015, les frontières des cantons du Doubs vont être modifiées de façon à diviser par deux leur nombre. Il en restera 18 au lieu de 35 aujourd’hui. Les cantons urbains seraient sur la sellette. Débat.

L’ Assemblée Nationale a tranché. Mercredi 17 avril, elle a adopté par 273 voix pour (247 contre et 20 abstentions) le pro- jet de loi relatif à l’élection des conseillers départementaux, des conseillers municipaux, et des délégués communautaires. En ce qui concerne les Départe- ments, la réforme prévoit de fai- re évoluer ces collectivités. Le changement est sémantique tout d’abord puisqu’on ne parlera plus de “Conseil général” mais de “Conseil départemental”. Les conseillers généraux devien- dront naturellement des conseillers départementaux. L’autre changement est struc-

turel. La loi précise que les élec- teurs éliront non plus un conseiller général à la tête d’un canton, mais un binôme hom- me-femme pour les représenter au futur conseil départemental. En revanche, chacun exercera indépendamment son mandat. Le duo sera élu tous les six ans, au scrutin majoritaire à deux tours. L’objectif de ce nouveau scrutin est de garantir la pari- té dans les assemblées où siè- gent 14 % de femmes actuelle- ment. Problème : l’élection de binômes à la tête des cantons induit un doublement du nombre d’élus au Département. C’est mathé- matique. Alors pour compenser

la hausse des effectifs, le nombre de cantons français sera divisé par deux (de 4 000 il passera à 2 000). Dans le Doubs, en 2015, il n’y aura donc plus 35 cantons mais 18 représentés par 36

conseillers (ils sont 35 aujour- d’hui). Les fron- tières des cantons actuels vont être redessinées et étendues, il y aura des regrou- pements suivant divers critères comme la démo- graphie. Chacun d’eux comptera en moyenne

“Nous n’acceptons pas la fusion.”

Pour l’instant, les conseillers généraux du Doubs ne savent ce qu’il adviendra des cantons qu’ils représentent.

26 000 habitants dans notre département. La réforme est en cours, mais pour l’instant personne ne connaît les contours de la futu- re carte cantonale. “Nous en sommes aux balbutiements. Il n’y a que des hypothèses. On sait

que les limites des communau- tés de communes seront respec- tées et qu’il y aura un équilibre entre les zones urbaines et rurales. Tous les cantons seront impac- tés” remarque Philippe Beluche, conseiller général du canton de Marchaux (majorité départe- mentale). Beaucoup d’élus sup- posent que les cantons urbains de Besançon comme Besançon- Planoise, s’étendront sur la cam- pagne périphérique, ou soient absorbés précisément par les cantons limitrophes. “On ne voit pas comment ces cantons urbains pourraient subsister” estime Gérard Galliot, conseiller géné- ral du canton d’Audeux, le plus important du département puis- qu’il compte 40 communes et 28 000 habitants. L’élu de la majorité départementale s’explique : “Il y a un équilibre à trouver. Sans mépris aucun, le travail n’est pas le même pour un conseiller suivant qu’il est élu d’un petit ou d’un grand can- ton. Il y a plus d’habitants, plus de soucis, plus de communes, et plus de problèmes à régler. Équi- librer les choses, c’est aussi l’intérêt de cette réforme.” C’est le ministère de l’Intérieur qui définira dans les prochains mois ce regroupement. “Je n’ose même pas imaginer le nombre de recours qu’il aura” s’amuse un élu du conseil général qui rit sous cape. L’opposition départementale est la première à s’insurger, Jean- Pierre Gurtner en tête. Son can- ton de Levier pourrait fusion- ner avec ceux d’Amancey, Ornans, et même Montbenoît. Une réforme faite en dépit du bon sens selon l’élu. “Nous n’acceptons pas la fusion avec Ornans et Amancey. Ce ne sont pas les mêmes bassins de vie. D’un point de vue économique,

administratif, de loisirs, Levier regarde naturellement vers Pon- tarlier. Il y a une rupture géo- graphique. Cette réforme c’est du contre-développement, c’est de la charcuterie” martèle Jean- Pierre Gurtner. Jean-François Longeot, leader de l’opposition départementale et conseiller général du canton d’Ornans n’est pas plus réjoui. Il ne trouve aucun intérêt à cet- te réforme, jugeant son conte- nu moins ambitieux que le pro- jet proposé à l’époque par Nicolas Sarkozy qui envisageait de rem- placer les conseillers généraux et des conseillers régionaux par des conseillers territoriaux qui devaient siéger dans les deux assemblées. Plus grave encore selon lui, c’est que cette réfor- me définit d’abord un nombre d’élus et des limites de canton “avant même de savoir quelles seront demain les compétences du Conseil général. Si à terme nous n’avons plus que du social à gérer, je ne suis pas certain qu’il faille une assemblée de 36 élus pour le faire. De bons fonc- tionnaires seraient mieux pla- cés pour agir. Cette réforme don- ne l’impression de créer des postes d’élus. C’est un trifouillage qui ne concerne qu’eux” estime Jean- François Longeot, qui préfére- rait qu’Ornans fusionne avec Quingey car les deux cantons ont un lien identitaire avec la Loue. En écoutant les représentants de la droite locale, on a le sen- timent que cette réforme qui entrera en vigueur en 2015 est plus dictée par un souci de la parité devenue obsessionnelle à gauche, que par la recherche d’économie et d’efficacité de l’appareil politique au service d’un territoire. T.C.

VORAY-SUR-L’OGNON

Littérature

L e photographe passe de l’autre côté du zoom. Auteur d’une vingtaine de livres photographiques depuis ces débuts, Jack Varlet, le diplômé de l’école natio- nale supérieure de la photographie publie son deuxiè- me roman, quatre ans après Neige perdue, son premier ouvrage. Rien à voir avec un changement de carrière. Sim- plement la volonté de placer sur une feuille blanche des mots qui lui viennent assez vite. “La photo, c’est toujours un peu frustrant, surtout lorsque l’on fait des portraits. On se rend compte qu’on ne peut pas creuser alors que l’écriture permet de rechercher. La photo : c’est un 100mètres. L’écriture : un marathon” dit-il. descend en ville. Sa vie sera aussi saccadée que les dents d’une scie. Plongeon dans un autre univers. Jack Varlet : son œil piqué par une plume Photographe de renom, Jack Varlet sort son deuxième ouvrage intitulé “L’homme cristal”. L’histoire d’Harry, bûcheron du Haut-Doubs, qui

Jack Varlet : le photographe se mue en écrivain.

Après un an et demi de travail, son ouvrage aux éditions du Belvédère fait son appari- tion en kiosque. Au prix de 18 euros. “J’ai un contrat moral avec mes lecteurs. 18 euros, ce n’est pas rien. Je veux que les gens en aient pour leur compte” assure-t-il. Pour cela, des phrases courtes, rythmées. Et une histoire avec un fin. “Je ne voulais pas terminer sur une fin ouverte” explique-t-il. Amoureux du Haut-Doubs et des paysages du lac Saint-Point, Jack fait met Harry, un bûcheron du Haut-Doubs, à l’honneur. Cet homme vit dans une forêt profonde d’épicéas, comme son père, son grand-père et tous les bûcherons, sculpteurs de montagne. Mais, depuis neuf ans, Harry survit. La glace d’un étang, dans un craquement, a décidé de sa vie un matin d’hiver. Beth, sa femme, a dis-

“Un contrat moral avec mes lec- teurs.”

paru dans l’eau noire sans un cri. Harry n’a de cesse de vouloir cette disparition. Sa quête le mène du lac Saint-Point au Mont Rond. Sa forêt avait été son refuge. Elle devient sa perte. Sa recherche illuminée lui fera rencontrer un livreur de journaux facétieux et jovial, une femme, sauvage. Il quitte ses plateaux du Haut-Doubs, abandonne ses forêts, son lac, devient sculpteur, en ville. Il y croise Maylis, sa seconde femme, sa seconde fée. Mais aucun homme ne retrouve jamais un chemin perdu. La sui- te… dans le livre de Jack Varlet, aux éditions du Belvède- re. Environ 300 pages. Et une photo de couverture… pri- se par l’auteur. Une photo floue ! “J’ai mis du temps à la choisir, s’amuse l’auteur. Je voulais du positif, d’où cette personne qui traverse un tunnel pour rejoindre cette lumiè- re floutée. Elle est un peu à l’image de mon livre.” Comme quoi plume et appareil photo demeurent complémentaires… E.Ch.

EN BREF

Randonnée L’U.S. Novillars et March’en Thise organisent le dimanche 9 juin la 35 ème randonnée pour tous de Novillars et Thise : 11,16, 24 km, les hauts de Thise et d’Amagney dans le cadre de la journée départementale de la randonnée pédestre. Départs de la mairie de Novillars de 8 h 30 à 10 h 30 (circuit de 24 km) et de 8 h 30 à 13 h 30 (circuits de 11 et 16 km). Participation : 4 euros par adulte, 2 euros de 12 à 18 ans, gratuit pour les moins de 12 ans. Contrôles, ravitaillements le long des circuits et une boisson à l’arrivée pour chaque participant.

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