La Presse Bisontine 143 - Mai 2013

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Bisontine n° 143 - Mai 2013

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Command v saucisse d Mortea , d Montbéliar , Comt , Morbier, Mon ’Or… sur :

POLITIQUE

Jean-Sébastien Leuba “Je prendrai toute ma part aux prochainesmunicipales” L’élu socialiste avait déstabilisé sa majorité en la questionnant sur les liens entre la Ville et l’association “Le Pavé dans la Mare”. Cette liberté de parole a valu à Jean-Sébastien Leuba d’être vivement critiqué. Après les conclusions de la commission transparence mise en place à ce sujet, il répond.

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L a Presse Bisontine : Vous avez quitté la séance du Conseil municipal de mars suite à l’intervention de Frank Monneur (P.S.) qui a qualifié votre posi- tion au sujet du Pavé dans la Mare “d’anomalie de comportement.” Était-ce la remarque de trop dans une histoire qui dure depuis 7 mois ? Jean-Sébastien Leuba : Cela suffit ! Je me fais insulter et personne ne réagit au Parti Socialiste. Il y a eu par ailleurs des propos anonymes, désobligeants à mon égard, relayés dans la presse. J’ai demandé à ce que le secrétaire de sec- tion Nicolas Bodin, et le président du groupe Yves-Michel Dahoui, prennent position sur ces insultes. Je n’ai pas eu de réponse, il n’y a pas eu de com- muniqué.Quand Pierre Moscovici se fait insulter, il y a une intervention du Parti Socialiste. Localement, j’ai l’impression que les mêmes règles ne s’appliquent pas. Seul le maire, Jean- Louis Fousseret, est intervenu publi- quement en conseil municipal pour dire qu’il ne cautionnait pas les paroles de Frank Monneur. En revanche, j’ai reçu des messages de militants qui me soutiennent. Cela me rassure. L.P.B. : Regrettez-vous d’avoir agi ainsi sur le dossier “Pavé dans la Mare” ? J.-S.L. : Si c’était à refaire, j’agirais peut- être différemment. Mais je ne regret- te rien ! Je fais mon travail de mili- tant, de citoyen, d’élu socialiste, d’élu républicain. C’est comme cela que je conçois mon mandat. J’ai toujours res- pecté les débats internes, sauf dans le cas du dossier “Pavé dans la Mare” pour lequel, à l’époque, je n’ai pas obte- nu les réponses aux questions que je posais. C’est un dossier parmi des cen- taines passés au Conseil. Si nous avions eu la discussion au sein du groupe socialiste, les choses n’auraient pas pris cette ampleur. Je trouve domma- ge qu’on en soit arrivé là. L.P.B. : Le maire vous a sanctionné en vous retirant votre délégation à la précarité éner- gétique. Maintenant que la commission trans- parence a rendu ses conclusions, espérez- vous retrouver votre délégation ? J.-S.L. : Aujourd’hui, plus personne ne pense que j’aurais tenté de mettre en cause la politique de la ville. Beaucoup ne trouvent pas légitime que cette délé- gationme soit retirée. Je suis élu, j’avais une délégation sur le développement durable. J’ai envie de défendre cette politique au sein de mon parti, et à l’extérieur. J’espère désormais que je vais retrouver ma délégation. L.P.B. : Beaucoup ont dit que votre “coup d’éclat” était calculé, que votre rôle était de déstabiliser la majorité en place dans la pers- pective de futures échéances électorales. Vous auriez joué les porte-flingues. Pour qui et pour quoi ? Que répondez-vous ? J.-S.L. : Au contraire, c’était le plus mau- vais moment pour moi. Je me présen- tais aux élections pour devenir secré- taire de section du Parti Socialiste à Besançon, et on m’a retiré ma déléga- tion en me disant que je mettais en cause la ville. Franchement, je n’avais rien à gagner.

place, comme on l’a entendu ? J.-S.L. : On fait partie d’un collectif dans lequel je m’inscris et que j’ai toujours respecté. Mais ce collectif est basé sur des relations politiques. Lorsqu’on dépasse ce cadre-là et que l’on glisse sur d’autres problèmes, on peut avoir une liberté de parole. Pour ce qui est du “Pavé dans la Mare”, j’estimais que nous étions dans autre chose que du politique. L.P.B. : Depuis cette histoire, avez-vous le sen- timent d’être le mouton noir de la majorité municipale ? J.-S.L. : Ce n’est pas à moi de le dire. Je ne suis pas paranoïaque. Je n’ai pas envie de tomber dans la victimisation. L.P.B. : Jean-Louis Fousseret est candidat à sa succession. Espérez-vous faire partie de son équipe ? Redoutez-vous que votre liber- té de parole vous pénalise au contraire ? J.-S.L. : J’ai été sportif de haut niveau. J’ai l’habitude d’avancer étape par éta- pe. Je n’en suis pas encore là. Aujour- d’hui, je travaille au Parti Socialiste sur un projet pour la ville. Les sujets sur lesquels je me bats avec d’autres me semblent essentiels pour Besançon. Il s’agit de transition énergétique, de solidarité, d’économie avec l’humanisme en toile de fond. J’espère que nos pro- positions seront retenues dans le cadre du programme du Parti Socialiste. Je prendrai toute ma part aux élections municipales. Je rappelle que c’est le P.S. qui choisira les personnes qui figure- ront sur la liste.Mon envie évidemment est d’être dans une équipe municipale. Mais, pour moi, cela n’est pas une fin en soi d’être élu. Je n’en fais pas une condition demon engagement politique. En 2001, je me suis retiré de la liste municipale au second tour car je consi- dérais que mon activité professionnel- le et de sportif ne me permettait pas de m’engager pleinement. Cela ne m’a pas empêché de militer. L.P.B. : Jean-Louis Fousseret est-il le meilleur candidat au P.S. ? J.-S.L. : Il a un bilan. C’est un maire bâtisseur. Il est le candidat légitime au sein du P.S. pour porter la liste. En revanche, il est le seul candidat décla- ré. Il peut y en avoir d’autres. Il peut y avoir une candidate. Je soutiendrai le ou la candidate qui sera investi, sachant qu’il y a une forte probabili- té pour que ce soit un candidat.

Jean- Sébastien Leuba a réuni

47 % des suffrages lors des

dernières élections du secrétaire de section au P.S. Plutôt discret, il fait néanmoins

partie des socialistes

qui comptent à Besançon.

ne respecte plus la paro- le collective, c’est aux res- ponsables locaux du Par- ti Socialiste de réagir. Dans nos statuts, nous n’avons pas à nous insul- ter. L.P.B. : Alors que vous étiez dans la tempête, vous avez obtenu 47 % des suffrages lors de l’élection interne au Parti Socialiste qui a désigné le secrétaire de section. Consi- dérez-vous que vous faites partie de la nouvelle généra- tion d’élus sur laquelle il faut compter ?

que militant, j’ai toujours respecté le calendrier qui dans le cas présent fixe à fin septembre le dépôt des candida- tures. Si ce calendrier existe, c’est pour permettre à d’autres d’être candidats. L.P.B. : Si l’on ajoute les difficultés locales à la tourmente dans laquelle est plongé le gou- vernement en place, le Parti Socialiste peut- il perdre Besançon aux prochaines munici- pales ? J.-S.L. : La bataille à mener est diffici- le. Notre pays traverse une crise éco- nomique, écologique, sociale. Ce sera un challenge pour nous de l’emporter. On a un bon bilan de mandat, mais c’est sur un projet que nous gagnerons, un projet susceptible de convaincre les électeurs d’aller voter. Nous devons parvenir à mobiliser tous les militants et tous les citoyens autour d’une vision d’avenir. Il ne s’agit pas seulement de faire espérer les gens. La finalité est de leur apporter des réponses qui soient socialement acceptables et qui per- mettent de sortir de ce marasme. Aujourd’hui, il faut réfléchir à l’efficacité de nos politiques, économique par exemple, de façon plus prégnante. À mon sens, le projet politique ne peut plus être seulement celui du Parti Socialiste. Il faut l’enrichir avec les entreprises, les citoyens, les associa- tions et finalement, toutes les forces actives de Besançon. Il faudrait par- venir à casser ce système pyramidal qui veut que les élus aient réponse à tout. Il faut une intelligence collecti- ve, car le P.S. seul n’est pas représen- tatif de la société. L.P.B. : Ne redoutez-vous pas que les querelles intestines au P.S. compliquent la tâche du futur candidat aux municipales ? J.-S.L. : Il ne s’agit pas d’un seul hom- me. La responsabilité est collective. Quand les règles sont dépassées, qu’on

son entreprise est une forme de liber- té. Je vis le socialisme comme une phi- losophie de liberté, sans être évidem- ment ultra-libéral ou social libéral. Il y a deux formes de libéralisme : une forme constructive qui est en phase avec la Cité, et celle de la rente. Ce qui me pose problème, ce sont les entre- prises qui reposent sur système de ren- te financière, et qui n’ont pour seul but que celui de contribuer à l’enrichissement de ses dirigeants. La gauche n’a pas d’autre choix que de se préoccuper de la vie des entreprises et de l’activité économique. L.P.B. : Quel projet économique imaginez- vous pour Besançon ? J.-S.L. : La transition écologique est une piste. Besançon est une ville qui a des atouts. Elle a remporté des trophées énergétiques (Energy Award Gold). Il faut que cela se concrétise par le déve- loppement d’entreprises qui travaillent dans le secteur de l’économie verte. C’est le rôle des élus que de permettre aux entreprises d’aller sur ce champ d’investigation. L.P.B. : Besançon doit-elle en finir avec ses complexes d’infériorité qu’elle nourrit parfois vis-à-vis de villes comme Dijon ? J.-S.L. : Il faut arrêter de se comparer à Dijon. Quand on se compare aux autres, on prend le risque de leur res- sembler. Besançon a des atouts qu’il faut faire exister et valoriser. Nous ne serons jamais Dijon. On doit rayonner et être reconnu comme étant la capi- tale du bien vivre et du mieux vivre. Nous avons été précurseurs dans beau- coup de domaines dans l’industrie hor- logère, sur le plan social avec le R.M.I. Nous devons revenir à ce qui fait notre force, notre identité et en faire des atouts pour demain. Propos recueillis par T.C.

“Une femme parmi plusieurs

dizaines de militantes.”

J.-S.L. : Je ne parle pas de génération d’élus. On peut avoir trente ans au P.S. et être pour le cumul des mandats. Je trouve qu’il y a autant de choses à apprendre de Joseph Pinard, que des membres du mouvement des jeunes socialistes. L.P.B. : Êtes-vous plutôt favorable à la VI ème République ? J.-S.L. : Parler de la VI ème République n’est pas une insulte. L’idée est de pro- poser une nouvelle République, res- pectueuse des institutions, mais dans laquelle il y a des contre-pouvoirs à chaque niveau afin d’éviter les dérives. L.P.B. : En tant que socialiste, comment esti- mez-vous le monde de l’entreprise qui est malmené aujourd’hui ? J.-S.L. : Le contexte est difficile pour beaucoup de chefs d’entreprise qui sont face à eux-mêmes. Leur entreprise est leur vie. J’ai un profond respect pour ces gens-là, dont beaucoup ont créé d’autres emplois en plus du leur. Je regrette que l’on ait perdu à gauche le sens du libéralisme tel que ce princi- pe était vécu au XIX ème siècle. Créer

L.P.B. :Vous dites“une can- didate”. Peut-il s’agir de Barbara Romagnan ? J.-S.L. : C’est une fem- me parmi plusieurs dizaines de militantes au Parti Socialiste. L.P.B. : Pourriez-vous être candidat ? J.-S.L. : C’est un enga- gement qui se construit avec une équipe. À l’heure actuelle, je n’ai pas la volonté d’être candi- dat. Mais cela ne veut pas dire non. En tant

“Je n’ai pas envie de tomber dans la victimisation.”

L.P.B. : Estimez-vous avoir trahi la majorité en

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