La Presse Bisontine 140 - Février 2013

La Presse Bisontine n° 140 - Février 2013

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COÛT

CONSÉQUENCES

252 millions

Combien d’emplois ?

Les dégâts collatéraux pas encore chiffrés L’union des commerçants a sollicité la C.C.I. et Pôle Emploi afin de connaître l’ampleur des destructions d’emplois au centre-ville, liés notamment au chantier du tram.

10 % moins cher au final ? L’anticipation du calendrier pourrait avoir une autre conséquence positive : la réduction du coût des travaux grâce un indice d’actualisation des prix inférieur.

L e coût du tramway est et restera affir- ment les services de l’agglo, de 228 mil- lions d’euros (valeur 2008) quand a été commandé le tram. Ce qui équivaut avec l’indice d’actualisation des prix dans les tra- vaux publics et de l’inflation, à 248 millions en valeur 2012, et si on anticipe à 2015, date initiale de fin de chantier, à 256 millions d’eu- ros. À ce jour, 98 % des marchés sont conclus avec les entreprises. Sur les marchés déjà signés, les prix sont inférieurs “d’environ 10 % pour

et nous actionnerons certains prêts plus tôt. Au final, nous arriverons peut-être à 252 millions car il faut aussi prévoir les imprévus inhérents à tout chantier public de cette envergure” pré- dit M. Baulieu. Le tramway ne devrait donc pas dérailler. N’en déplaise à ceux qui, à l’ima- ge de Philippe Gonon du MoDem, continuent à affirmer que le tramway bisontin dépasse- ra la barre des 350 millions d’euros au final. Sauf extrême mauvaise surprise, ils seront démentis.

L a commission d’indem- nisation du tramway devrait verser au total quelque 400 000 euros aux commerçants touchés par le chantier du tram.Mince conso- lation pourtant car certains ne se sont déjàpas relevés des deux années de chantier déjà écou- lées. Même si le tramn’est pas la seu- le cause des difficultés actuelles du commerce de centre-ville (la crise est passée par là, comme les nouvelles habitudes de consommation),le chantier a été unaccélérateur de déprime pour certains. Pour connaître le réel impact en termes d’emploi, l’Union des commerçants de Besançon (dont les relations se sont quelque peu réchauffées avec la Ville) vient de réclamer à la Chambre de commerce et d’industrie duDoubs et aux ser- vices de Pôle Emploi, une étu-

nonpas directement par le chan- tier du trammais par la lenteur excessive de l’aménagement du secteur Pasteur, mais sympto- matique d’un centre-ville à la peine. D’autres commerçants, dans la Grande rue notamment, qui n’ont pas mis la clé sous la por- te, se sont résolus à licencier du personnel et réduire leurs effec- tifs. D’autres enfin, comme ce restaurant de l’avenue Carnot, ont tout bonnement quitté Besançonpour s’installerailleurs. Ceux-làne souhaitent pas témoi- gner, ils font ledos rondenatten- dant la fin du chantier, et de la crise. “181 commerces sont situés sur le parcours du tram” selon la C.C.I. duDoubs qui est en train de faire un pointage du nombre de “rescapés”, chiffre qu’elle devrait pouvoir communiquer d’ici une quinzaine de jours.

de “pour savoir combiende com- merces ont disparu depuis le démarrage du chantier et com- bien de C.D.D. et de C.D.I. ont été supprimés dans le commer- ce.” Les exemples de fermetures sont légion selon les commer- çants bisontins : “Tendances et

l’instant” à l’enveloppe prévue selon Gabriel Baulieu, le responsable des finances à l’agglo, du fait que les entreprises ont répondu à des prix moins élevés que le cahier des charges. L’anticipation de la fin du chantier pourrait donc avoir comme consé- quence de grignoter encore quelques millions par rapport à l’enveloppe prévue. “Le coefficient d’actualisa- tion des marchés publics sera un peu moins élevé du fait même que le chantier ne s’étalera pas sur 2015,

accessoires” à l’angle de la rue des Granges et de la rue de la République,les chocolats De Neuville” qui cherchent à vendre mais ne trouvent pas, la sand- wicherie voisi- ne qui a fermé, sans parler de

98 % des marchés sont conclus.

“Savoir combien de commerces ont disparu.”

Le chantier moins cher que prévu ?

2014

la rôtisserie située vers le pont Battant et sans même évoquer le Café Louis, touché lui aussi

re du tramway pourront se dérouler dès la fin de cette année, entre les Hauts-du-Chazal et la Grette, “puis dès janvier 2014 jusqu’à la gare.” Les premiers essais complets auront lieu dès avril 2014 jusqu’au terminus de Chalezeule. “44 % des voies sont déjà posées sur le secteur Infra 1, entre le centre de maintenance et Chamars” , précise Jean-Luc Poissenot, directeur régional de Colas Franche-Comté, une des entreprises qui intervient sur le chantier. “Pour atteindre les objectifs fixés par le maître d’ouvrage et livrer le chantier avec six mois d’avance, nous mettrons beaucoup plus de moyens sur le chantier du tram cette année qu’en 2012. Pour nous, 2013 sera l’année du plein-emploi, mais aussi celle des dif- ficultés car le chantier mobilisera beau- coup de monde” indique Frédéric Bon- nefoy, le P.D.G. du groupe éponyme basé à Saône, intervenant sur la par- tie Infra 2 du chantier, entre le pont Canot et Chalezeule. “Nous avions construit un planning volontairement prudent avec les risques liés aux fouilles, aux réseaux. Aujourd’hui, ces risques sont en grande partie couverts, les marges n’ont plus lieu d’être mainte- nues” ajoute Pierre Tissier, du groupe Égis dont une des filiales pose les rails. Dès décembre prochain, tous les rails seront posés sur les 7 premiers kilo- mètres, des Hauts-du-Chazal à Cha- mars. Sur l’autre partie, Infra 2, entre Chamars et Chalezeule (7,5 km), “les travaux qui ont démarré en avril 2012 seront complètement terminés en mars 2014” assure Yousri Dachraoui, directeur d’agence chez Eurovia. L’autre bonne nouvelle annoncée par Jean-Louis Fousseret en ce début d’an- née, c’est le coût final du tram. “Il sera en deçà du coût annoncé, pour l’ins- tant entre – 5 et – 10 % du coût ini- tial” sourit Jean-Louis Fousseret pour tenter de convaincre ceux qui annon- cent toujours des dérapages financiers. Un tram plus rapidement exécuté et moins cher que prévu, voilà de solides arguments à l’approche des échéances électorales de 2014. J.-F.H.

RÉACTION

TROIS QUESTIONS À… Pascal Gudefin : “ Les entreprises vont renforcer les moyens mis en œuvre”

“I l n’y a pas plus de pression que sur les autres chantiers. Nous devons terminer dans les délais que nous tiendrons. En ce qui nous concerne, notre lot sera achevé en 2014. L’année qui s’annon- ce est très importante puisqu’on va ren- forcer nos effectifs sur le chantier du tramway comme cela était prévu au L’entreprise Bonnefoy de Saône travaille sur le chantier du tram. Frédéric Bonnefoy confirme que le calendrier sera tenu. “Nous tiendrons les délais”

Le coordinateur du chantier tram pour l’agglo explique la prouesse de

la pose des lignes aériennes de contact, on leur a demandé d’installer leurs équipements avant même que la pose des voies soit terminée. Tous ces tableaux posés bout à bout et mis en musique font gagner six mois. L.P.B. Les fronts de chantier vont-ils se mul- tiplier encore ? P.G. : Oui. Actuellement, nous avons deux fronts de pose des rails sur le lot Infra 1 et deux autres sur le lot Infra 2. À partir du premier semestre, on va passer à six fronts, un de plus sur chaque lot.C’est comme ça aussi qu’on pourra gagner le temps annoncé. Propos recueillis par J.-F.H.

de circulation en juin dernier, ce qui vous a valu des critiques, mais ainsi onpeut faire les travaux du tramavant le chantier qui vient de démarrer devant la gare, qui était censé démar-

rer plus tôt. Plutôt que de passer après, on est passé avant. Nous avons aussi demandé àTransdev d’anticiper la formation des futurs conducteurs du tram et d’avancer le calen- drier des essais.Même chose pour les entre- prises qui réaliseront les carrefours à feux et

gagner six mois sur le calendrier.

“Anticiper la formation des futurs conduc- teurs.”

L a Presse Bisontine : Comment expli- quer que du jour au lendemain, on gagne six mois ? Pascal Gudefin : Comme l’ont dit les entreprises, la plupart d’entre elles vont mettre beaucoup plus demoyens humains et logistiques qu’en 2012. Pour un coût qui reste le même au final pour le maître d’ouvrage. On a incité les entreprises à mettre à pro- fit tous les gains réalisés ces derniers mois (donc ce n’est pas du jour au len- demain), ce qui fait autant demarges non consommées car nous n’avons pas eu de mauvaises surprises. Sur Infra 1,cela s’est traduit par une vraie accé- lération du chantier depuis le mois de juin dernier et sur Infra 2, c’est à partir de ce mois de janvier que les entreprises vont renforcer lesmoyens mis en œuvre. L.P.B. : C’est donc bien l’agglo qui a pous- sé pour que les choses avancent plus vite ? P.G. : Nous avons aussi fait en sorte de mettre à disposition des sites plus vite que prévu initialement. Par exemple, celui de la gare.On a fermé deux voies

planning. Jean-Louis Fousseret peut être serein, car les prix sont entre 5 et 10 % en dessous des estimations. Néanmoins, on ne connaît pas préci- sément à ce jour le mon- tant final de la facture. Il est trop tôt pour dire où nous allons atterrir. Les comptes seront faits

“L’après- tram nous inquiète.”

à la fin du chantier. Ce qui nous inquiè- te aujourd’hui, ce n’est pas le tram mais ce qui se passera après. 2014 nous fait peur. Ce sera une année d’élection et le tram sera en cours d’achèvement. On ne croit guère que des gros chan- tiers d’État comme l’aménagement de la R.N. 57 entre École-Valentin et Deve- cey, sortiront des cartons alors qu’ils sont extrêmement importants pour l’Ag- glo. Il faut que les donneurs d’ordre prennent le relais et engagent des chan- tiers, sinon l’après-tram risque d’être terrible pour la profession.”

Pascal Gudefin, le M. Tram à Besançon.

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