La Presse Bisontine 140 - Février 2013

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Bisontine n° 140 - Février 2013

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ORNANS

Jean-François Longeot “Jacques Grosperrin est

l’homme de la situation”

L a Presse Bisontine : Le 28 décembre, la délibération datant du 26 sep- tembre instituant la taxe sur la consommation finale d’électricité au coefficient maximum a été annulée. Résultat, on ne change rien. Les 130 communes du Doubs de moins de 2 000 habitants qui appli- quaient la taxe continueront à le faire et les autres attendront. En tant que président du Syded, vous n’avez pas le sentiment que le débat qui a eu lieu ces dernières semaines autour de cette taxe a fait beaucoup de bruit pour rien ? Jean-François Longeot : Tout le débat est caduc et ça commence fran- chement à être agaçant. Je me suis fait démolir pour mes prises de position par certaines personnes. Je ne veux plus à voir à prendre de décisions sur ce sujet. L.P.B. : Des membres du Syded vous soupçonnaient de manœuvrer dans ce dossier de manière à vous attirer la sympathie des élus en vue des prochaines sénatoriales. Que leur répondez-vous ? J.-F.L. : Si j’avais travaillé par intérêt personnel dans cette his- toire, j’aurais proposé que la taxe soit reversée en intégralité aux communes afin de contenter les élus qui votent aux sénatoriales. Or, ce n’est pas ce que je dis puisque mon intention était au contraire de ne pas reverser en totalité la taxe aux communes mais d’en provisionner une part pour le Syded. L.P.B. : Dans le cadre d’une loi sur le non-cumul des mandats, vous auriez donc à faire un choix entre vos futures fonctions ? J.-F.L. : Si je suis élu sénateur et président du Conseil général du Doubs, je ferai ce choix. À l’évidence, je privilégierai le mandat de président du Conseil général, et je resterai conseiller municipal à Ornans. Par ailleurs, si je ne devais être que sénateur, je conser- verais un mandat de conseiller municipal. J’abandonnerais celui de maire. L.P.B. : Vous êtes donc favorable à une loi sur le non-cumul ? J.-F.L. : Ce n’est pas du cumul des mandats qu’il faut discuter, mais du cumul des mandats d’exécutif. Un député ou un séna- teur peut à mon sens cumuler sa fonction avec celle de conseiller municipal “de base”. Si nos parlementaires avaient un mandat local dans une commune, ils voteraient sans doute moins d’âneries. À mon sens, il ne faut pas légiférer sur le non-cumul. Cela doit être une affaire de conscience personnelle. Je me demande com- ment un élu qui cumule des mandats exécutifs peut passer d’une session budgétaire sur la loi de finance de l’État à un problème rencontré par un maire dans une petite commune. nom, l’élu U.M.P. porte un regard critique sur la réforme des collectivités territoriales et ne cache pas ses ambitions politiques. Maire d’Ornans et conseiller général du canton du même

Jean-François Longeot : “J’ai toujours été très attentif au tissu industriel.”

aux Français, il faut en faire à tous les niveaux. Cette réforme des collectivités territoriales est nécessaire mais elle ne sera effi- cace que si on passe de 100 Départements à zéro et de 22 à 15 Régions. L.P.B. : De l’extérieur, la région d’Ornans paraît enclavée. Pourtant vous avez deux grandes entreprises, Guillin et Alstom, qui ne parlent pas de délocali- sation et tant mieux. D’où vient cet attachement à Ornans ? J.-F.L. : Mon premier souci est de préserver ce territoire. Le second est à travers la communauté de communes du pays d’Ornans, de pouvoir travailler sur deux axes. L’axe économique sur le pla- teau de Tarcenay et l’axe touristique sur la Vallée de la Loue. Notre force est que nous parvenons à lier l’économie, l’industrie et la beauté des paysages qui ne sont pas mités. J’ai toujours été très attentif au tissu industriel. Ornans compte 4 200 habitants et 2 200 emplois. Mais je reconnais que si des entrepreneurs com- me Guillin n’étaient pas nés dans la vallée de la Loue, ils seraient sans doute mieux à deux pas d’une autoroute. À ce titre, je suis navré de voir que le Conseil général n’est pas capable de construi- re des axes routiers aussi importants que la R.D. 1 qui relie la nouvelle gare T.G.V. L.P.B. : Vous n’êtes pas tendre avec la majorité en place. Pour autant vous devez à Claude Jeannerot le nouveau musée Courbet d’Ornans. C’est un point positif non ? J.-F.L. : Je reconnais que Claude Jeannerot a su valoriser Cour- bet. Localement on ressent l’impact. Je ne peux en dire que du bien. Entre 90 000 et 100 000 entrées, c’est du développement. J’ajoute qu’à Ornans, pour redresser le commerce, nous avons mis en place une politique de métiers d’art qui fonctionne. Propos recueillis par T.C.

te. Le prochain candidat devra avoir une ambi- tion économique pour cette ville. Moi je suis effa- ré que l’on soit en train de réaliser un audit sur l’hôpital Saint-Jacques, comme si on avait appris il y a trois jours que cet ensemble immobilier de cœur de ville était à vendre. L.P.B. : En tant que conseiller général du canton d’Ornans, êtes-vous toujours favorable à la réforme des collectivi- tés territoriales que le président Hollande a remaniée. Par exemple, on ne parle plus de la suppression des Départe- ments, et les conseillers territoriaux disparaissent ? J.-F.L. : Oui, cette réforme doit passer. Mais celle qui se dessine est une fumisterie. On laisse en

L.P.B. : Le président du Conseil général Claude Jeannerot (P.S.) cumule des mandats exécutifs. Que lui dites-vous ? J.-F.L. : Il a de la chance d’avoir au Conseil général d’excellents services. C’est pour cela que ça fonc- tionne. Mais à cumuler des mandats exécutifs, l’élu fini par être partout et nulle part. L.P.B. : A Besançon, la droite pense qu’en 2014 elle a des chances de gagner les municipales. Qu’en pense le maire d’Ornans ? Avez-vous un candidat pour la droite ? J.-F.L. : Pour gagner la ville de Besançon, il faut une équipe. Pour ma part, j’ai été élu maire d’Ornans car des gens m’ont soutenu, accompagné et m’ont fait élire. Selonmoi, Jacques Grosperrin est l’homme de la situation pour Besançon. Il le deviendra tota- lement s’il a derrière lui une vraie équipe capable de dynamiser la liste. Cette ville de Besançon a besoin d’un vrai leader qui arrête de faire de l’électoralisme et qui prenne les choses en main sur les infrastructures et le développement éco- nomique. L.P.B. : La ville de Besançon manquerait-elle de dynamis- me ? J.-F.L. : “Besançon la belle endormie”, cela ne me fait pas rire. Nous ne pouvons pas avoir un terri- toire dynamique sans une capitale régionale for-

“Passer de 100 Départements à zéro et de 22 à 15 Régions.”

“On crée tous les jours dans ce pays des “machins.”

place les Régions et les Départements en nous promettant que les compétences de chacun seront clarifiées. En attendant, dans le Doubs on va passer de 35 à 36 conseillers généraux, 18 hommes et autant de femmes, suite à un redécoupage des cantons. Quel- le économie ! Toutes les compétences fortes iront à la Région, et nous, nous serons 36 à gérer des questions sociales. Je déplore que la réforme initiée par Nicolas Sarkozy ait été vidée de sa substance. Si en Franche-Comté les quatre Départements avaient été regroupés avec la Région nous allions faire de vraies économies et pas seulement en nombre d’élus. Il n’y avait plus lieu d’avoir quatre agences économiques ou quatre comités dépar- tementaux du tourisme. C’est tout de même extraordinaire, on crée tous les jours dans ce pays des “machins” mais on est inca- pable d’en supprimer. Mieux, avec ce mille-feuille, on a trouvé le moyen de diluer les responsabilités et nous n’avançons pas. Mon- ter un dossier économique par exemple prend un temps fou. Dans le contexte actuel, lorsqu’on est capable de demander des efforts

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