La Presse Bisontine 140 - Février 2013

ÉCONOMIE

La Presse Bisontine n° 140 - Février 2013

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FONTAIN

Mobilier contemporain Ibride déride le design Installé à Fontain, l’atelier de création Ibride crée du mobilier contemporain qui est commercialisé dans 500 points de vente

à travers le monde. Regard sur une entreprise du Grand Besançon qui a de la suite dans les idées.

S ur le marché du desi- gn , elle est considérée un peu comme un ovni. Sa singularité, l’entreprise Ibride de Fontain l’a modelée au fil du temps en concevant du mobilier contem- porain au caractère incompa- rable. “Depuis le départ, nous avons cherché à créer un lien affectif entre l’objet du quotidien et son utilisateur” explique Cari- ne Jannin, éditrice, qui a fondé l’atelier de création en 1996 avec Benoît et Rachel Convers, res-

pectivement designer et gra- phiste. Ce lien, le trio l’a tissé en pui- sant son inspiration dans lemon- de animal. Ainsi sont nées des collections de meubles zoo- morphes comme une biblio- thèque ours et la console mura- le autruche ou pur-sang. Dans cette série, “seul le corbeau n’a aucune utilité” sourit Benoît Convers. Entre leurs mains, les plateaux de cuisine sont devenus des cadres à accrocher au mur que l’on élèverait presque au rang d’objets d’art. Ils sont comme des peintures représentant des ancêtres en costume mais qui ont le visage d’un lapin, d’un singe ou d’un chat. Cette per- sonnification de l’animal se retrouve aussi dans la série des Dandys, des bibliothèques murales qui affichent en faça- de des portraits charmeurs et tourmentés empruntés à la lit- térature comme Rastignac (Bal- zac “le Père Goriot”). “On ne fait pas juste du décor, mais on construit un univers qui touche les gens” explique Benoît Convers. D’autres objets sont une invitation au voyage com- me ce service de six pièces de table qui une fois empilées for- ment un vase ming. Tous les objets sont numérotés et accom- pagnés d’un certificat d’authenticité qui atteste de l’origine du produit. Avec cette ligne éditoriale, Ibri- de séduit le monde entier. Ses produits sont présents dans 500 points de vente à travers lemon- de, en Europe évidemment,mais aussi enAustralie, à Singapour, au Koweït, en Nouvelle Calé- donie, en Égypte ou encore au Brésil. “60 voire 70 % de nos objets sont vendus à l’export. Nous sommes très sélectifs sur les points de vente qui nous dis- tribuent. Ils doivent avoir une identité propre qui se différen- cie des autres. Ce sont des maga- sins qui offrent à leur clientèle

un certain art de vivre” explique Carine Jannin. Un des marchés les plus en poin- te est le celui de la Chine, un pays où le style Ibride est parti- culièrement apprécié. Qui sait, peut-être que cette entre- prise du Grand Besançon finira par apporter sa griffe à l’épopée du design. “Ce

Benoît Convers, designer et

co-fondateur de la société Ibride (crédit photo : The Glint). www.ibride.fr

Une série de meubles zoomorphes.

serait une vraie réussite de par- venir à faire un ou deux objets qui deviendraient des classiques avoue l’éditrice. Dès qu’on sort un objet, on pense toujours un peu à cela, notamment lorsqu’on a sorti l’ours bibliothèque et le vaseming.” Benoît Convers espè- re quant à lui que ces objets auront “une valeur d’estime suf- fisamment forte pour qu’ils se transmettent d’une génération à l’autre.” Signe d’une reconnaissance de ses pairs sans doute, Ibride a reçu une commande de la part de l’équipe de Philippe Starck, qui a choisi quarante de ses images servant de support à ses collections pour décorer un hôtel à Panama.Dans lemétier, toutes les sociétés ne peuvent pas se targuer d’avoir dans leurs réfé- rences le maître du design him- self. Pour autant, dans la P.M.E. de Fontain qui emploie 13 per- sonnes, on ne prend pas la gros- se tête. L’entreprise poursuit son bonhomme de chemin dans la création. Elle sera présente au salon Maison et Objet qui se tiendra à Paris du 18 au 22 jan- vier, un rendez-vous incontour- nable. En parallèle, Carine Jan- nin et ses acolytes travaillent sur un projet d’extension du site de Fontain pour la rentrée de septembre. T.C.

BESANÇON

Pour les entreprises Factures impayées : la solution du cabinet de recouvrement Beaucoup d’entreprises ont tendance à passer en perte des factures impayées. Elles n’osent pas solliciter les services d’un cabinet de recouvrement qui augmentera leur chance de récupérer leur argent. Le point, à Besançon, avec l’un d’eux : le C.R.P.A.

E n France, environ un tiers des dépôts de bilan sont liés à des fac- tures impayées. Sans doute que beaucoup d’entre eux auraient pu être évités si l’entreprise avait fait inter- venir à temps un cabinet de recouvre- ment. Mais voilà, solliciter un média- teur qui se charge de faire exécuter la facture pour votre compte, n’est pas complètement entré dans les mœurs du commerce dans notre pays. “Les gens ont peur de notre intervention, car ils redoutent de perdre leur client. Pour- tant il n’y a pas à traîner. Plus on attend, et moins on a de chance d’être payé. Plus le temps passe et plus une per- sonne de mauvaise foi va trouver des arguments pour ne pas payer la factu- re. Il y a des professions dans lesquelles on patiente jusqu’au bilan pour traiter les impayés. C’est trop tard alors que le délai normal est de 30 jours fin de mois pour se faire régler. Aujourd’hui, le principal banquier des grands groupes, ce sont leurs fournisseurs. Il y a délais de paiement en France qui ne sont pas respectés, et les pénalités de retard sont rarement appliquées.Trop d’entreprises passent en perte des créances qu’elles pourraient récupérer” remarque Jacques Vieille, gérant du C.R.P.A. (contentieux, recouvrement, prévention action) à Besançon. Il est aussi administrateur de l’A.N.C.R., le syndicat national de la profession. Chaquemois, son cabinet, le plus impor- tant en Franche-Comté, traite 800 dos- siers de créances impayées d’un mon- tant moyen de 600 euros. 80 % sont des créances civiles (entreprise ou asso- ciation qui facture à un particulier) et 20 % sont des créances commerciales ( business to business ). Les contentieux sont très divers. “Cela va de la créan- ce médicale de faible montant (une cli- nique, un médecin, une mutuelle, un laboratoire qui demande des comptes

giner, la crise ne se traduit pas par une augmentation du volume d’activité du bureau bisontin. Au contraire, “elle nous a même fragilisés. Les entreprises qui avaient les moyens d’acheter l’ont fait. Celles qui ne les avaient pas n’ont pas bougé.” Moins d’achat, moins d’échanges commerciaux, et donc moins de contentieux, voilà pourquoi en 2010, les cabinets de recouvrement ont vu reculer de 20 à 25 % le secteur des créances commerciales, pendant que celui des créances civiles restait stable. En 2013, le C.R.P.A. va élargir son acti- vité et proposer aux entreprises un ser- vice comptable dédié qui suivra les fac- tures à partir dumoment où elles seront émises et relancera les créanciers. Une tâche à laquelle les responsables de T.P.E. et de P.M.E. pris dans le rythme du quotidien, ont souvent peu de temps à accorder. T.C.

à un patient), à l’industrie en passant par l’agro-alimentaire, les banques ou les écoles privées lorsque des familles ont des difficultés à payer les frais” ajoute Jacques Vieille. Pour le cabinet bisontin, la majorité des dossiers concernent donc des par- ticuliers qui peinent à honorer leur det- te. Un des postes qui plombent les finances des ménages est celui de l’énergie. “C’est très important. Nous sommes face à des personnes qui ne parviennent plus à payer leur facture de fioul. On les retrouve d’un distribu- teur à l’autre.” D’autres ménages ne parviennent pas à régler la facture du garage de 600 euros. En général, ce n’est pas par négligence ou par mau- vaise foi qu’ils ne paient pas. La plu- part du temps, ils n’ont pas les moyens de “tout payer en une seule fois” remarque Jacques Vieille. Lorsque le C.R.P.A. intervient dans un contentieux, il le fait donc avec tact. Les commerciaux de l’agence ne sont pas des huissiers et encore moins des cow-boys. Ce sont des médiateurs qui cherchent avec leur interlocuteur le moyen par lequel il va pouvoir combler sa dette, quitte à étendre le plan d’apurement sur plusieurs mois. La discussion est au centre de la démarche, que le débiteur soit un particulier ou une entreprise. “La négociation est notre force. Le fait que nous soyons neutres permet de déverrouiller plus facilement les situations. Résultat, 95 % des dos- siers sont traités à l’amiable. Les 5 % restant font l’objet d’une procédure judi- ciaire.” Pour le C.R.P.A. qui est rému- néré au résultat, il n’y a pas de petits dossiers. Il peut intervenir pour une facture de 100 euros. Au terme de son action, ce cabinet qui emploie 12 per- sonnes, atteint un taux de recouvre- ment de 80 %. Contrairement à ce que l’on peut ima-

Jacques Vieille

gérant du C.R.P.A. et son fils Nicolas qui se prépare à reprendre l’entreprise.

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