La Presse Bisontine 140 - Février 2013

ÉCONOMIE 30

La Presse Bisontine n° 140 - Février 2013

CULTURE

Peinture Hollande se ravise avant d’offrir un tableau de Courbet au président algérien Le tableau “La Biche morte” peint par Gustave Courbet n’a finalement pas été offert par la France au président algérien le 20 décembre dernier. Un conflit sur la propriété de l’œuvre volée au musée d’Oran court depuis 2001.

A vec les cadeaux, c’est tou- jours la même chose. Dif- ficile de faire plaisir. Trop petit, c’est se moquer du monde. Trop gros… ça ne

l’est jamais assez, surtout lorsqu’il s’agit d’un cadeau d’État. Imaginez que le présent offert par François Hollande à son homologue algérienAbdelaziz Bouteflika aurait

pu crisper une relation jusque-là “amicale”. Les faits remontent au voyage présidentiel du 20 décembre dernier en terre algérienne. Parti à Alger avec une déléga-

tion pléthorique de neuf ministres, d’élus, de patrons d’entreprise, le président Hollande est reçu en grande pompe, à coup de canons et d’hymnes nationaux. Comme le veut la coutume, il offre un pré- sent à Abdelaziz Bouteflika qui l’accueille et reçoit pour sa part un cheval pur-sang arabe. Le cabinet de l’Élysée qui avait prévu d’emmener dans les bagages du président le tableau de Gustave Courbet “La biche morte” a été rem- placé en dernière minute. L’œuvre, inestimable, allait sûrement faire plaisir mais jugée trop polémique, elle est restée en France. Depuis 2001, France et Algérie se disputent en effet la propriété de ce tableau, ce que confirme la conser-

vatrice en chef du musée Courbet à Ornans, FrédériqueThomas-Mau- rin. “Ce tableau a une certaine his- toire et une grande valeur” dit-elle. Volé au musée d’Oran (Algérie) en 1985, il réapparaît dans une ven-

que l’Algérie était française. Déjà confisquée en 1942 par les Allemands à une famille juive, “La biche morte” et son passé rocam- bolesque suscitent la convoitise. Il aurait fière allure au musée Cour- bet d’Ornans sachant qu’une expo- sition intitulée “Les chasses deMon- sieur Courbet” se poursuit jusqu’au 25 février. Mais “La biche morte” ne rejoindra pas le “Renard dans la neige”, peinture à l’huile (1860). En revanche, le Chêne de Flagey acheté par le Conseil général à un collectionneur japonais (4 millions d’euros) est annoncé de retour au pays. 136 ans après sa mort, Cour- bet suscite encore la controverse. Du grand art. E.Ch.

“La biche morte”, œuvre de Gustave Courbet, restera finalement en France.

te publique le 19 décembre 2001 à Paris, sous un autre nom “La mort du chevreuil”. Réquisi- tionné par la direc- tion des musées de France, il n’a plus quitté le sol français depuis 12 ans. Aujourd’hui, l’Algérie réclame ce tableau prêté au musée d’Oran alors

François Hollande ou la difficulté de choisir le bon cadeau (photo archive L.P.B.).

L’exposition “Les chasses de M. Courbet” jusqu’au 25 février.

Made with FlippingBook Online newsletter