La Presse Bisontine 140 - Février 2013

20 DOSSIER

La Presse Bisontine n° 140 - Février 2013

BAILLEURS SOCIAUX Grand Besançon Habitat Le parc social héberge 40 % de ménages pauvres Grand Besançon Habitat gère un tiers du parc

E ntre 22 et 27 millions d’euros investis chaque année dans l’entretien de son parc de loge- ments et pourtant, les 5 600 logements gérés par Grand Besançon Habitat sont loin d’être ruti- lants et attrayants. Pour preuve, il suf- fit de se promener sur la grande dalle en béton du quartier des 408 dont la réhabilitation au début des années 2000 a été ratée ou dans certains secteurs de Fontaine-Écu ou de Palente. L’entretien du parc est devenu un gouffre

financier, et que dire des constructions de nouveaux logements à l’heure où de surcroît, les banques sont de plus en plus frileuses à financer de telles opérations. “Jusqu’à maintenant, les banques acceptaient de financer l’intégralité des programmes neufs. Aujourd’hui, elles exigent un apport d’au moins 15 %, que nous devons prendre sur nos fonds propres” indique Michel Loyat, le président de G.B.H. Loin est le temps où la production d’un logement coûtait “seulement” 100 000 euros. “On est bien au-delà aujourd’hui, notamment à cause des fortes hausses du coût de la construc- tion, des normes thermiques, des normes d’accessibilité aux personnes handica- pées, sans parler du foncier dont le coût n’a pas cessé d’augmenter non plus” ajoute M. Loyat. Et selon Sylvie Fou- cher, la directrice générale de l’office public, “l’adaptation de l’offre aux besoins d’aujourd’hui est nécessaire et sur ce point, nous ne sommes qu’au début des “ennuis” notamment concernant les remises aux normes sur le plan éner- gétique.” Grand Besançon Habitat doit également faire face à “la précarité de plus en plus importante des ménages à laquelle nous devons nous adapter.” Alors que le parc social hébergeait en 1972 12 % de ménages pauvres, ce taux est passé à 40 % selon Patrick Kamoun, un historien spécialisé dans le loge- ment social qui intervenait le 19 décembre dernier à l’occasion des 60 ans de G.B.H. Si bien que “la pres- sion s’exerce sur le marché H.L.M. car les pauvres ou les jeunes ménages ne

locatif social de Besan- çon. Près de la moitié de son patrimoine se situe à Planoise. Se pose aujourd’hui la question de la pérennité de certains ensembles.

Sylvie Foucher, directrice générale de Grand Besançon Habitat, à la tête de 128 salariés.

chemin de Serre, 4 chemin des Tille- royes, 4 autres à Montferrand-le-Châ- teau. G.B.H. livrera cette année 63 loge- ments neufs. “Et nous avons encore des projets sur Témis, le site Vauban, les Vaîtes” ajoute Sylvie Foucher. Des opé- rations de réhabilitation vont également démarrer auxÉpoisses et rue de Franche- Comté et des études seront engagées cette année sur Ile-de-France et rue de Cologne. Une manière d’abord de répondre aux nouvelles demandes. “Notre parc est composé de 34 %deT4 alors que les T4 ne représentent que 17 % de la demande.” Mais aussi et peut-être sur- tout retrouver la mixité sociale presque totalement disparue, à l’image du quar- tier des 408 où plus personne n’accepte d’être logé. J.-F.H.

peuvent pas accéder à d’autres loge- ments que ceux-là.” Sur les 5 600 logements gérés par Grand Besançon Habitat, 43 % d’entre eux se situent à Planoise. Comme à Fontaine- Écu (voir ci-dessous), plusieurs collec- tifs de Planoise ont été démolis et Grand Besançon Habitat a démarré une série

de constructions de nou- veaux immeubles,mais cette fois, répartis sur l’ensemble de la ville et dans les communes du Grand Besançon : 14 logements nouveaux chemin de l’Espérance, 13 chemin des Justices, 14 autres chemin des Ragots, une vingtaine chemin des Vareilles, 8

63 logements neufs livrés cette année.

Les immeubles gérés par G.B.H. Com-

portent trop de T4 alors que la demande se concentre essentielle- ment sur des T2 et des T3.

FONTAINE-ÉCU

De nouveaux logements

Les démolitions démarrent en février Plusieurs immeubles gérés par G.B.H. à Fontaine-Écu vont subir le sort des pelleteuses dès le mois pro- chain. Quelques irréductibles ne voulaient pas partir.. D’ une grande barre de 180 logements, une tour de 58 logements, un petit bâtiment de 32 logements et un immeuble de 48 loge- ments, il ne restera au final que ce dernier. Le reste va être réduit en poussière. Grand Besançon Habitat entreprend la décons- truction des barres de Fontaine-Écu, construites le long du boulevard Churchill. C’est le petit bâtiment de 32 logements, le premier à avoir été libéré de tous ses occupants, qui sera démoli en premier. La tour

LA GRETTE

Pas encore de réhabilitation en vue 408 : comment réparer les erreurs ?

Au milieu des années quatre-vingt-dix, les grandes barres ont subi une vaste opération de réhabilitation. Quinze ans plus tard, le constat est implacable : c’est un échec.

S ur un total de quasiment 500 logements, plus d’une centaine sont désespérément vides. Et pas près d’être à nouveau habi- tés. Mais fataliste,Sylvie Fou- cher l’admet : “On n’a pas d’autre choix que de tenir enco- re quelques années. Avec le recul,on aurait procédé autre- ment.” En clair, pas d’argent pour réhabiliter à nouveau ce quartier et malgré les tra- vaux d’entretien entrepris tous les ans,laGrette ne chan-

suivra au printemps, puis la grande barre. Seul l’immeuble de 48 logements situé de l’autre côté du boulevard sera conservé. Dans un second temps, G.B.H. reconstruira de nouveaux logements, sur site et “tout le reste sera construit dans d’autres programmes répartis dans la ville.” Ces immeubles ont subi le même sort que ceux de la Gret- te, ils n’attiraient plus personne. Il y a pourtant des loca- taires qui ont refusé jusqu’au bout de partir. Certains ont donc été relogés dans le dernier immeuble qui subsistera. Il reste six familles dans la grande barre, irréductibles habitants qui craignent de devoir payer plus cher ailleurs. Certains d’entre eux ont reçu plus de douze propositions de relogements, toutes refusées. L’expulsion sera l’alternative extrême. J.-F.H.

avait fait le projet dès le milieu des années cinquan- te de construire de grands ensembles pour accueillir notamment des populations ouvrières. À ce moment-là, les quartiers Grette et But- te de Besançon présentent un tissu urbain essentielle- ment composé de maisons individuelles. C’est en 1959 que le site des “408” est iden- tifié. L’office public H.L.M. de Besançon, créé sept ans plus tôt, programme ainsi la constructionde 408 logements sous le nom de cité Brûlard répartis dans deux immeubles-barres. Ces deux premiers immeubles quasi identiques ont été construits en contreplaqué cimenté.Un troisième immeuble-barre sera édifié par la suite, por- tant le nombre de logements à 588. Entre 1993 et 1998, les 408 ont connu une opération de réhabilitation et de requali- fication. Une des opérations

Le long du boulevard Churchill.

Sur 500 logements, plus de 100 sont désespérément vides.

gera pas de visa- ge tout de suite. G.B.H. malgré tout a commen- cé à réfléchir à l’avenir de ce quartier qui traî- ne toujours sa mauvaise répu- tation, depuis des décennies. Face à une forte pression démo- graphique, la vil- le de Besançon

les plus symboliques a consis- té à écrêter le bâtiment 2 qui présente aujourd’hui une for- te pente et un aspect trian- gulaire. “Il faut bien admettre que l’imposante masse physique de ces immeubles, la concen- tration d’un nombre très important de logements dans un périmètre relativement restreint,l’aspect“cages à pou- le” de ces trois grandes barres

sont de nature à amplifier encore l’image négative de Brûlard” pouvait-on lire dans un compte-rendu du conseil municipal de l’automne 1992, avant la décision de réhabi- liter la cité.Malgré cette pri- se de conscience, les élus à l’unanimité avaient approu- vé le projet architectural rete- nu, qui n’aura suscité l’approbation que sur le papier.

“L’aspect “cages à poule” de ces trois barres.”

Dans la grande barre de 180

logements, encore six familles vivent.

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