La Presse Bisontine 139 - Janvier 2013

ÉCONOMIE 38

La Presse Bisontine n° 139 - Janvier 2013

B.T.P.

Le bâtiment inquiet pour son avenir 34 entreprises liquidées, 714 emplois supprimés en 6 mois

Dans le Doubs, le secteur du bâtiment et travaux publics se grippe en raison de la crise et de la contagion de la concurrence déloyale. Si les entreprises de Besançon se maintiennent, 2013 n’augure rien de bon.

U n vœu pour 2013 ? “Que toutes les entreprises du bâtiment en Europe soient sur la même base de taxe sociale et de charges fis- cales” lâche le président de la Fédération du bâtiment du Doubs. Son vœu, Pierre Genzi le sait utopique mais en pleine tourmente économique traver- sée par son secteur, le président espère encore. Depuis 2012, le bâtiment va mal, rongé par la crise et une “concurrence déloyale” à laquel- le le département du Doubs est épargné même si ce dernier vient de perdre 714 emplois entre avril et septembre der- nier sur un total 9 354 postes hors intérim et a vu le nombre de liquidation d’entreprises grimper de 40 % par rapport à 2011. 34 entreprises du Doubs ont en effet été liquidées par le tribunal de commerce et 21 sont en redressement judiciaire (sour- ce : caisse des congés deMâcon). Entre le Jura, l’Ain, la Saône- et-Loire, le département du Doubs possède le plus mauvais chiffre. Triste bilan. Et ce pourrait être encore pire si notre voisine n’était pas la Suisse mais l’Espagne. “C’est en effet dans ce secteur des Pyré- nées qu’une véritable concur- rence déloyale s’établit. Les Espa- gnols cassent le marché…” explique le président de la Fédé- ration du bâtiment et travaux publics du Doubs. “Or, ce ne sont pas les Suisses qui viennent démarcher chez nous… Nous avons encore des difficultés à

Dans le Doubs, 9 354 salariés travaillent dans le secteur du B.T.P. (chiffre de sep- tembre 2012). C’est 714 de moins qu’en avril dernier indique Pierre Genzi, le président de la F.F.B. du Doubs.

ce que nos entreprises puissent tra- vailler là-bas du fait des contraintes” ajoute la fédé- ration du B.T.P. qui regroupe une partie des entreprises du secteur. La conjoncture est encore moins bonne pour le secteur de Montbé-

21 en redressement judiciaire.

liard, “ Besançon parvenant à se maintenir alors que le Haut- Doubs est préservé” témoigne Jean-Claude Reichard, secré- taire général de la Fédération. En période de tension, c’est bien le travail au noir qui pourrait croître, d’autant qu’un projet de loi prévoit de réévaluer le taux de T.V.A. à 10 % pour les travaux de rénovation. Sur le travail au noir, les profession- nels ne se prononcent pas.Aucun chiffre n’est disponible. Per- sonne n’est dupe : avec la fin du dispositif des heures sup- plémentaires, certains employés ont recours à l’illégalité. Mais ce qui agace les professionnels, c’est bel et bien le statut d’auto- entrepreneurs, jugé comme “une autre concurrence déloyale.” Toutes les sociétés sont tou- chées par la crise : de la plus petite jusqu’aux grands groupes. 2013 pourrait achever les plus fragiles. E.Ch.

SECOURS L’hélicoptère de la Rega Quand les Suisses volent au secours des Français Environ trente fois par an, l’hélicoptère de la Rega, l’équivalent de la sécurité civile en France, intervient dans le Doubs à la demande du S.A.M.U. Ces missions se déroulent dans le cadre d’un accord transfrontalier qui date de 1982.

D ans le cadre d’un accord trans- frontalier entre nos deux pays, les secours suisses peuvent intervenir en France et inver- sement. Ce fut encore le cas récem- ment Doubs. L’hélicoptère de la sécu- rité civile étant appelé ailleurs, le S.A.M.U. a demandé l’intervention de l’appareil de la Rega (garde aérienne suisse de sauvetage), pour transpor- ter un patient jusqu’au C.H.U. de Besan- çon. “Lorsque nous nous déplaçons dans le Doubs, la plupart des inter- ventions sont menées à partir des bases de la Rega de Genève, Lausanne ou Bâle en raison de leur proximité géo- graphique avec ce département. Cela représente en moyenne une trentaine de missions par an” indique la direc- tion de la Rega.

taires françaises, que l’appareil de la sécurité civile par les Suisses. La Rega l’explique. “En théorie, votre hélicoptère de la sécurité civile pourrait être sol- licité pour des missions en territoire français. Mais compte tenu de la den- sité de l’offre sanitaire suisse en matiè- re de sauvetage héliporté, rares sont les cas recensés jusqu’à aujourd’hui.” Reste la question du coût de ce servi- ce. Qui supporte les frais de l’intervention d’un appareil suisse sur le territoire français, pour transpor- ter un blessé au C.H.U. de Besançon par exemple ? “Il y a une règle qui s’applique. Pour un patient français, le S.A.M.U., mandant de la mission, prend en charge l’intervention respec- tant ainsi le principe de gratuité du secours en France. Pour un patient suis- se, la facture est adressée directement à son assurance-maladie. Si le patient en question fait en plus partie des dona- teurs de la Rega, les coûts d’intervention non couverts par son assurance seront pris en charge par la Fondation sui- vant le principe de solidarité” précise encore la direction de la garde aérien- ne suisse de sauvetage. En effet, la Rega n’est pas un service d’État, mais une Fondation créée en 1952 qui agit selon les principes de la Croix Rouge. Il s’agit donc d’une orga- nisation privée qui assure une mis- sion de service public. Elle vit princi- palement grâce aux soutiens de donateurs (ils sont 2,4 millions). Le total des dons s’élève à 80 millions de francs suisses sur un budget de 140mil- lions de francs suisses. Ce service de secours aérien dispose de 13 bases réparties sur tout le territoire helvé-

tique. En 2011, la Rega a mené 14 240 missions, dont environ 11 000 missions en hélicoptère, et plus de 1 000 rapa- triements vers la Suisse grâce à trois avions-ambulances qui sont de véri- tables unités de soins intensifs volantes. Cette année, la Garde Aérienne Suis- se de Sauvetage fête ses 60 ans.

Cet accord de coopéra- tion dans le domaine du sauvetage aérien exis- te depuis 1982. Il porte aussi bien sur des mis- sions primaires (inter- vention sur le lieumême de l’accident), que sur desmissions secondaires (transferts inter-hospi- taliers de la France vers la Suisse principale- ment). En vertu de ce dispositif, la Rega peut être amenée à interve- nir non seulement dans le Doubs, mais égale- ment dans le Jura et le Territoire de Belfort. L’hélicoptère helvétique est plus souvent sollici- té par les centrales sani-

Un budget de 140 millions de francs suisses.

L’hélicoptère suisse de la Rega inter- vient dans le Doubs, le Jura et le Territoire de Belfort à la demande du S.A.M.U. (photo D.R.).

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