La Presse Bisontine 139 - Janvier 2013

22 DOSSIER

La Presse Bisontine n° 139 - Janvier 2013

RELIGION CATHOLIQUE La dégringolade des mariages La pratique religieuse est en baisse générale De moins en moins de pratiquants, de moins en moins de sacrements, de moins en moins de de vocations. Tel est l’implacable constat de la pratique religieuse dans le diocèse de Besançon. L’Église catholique, dont les revenus baissent de facto, doit s’adapter.

Le père Georges Mesnier,

chancelier du diocèse de Besançon, tient à jour les statistiques de l’Église.

P ersonne, dans le diocèse de Besançon, ni même au sein des unités pas- torales ne tient de sta- tistique précise sur la fréquen- tation des églises. À part lors d’événements exceptionnels,com- me ce fut le cas par exemple en juin dernier lors de la béatifi- cation àMicropolis du père Jean- Joseph Lataste, ou à l’occasion de certaines cérémonies d’obsèques, les églises bisontines sont rarement pleines. Il y a encore trente ans, on estimait à 10 % des chrétiens d’un secteur se rendant régulièrement à la messe du dimanche. “Ces chiffres se sont dégradés. Selon les sec- teurs, les chiffres oscillent entre 5 et 10 % des baptisés” estime le père Georges Mesnier, le chan- celier du diocèse basé rue de la Convention à Besançon. La fau- te à qui ? “À la globalisation de la sécularisation, de la laïcisa- tion. La société se construit désor- mais sans référence àDieu” avan- ce le prêtre. Si la pratique est en baisse régu-

lière, les sacrements le sont aus- si. En trente ans, les statistiques ont fondu comme neige au soleil (voir tableaux plus loin). En ce qui concerne les baptêmes, ils sont passés de 6 198 en 1980 à 3 361 en 2011, près de deux fois moins en trente ans. “Le baptê- me est de moins en moins fré- quent mais il devient plus une adhésion personnelle. Les parents qui font la démarche s’impliquent vraiment.Tout comme les adultes qui sont plus nombreux qu’avant à demander le baptême. Dans notre diocèse, ils représentent

celier, notamment chargé de suivre les statistiques. Le nombre de confirmations est à l’avenant, passant d’un millier au début des années quatre-vingt à 425 en 2011. Dans ce registre peu reluisant, seules les funérailles religieuses se maintiennent : 4 545 en 1981, 4 216 en 2011. “C’est ce qu’il y a de plus stable…” sourit le père Mesnier. Alors comment enrayer ce phé- nomène ?Même si l’Église catho- lique “ne cherche pas à faire du chiffre” poursuit le père Mes- nier, elle doit pourtant s’adapter à la baisse de la pratique reli- gieuse, à tous points de vue, y compris financier. Le denier de l’Église a encore enregistré une baisse d’1,59 % l’an dernier. Cet- te ressource basée sur les dons des chrétiens assure 75 % des recettes du diocèse (le reste, ce sont les dons et les legs). Dans ce contexte, selon les représen- tants du diocèse de Besançon, l’Église se doit d’être “vraie, modeste et à l’écoute des gens. L’Église ne baisse pas les bras,

moins le Pays deMontbéliard et toute la Haute-Saône, moins le secteur de Lure), ils ne sont plus que 210 aujourd’hui. Paradoxalement, à une époque où la perte des repères semble généralisée, la fréquentation des pèlerinages ou encore les retraites dans les monastères, sont, elles, en augmentation. Pour le père Mesnier, le nouveau rôle de l’Église est “d’adapter notre paro- le aux gens qui n’ont pas l’habitude de l’entendre. On s’efforce à le faire systématique-

elle se doit d’être malgré tout une Église qui vit la charité. Dans un contexte où la société n’est plus chrétienne, nous devons essayer de vivre en chrétiens. Nous n’avons aucune leçon à donner à quiconque, notre mis- sion n’est pas de faire du nombre, mais il faut évidemment que l’on s’adapte à ces changements.” L’hémorragie est tout aussi dra- matique en ce qui concerne le nombre de prêtres : ils étaient 670 en 1980 sur le territoire du diocèse (il couvre tout le Doubs,

ment dans les grands rassem- blements ou lors de funérailles qui rassemblent beaucoup de monde. Il est impératif que nous arrêtions d’avoir l’air de faire la morale aux gens. C’est aussi cela le changement à opérer” note avec lucidité le chancelier du diocè- se. Pour l’instant, les froides sta- tistiques ne plaident guère en la faveur de cette Église qui tente d’aller à la reconquête de ses ouailles perdues. Un sacerdoce à part entière. J.-F.H.

entre 100 et 200 baptêmes par an.” Les chiffres sont pires encore pour lesmariages : 2 368 unions religieuses ont été célébrées en 1981 sur le diocè- se de Besançon, elles n’étaient plus que 713 l’an der- nier. “C’est la dégringolade tota- le” constate le chan-

Sacrements et vocations en baisse constante (Source diocèse) Population Baptêmes Mariages Confirmations Prêtres Religieuses 1980 520 300 6 198 2 368 670 1985 6 106 1 882 603 1 140 1990 534 835 5 537 1 904 934 536 960 1995 5 039 1 535 361 426 784 2000 552 790 4 648 1 440 742 356 672 2005 4 054 992 331 277 465 2010 575 115 3 466 804 494 233 425 2011 593 729 3 361 713 425 223 415

670 prêtres en 1980, plus que 210 aujourd’hui.

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