La Presse Bisontine 139 - Janvier 2013

DOSSIER I

19 La Presse Bisontine n° 139 - Janvier 2013 L’ÉGLISE LÈVE LE VOILE SUR SON PATRIMOINE

Besançon, ville militaire, mais aussi cité religieuse. L’histoire a laissé dans la capitale comtoise de nombreux témoignages de ce patrimoine religieux. Une vraie richesse sans doute, mais aussi un far- deau pour ceux qui ont la charge de son entretien. Des milliers de mètres carrés de terrain et de fon- cier sont la propriété des autorités ou des congré- gations religieuses dans le Grand Besançon. L’entretien des églises obéit, lui, à des règles parti- culières nées de la vieille loi de séparation des Églises et de l’État. Dans la plupart des cas, c’est aux communes qu’il revient d’investir pour entrete- nir ce patrimoine. Le patrimoine de l’Église, ce sujet propice aux fantasmes, resurgit à nouveau alors qu’en cette période hivernale certaines voix s’élèvent, appelant l’Église à ouvrir les portes de leurs propriétés par solidarité envers les mal-logés. Moins riche qu’il n’y paraît, le diocèse de Besançon gère ce patrimoine avec une indispensable rigueur. Finances et patrimoine : les confessions de l’Église.

PATRIMOINE Diocèse de Besançon La difficile équation du budget

L’association diocésaine de Besançon dispose d’un budget de 2,8 millions d’euros pour entretenir son patrimoine et rémunérer son personnel civil et religieux.

a l’obligation de faire certifier son bud- get par un commissaire aux comptes. Ce budget st abondé en quasi-inté- gralité par le denier de l’Église (voir encadré) et quelques legs à hauteur d’environ 300 000 euros par an. Exemple à Besançon rue Andrey où le diocèse a hérité d’une maison proche de la cure. “Heureusement qu’on a les legs” avoue l’économe diocésain. Il arrive aussi régulièrement qu’un prêtre qui décè- de lègue ses biens, pour peu qu’il en ait, au diocèse. L’association diocésai- ne dispose aussi d’un petit “trésor de guerre” alimenté par les excédents que peuvent avoir les paroisses en fin d’année. “Mais on gère ces économies pour le compte des paroisses, pas pour notre propre compte.” Les économies du diocèse sont placées dans des pro- duits d’épargne, comme toute entre- prise. “Nous sommes un élément d’une multinationale qui a 2 000 ans et qui n’a pas encore fait faillite” termine opti- miste Denis Tournier. J.-F.H.

“N ous n’avons comme immo- bilier que ce qui est utile à la cause” affirme Denis Tournier, le nouvel éco- nome du diocèse. Sous-entendu : l’Église n’a ni patrimoine caché ni rente fon- cière qui viendrait gonfler ses comptes en banque. À ceux qui pensent encore que l’association cultuelle diocésaine de Besançon croule sous les ors, Denis Tournier oppose un démenti formel. “Le diocèse est riche ? Oui, riche de charges” répond le grand argentier avec malice. La plupart des bâtiments à vocation religieuse n’appartiennent d’ailleurs pas au diocèse, mais à des congréga- tions religieuses. L’école Saint-Bernard par exemple ? Les locaux appartien- nent à la congrégation des frères des écoles chrétiennes. La cathédrale Saint- Jean de Besançon ? C’est à l’État qu’elle appartient. L’église de la Madeleine ? Propriété de laVille. “À l’échelle du dio- cèse, nous sommes propriétaires d’une vingtaine d’églises, celles construites après 1905, et environ la moitié des presbytères communaux. Nous sommes obligés de garder des locaux qui sont nos relais paroissiaux. Nous ne gar- dons que ce dont nous avons besoin pour remplir notre mission” répète Denis Tournier. L’association diocé- saine possède également le site de la

normes ? Si les réponses ne sont pas évidentes, on n’hésite pas à se séparer de certains d’entre eux qui sont des charges trop lourdes” ajoute l’économe diocésain. Exemple récent sur Besan- çon : l’ancien cinéma l’Aiglon et les salles paroissiales adjacentes, situés à proximité de la cure des Chaprais, ont été vendus à un promoteur immo- bilier qui a construit un immeuble d’habitation à la place. Dans la tran- saction, l’association diocésaine a gar- dé le rez-de-chaussée de ce nouvel immeuble qui a pu abriter les nou- velles salles paroissiales, “que nous n’aurions jamais pu faire sans cette opération.” Une opération semblable a eu lieu dans le quartier Saint-Fer- jeux où le bâtiment qui abritait les salles paroissiales et le terrain atte- nant ont été vendus à un promoteur qui a réhabilité la bâtisse pour en fai- re des logements et a construit sur le terrain voisin un immeuble de deux étages. En contrepartie, le diocèse réin- vestira dans la maison paroissiale de Saint-Ferjeux. Même esprit quand le diocèse s’est séparé du site paroissial de Luxeuil en Haute-Saône. Dans l’immédiat, aucune autre opération de ce genre n’est programmée. “Il ne s’agit pas non plus de brader notre patri- moine. Quand on vend, on réinvestit les sommes dans l’amélioration d’autres biens. On ne vend pas non plus pour subvenir à nos déficits de fonctionne- ment. En résumé, on ne vend pas pour boucher les trous” ajoute Denis Tour- nier. Mais si le diocèse de Besançon se sépa- re régulièrement de certains de ses biens, c’est aussi pour baisser la voi- lure des charges inhérentes à leur entretien et pour tenir l’équilibre d’un budget annuel de 2,8 millions qui doit permettre d’honorer toutes les charges de personnel (religieux et civil) et d’aider les services et mouvements religieux. L’association diocésaine salarie une cinquantaine de personnes. Depuis 2005, l’association diocésaine

Marne à Montferrand- le-Château, le site de Saint-Colomban à Luxeuil, l’escale jeunes située vers Saint-Jean, l’archevêché où est logé Monseigneur Lacram- pe et où sont hébergés les services adminis- tratifs du diocèse, ain- si que l’immense centre diocésain de la rue Mégevand. “Nous nous posons toujours cette question : ces biens sont- ils utilisés, à quelle fré- quence, sont-ils aux

“Heureuse- ment qu’on a les legs.”

Denis Tournier est le nouvel économe du diocèse. C’est lui qui détient les cordons de la bourse.

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