La Presse Bisontine 138 - Décembre 2012
ÉCONOMIE
La Presse Bisontine n° 138 - Décembre 2012
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HORLOGERIE
Péquignet vers des jours meilleurs
“Ce qui a manqué jusqu’à présent, c’est la rigueur et la bonne gestion” Le nouveau président du directoire de Péquignet, Laurent Katz, s’explique sur la situation de l’entreprise horlogère mortuacienne qui sort de la procédure de redressement judiciaire. Il parle des projets et de la stratégie à adopter pour que cette société renoue avec la croissance. Son propos est pragmatique, réaliste, sans esbroufe.
L a Presse Bisontine : Com- me Philippe Spruch, vous faisiez partie de la direc- tion de la société LaCie spé- cialisée dans la fabrication de disques durs qui appartient désor- mais à Seagate. Par quel chemin êtes- vous arrivés à l’entreprise Péquignet ? Laurent Katz : Par un article paru dans Le Figaro dans lequel on appre- nait que la société Péquignet était en redressement judiciaire. Philippe Spruch cherche les entreprises qui ont un savoir- faire précis. Nous avions tous deux déjà entendu parler de cette marque horlogère. J’ai donc envoyé un mail à Didier Leibundgut. Nous sommes venus le rencontrer à Morteau. C’était au mois de mai. L.P.B. : L’informatique et l’horlogerie sont deux mondes différents. Qu’est- ce qui vous a intéressé dans cette entreprise ? L.K. : Ce qui nous a intéressés, c’est la manufacture, françai- se, capable de produire plu- sieurs milliers de montres. Péquignet a par ailleurs une culture horlogère et une his- toire à raconter. L.P.B. : LaCie est un exemple de suc- cès économique. Pouvez-vous trans- poser les ingrédients de cette réus- site à l’entreprise Péquignet pour qu’elle renoue avec la croissance ? L.K. : En fin de compte, ce qui manque à Péquignet, ce n’est ni la créativité, ni le savoir-fai- re. Ce qui a manqué jusqu’à présent, c’est la rigueur et la bonne gestion que nous avions, nous, chez LaCie. C’est sur la rigueur que je peux apporter mon savoir-faire et pas sur le côté technique du Calibre Royal à complications. Nos collabo- rateurs sont compétents pour cela. L’enjeu est d’être une entre- prise fiable aux yeux de nos fournisseurs, de nos distribu- teurs et de nos clients. C’est ce qui nous permettra d’être pérennes dans le temps. Un chantier de fond est en cours pour renforcer notre crédibili- té. Nous avons les bases puisque le travail de création a été fait autour des modèles, le marke- ting est là. Il n’y a plus qu’à fai- re, et à faire carré.
quer tous les composants d’un mouvement mécanique. Quand on peut faire fabriquer des pièces en France, on le fait. Les autres viennent de Suisse.Après tout, est-ce que l’on demande à Renault quelle partie de ses voi- tures est faite en France ? Non. Ce qui est important dans l’approche de la manufacture, c’est que nous ayons conçu le mouvement Calibre Royal, des- siné les plans, que nous l’ayons prototypé. Nous sommes allés jusqu’à élaborer l’outillage. Sur les 318 pièces qui composent ce mouvement, 316 sont fabriqués selon nos plans. Mais la pro- duction est faite en Suisse.Nous n’avons pas d’autre choix. En revanche, l’assemblage est fait en France. L.P.B. : Envisagez-vous néanmoins d’intégrer, un jour, un outil de pro- duction ? L.K. : On en parle en interne, mais il y a un vrai problème de coût. Il faudrait tellement de machines pour fabriquer toutes nos pièces. À un moment don- né, il faut savoir jouer dans sa catégorie. Nous ne sommes pas le groupe Swatch. L.P.B. : L’horlogerie est un secteur spécifique. Redoutez-vous une diffi- culté à vendre une montre mécanique Made in France, sur des marchés où règne le Swiss Made ? L.K. : Je le répète, ce mouvement
L.P.B. : Quel est votre calendrier d’actions ? L.K. : Le calendrier est raisonnable. Il nous faudra 24 mois pour asseoir la société. Nous travaillons actuel- lement à l’élaboration d’une nouvelle stratégie de communica- tion, à de nou- veaux sites web. Une réflexion est engagée sur les marques, les nou- veaux produits. On sait où on va et comment on y va.
Laurent Katz : “Il n’y a plus qu’à faire, et à faire carré.”
EN BREF
allons nous inscrire dans cette démarche. L.P.B. :Il semble que plusieurs montres mécaniques qui intègrent le mouve- ment Calibre Royal aient fait l’objet d’un retour au S.A.V. de l’entreprise. Confirmez-vous cette information ? Le mouvement a-t-il fait l’objet de modifications techniques ? L.K. : Il y a eu des problèmes techniques qui s’expliquent. Prise par des échéances finan- cières, l’entreprise Péquignet a dû commercialiser son mouve- ment mécanique un peu trop tôt. Mais si elle avait disposé de 8 mois supplémentaires pour apporter les ajustements néces- saires avant de lancer la com- mercialisation, les choses se seraient passées différemment. On ne peut pas nier qu’il y a eu des retours suite à un problè- me de fiabilité. Nous avons com- pris ce qui ne fonctionnait pas. Les plans ont été légèrement modifiés, on a corrigé ce qui devait l’être. L.P.B. : Pour prendre une dimension nouvelle et peut-être accélérer sa croissance, avez-vous envisagé d’adosser l’entreprise Péquignet à un groupe de luxe ? L.K. : Nous y avons pensé. Mais cela n’est pas à l’ordre du jour. Cette entreprise a les ressources nécessaires pour percer dans son domaine. Nous ne ferons pas d’ombre à Rolex ou à Patek Philippe, mais nous pouvons trouver notre place sur le mar- ché horloger. L.P.B. : Verra-t-on Péquignet sur les salons horlogers en 2013 ? L.K. : Non, nous ne ferons pas de salons. L’argent sera investi dans la communication et la sortie de nouveaux modèles. L.P.B. : Péquignet était une entrepri- se familiale animée par Didier Lei- bundgut. Quel rôle joue-t-il aujour- d’hui dans l’entreprise ainsi que ses
deux fils ? L.K. : Didier Leibundgut, qui incarne le mouvement Calibre Royal, s’occupe de la commu- nication et de la représentation à l’extérieur. Ses deux fils sont directeurs commerciaux. L.P.B. : Où en êtes-vous dans la pro- cédure de redressement judiciaire ? L.K. : Nous venons de sortir du redressement judiciaire. J’ai reçu le 14 novembre l’avis du tribunal de commerce. Un plan a été proposé aux créanciers. La majorité d’entre eux a choi- si de récupérer 40 % du mon- tant de la créance immédiate- ment. Pour les autres, la dette leur sera remboursée à 100 % sur 10 ans. Nous allons hono- rer nos engagements. L.P.B. : Péquignet était endettée. À quelle hauteur avez-vous recapitali- sé l’entreprise ? L.K. : Je ne souhaite pas com- muniquer le montant. Mais il est de plusieurs millions d’euros. C’était nécessaire pour conti- nuer à avancer. L.P.B. : L’entreprise emploie 46 sala- riés. À une époque on parlait d’un potentiel de 500 salariés. Des emplois sont-ils prévus ainsi que des travaux pour étendre peut-être le site de Mor- teau ? L.K. : Non, il n’y a pas de tra- vaux prévus sachant qu’il y a déjà eu des investissements en ce sens dans le passé. Il n’y aura pas non plus dans l’immédiat de créations d’emplois. La plus grande difficulté que je découvre sur la bande frontalière est cel- le de garder son personnel face à la Suisse. Quand on parle de compétitivité, sur ce point, c’est très difficile. Malgré cette réa- lité, Péquignet a la chance de pouvoir s’appuyer sur une équi- pe soudée qui travaille dans un bon état d’esprit. Propos recueillis par T.C.
Parkinson L’association Franche- Comté Parkinson organise une conférence-débat autour du livre-enquête : “Menace sur nos neurones : Alzheimer- Parkinson… et ceux qui en profitent” en présence des deux auteurs de l’ouvrage, samedi 24 novembre à 14 h 30 au Centre diocésain de Besançon (20, rue Mégevand). Rens. : Anny Augé au 06 10 93 34 80. Habitat À Besançon, une nouvelle résidence nommée “Le Trident” a été inaugurée le 7 novembre par Paul Coizet, président d’Habitat 25 et Michel Loyat, président de Grand Besançon Habitat. Situé au Nord Ouest du centre-ville et proche de toutes les commodités, le projet offre aux résidants les conforts thermique, acoustique et visuel dans le choix des matériaux les plus adaptés possibles : béton, P.V.C., double vitrage. Tous les appartements sont accessibles. Rens. 03 81 41 42 43. Tourisme Pour les touristes, le C.R.T. de Franche-Comté lance “Franche-Comté addict”. Le dispositif permet de revenir en Franche-Comté à des conditions privilèges avec des remises exceptionnelles, des cadeaux privilèges et early booking. L’offre est organisée par thématiques : liberté, patrimoine, gourmandise, bien-être, famille, etc. Rens. 03 81 25 08 08.
“Nous ne ferons pas d’ombre à Rolex.”
L.P.B. : Les marques ? L.K. : Nous avons deux gammes de produits. Une gamme tra- ditionnelle qui reprend les codes très puissants de la marque Péquignet et qui a sa clientèle. Cette gamme sera séparée des montres Péquignet Manufac- ture. Début 2013, une nouvel- le marque sera probablement créée pour cette gamme tradi- tionnelle. Le niveau de prix sera revu légèrement à la baisse pour se situer entre 700 et 2 000 euros. Lesmontres “Manu- facture” seront quant à elles vendues entre 5 000 et 10 000 euros. Nous voulons avancer sur ces deux pieds. L.P.B. : Vous dites que Péquignet est une manufacture horlogère. Mais vous ne fabriquez pas les pièces du mou- vement à Morteau. Comment défi- nissez-vous la manufacture résumée parfois, y compris en Suisse, à un concept marketing ? L.K. : Nous sommes exactement dans le cas qu’Apple. Je vous ferai la même réponse que Ste- ve Jobs a faite un jour à Barack Obama qui lui demandait quand l’Iphone serait produit auxÉtats- Unis. Il lui a répondu en sub- stance que l’outil de production américain n’était pas adapté pour le faire.Nous sommes dans le même cas de figure. Péqui- gnet est une manufacture fran- çaise. Mais tout le monde sait qu’il n’y plus aucun sous-trai- tant en France capable de fabri-
nous l’avons conçu. Il est assemblé en France par une marque fran- çaise. Dans notre prochai- ne campagne de communica- tion, nous allons tout miser sur le Made in Fran- ce. Au contrai- re, nous avons un message à faire passer, une histoire horlogère à raconter dont les racines sont françaises. Le luxe est fran- çais ! Nous
“S’appuyer sur une équipe soudée.”
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