La Presse Bisontine 137 - Novembre 2012

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Bisontine n° 137 - Novembre 2012

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METZ

Jean-Luc Bohl “Les plus grandes villes d’Europe s’intéressent à nous” La communauté d’agglomération Metz Métropole a préféré au

L a Presse Bisontine : Pourquoi avoir fait le choix d’un bus à haut niveau de ser- vice (B.H.N.S.) plutôt qu’un tramway ? Jean-Luc Bohl : Le choix s’est imposé à nous assez rapidement pour plusieurs raisons. La première est liée à la confi- guration géographique de la ville de Metz où des rues sont trop étroites pour accueillir un tramway. Le B.H.N.S. de 24 mètres de long, hybride (diesel- électricité) a été conçu et dessiné pour nous. Le second élément qui a guidé notre décision est le coût. Il est de 220 millions d’euros pour un projet qui englobe les aménagements, le maté- riel roulant, les plates-formes, etc. Investir dans un tramway nous aurait coûté le double. La troisième raison est d’ordre tech- nique. La ville de Metz est équipée d’un réseau de chaleur très difficile à déplacer dans le cadre d’un chantier tramway. Enfin, personnellement, je ne voulais par de fils aériens néces- saires au fonctionnement du tramway. Ceci étant, je n’ai rien contre le tram, mais cet équipement n’est pas fait pour nous. L.P.B. : Besançon a un tram sur mesure, votre B.H.N.S. l’est tout autant. En cela, votre pro- jet intéresse-t-il d’autres collectivités ? J.-L.B. : En effet, nous avons accueilli les collectivités de Zurich, Barcelone, Anvers, qui s’intéressent à notre pro- jet. Toulon et Poitiers y sont aussi atten- tives. Le B.H.N.S. est véritablement un moyen d’attirer l’attention des grandes agglomérations européennes sur Metz. L.P.B. : Qui fabrique le B.H.N.S. ? J.-L.B. : Le B.H.N.S. est fabriqué par la société belge Van Hool à Anvers. Il n’y a pas d’équivalent en France pour ce genre de produit. Je suis le premier à le regretter. Car au regard des visites que nous recevons des autres collecti- vités, cette entreprise aura probable- ment d’autres commandes. tram le bus à haut niveau de service (B.H.N.S). Jean-Luc Bohl, son président, nous explique le choix de ce futur moyen de transport qui participe au rayonnement de la région, au même titre que le Centre Pompidou de Metz. L’ancienne ville de garnison est résolument tournée vers l’avenir.

Jean-Luc Bohl est président de Metz Métropole, une communauté d’agglomération de 40 communes pour 230 000 habitants.

Ce sont des signaux encourageants envoyés à l’extérieur de nos frontières. Grâce à ce musée, les gens redécou- vrent Metz dont le patrimoine est consi- dérable. C’est une belle ville comme Besançon d’ailleurs. L.P.B. : On a souvent dit que Metz et Nancy étaient des rivales. Qu’en est-il de vos rela- tions à une époque où les grandes agglomé- rations ont plutôt tendance à collaborer ? J.-L.B. : Nous sommes dans une saine compétition et pas dans une rivalité de mauvais aloi. On partage une dyna- mique commune.Avec Nancy, nous fai- sons partie du sillon lorrain qui réunit également Épinal et Thionville. Dans ce cadre-là, nous avons créé sur Épi- nal un E.P.C.C. (établissement public de coopération culturelle) pour fusion- ner nos écoles supérieures d’art. L.P.B. :Avez-vous rencontré Jean-Louis Fous- seret le maire de Besançon et président de l’association Métropole Rhin-Rhône pour débattre par exemple des enjeux de vos ter- ritoires respectifs ? J.-L.B. : Non, je ne l’ai rencontré mais il faudrait que je le fasse. Je crois que Dominique Gros, le maire de Metz, l’a rencontré. Propos recueillis par T.C.

L’idée est de disposer d’un réseau qui permette de transporter tous les publics. Le transport est devenu un élément essentiel à l’attractivité d’un territoi- re. Nous le mesurons déjà car les grandes villes françaises et européennes nous identifient grâce à Mettis. Nous sommes nous-mêmes au cœur de l’Europe. Enfin, 95 % du réseau Met- tis est doublé d’une piste cyclable. L.P.B. : Vous avez à Metz le Centre Pompidou Metz. Inauguré en 2010, il est devenu le pre- mier musée de province. Dans quelle mesu- re la culture participe-t-elle au développe- ment de votre agglomération ? J.-L.B. : La culture est un levier très fort pour hisser notre territoire vers le haut. En 2008, nous étions en pleine restructuration militaire. Nous avons voulu démontrer que cette ville de gar- nison avait une capacité à rebondir et à aller de l’avant. Le Centre Pompi- dou, comme Mettis dans un autre registre, a apporté un dynamisme très fort à notre agglomération. Depuis son ouverture en mai 2010, il a accueilli 1,7 million de visiteurs. Autour du Musée, il y a une zone qui se dévelop- pe avec de l’habitat, du commerce, du bureau et des bâtiments imaginés par de grandes signatures architecturales.

la demande plus efficace à double titre. Un : nous maîtrisons mieux les coûts. Deux : la population s’est réapproprié le transport en commun grâce à ce dis- positif. L.P.B. : Rendre le transport en commun popu- laire passe par une politique tarifaire attrac- tive. Quel sera le prix du billet pour les usa- gers de Mettis ? J.-L.B. : Le ticket de bus est à 1,25 euro et il ne changera pas avec Mettis. Il n’y aura pas de tarif spécial Mettis. Pour encourager les automobilistes à laisser leur voiture sur les parkings- relais (il y en a 3) et à utiliser Mettis, leur ticket de bus leur permettra de stationner le temps nécessaire. J’ajoute que dans le cadre du nouveau pôle d’échange multimodal situé à l’arrière de la gare de Metz, nous travaillons avec nos partenaires naturels dont la S.N.C.F. à la création d’un ticket unique qui permettrait par exemple à un étu- diant d’utiliser Mettis puis le train pour se rendre à Nancy. L.P.B. : Le transport est-il devenu une ques- tion centrale dans votre collectivité ? J.-L.B. : Le transport public induit une dimension de développement durable et une dimension sociale importante.

L.P.B. : Quand le B.H.N.S. doit être mis en ser- vice ? J.-L.B. : L’inauguration est prévue le 4 octobre 2013. Il y aura deux lignes de 12 kilomètres chacune. Elles vont relier le nord au sud de l’agglomération. 45 000 personnes vivent le long de ces deux lignes de bus qui desservent les universités, le nouveau C.H.R., les entreprises et la maternité. Les lignes fonctionneront de 5 h 30 du matin à minuit, avec un bus toutes les cinq minutes aux heures de pointe.

L.P.B. : Est-ce que l’arrivée du B.H.N.S. s’accompagne d’une refonte complète de votre sys- tème de transport actuel à l’échelle de la métropole ? J.-L.B. : L’idée de ce pro- jet est de populariser le transport en commun. Nous avons donc égale- ment bouleversé l’ensemble du réseau de transport sur les qua- rante communes de Metz Métropole. Pour ne plus voir des bus circuler à vide dans les villages, nous avons développé un système de transport à

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