La Presse Bisontine 137 - Novembre 2012

24 DOSSIER

La Presse Bisontine n° 137 - Novembre 2012

INTERVIEW

Le maire de Besançon met les points sur les i “Je sais que les années à venir seront compliquées” Le maire de Besançon, sous le feu des critiques de l’opposition, mais aussi de certains membres de sa majorité, maintient le cap. L’animal est plus politique que jamais. Et prêt au combat pour les municipales de 2014.

L a Presse Bisontine : L’affaire du Pavé dans laMare est-il aussi un pavé dans la majorité et une atteinte à votre autorité de chef de la majorité muni- cipale ? Jean-Louis Fousseret : Laméthode employée par Jean-Sébastien Leuba n’est pas la bonne. Je l’ai reçu pour en discuter, des suites ont été données. Dans cette affai- re, les questions qu’il a soulevées étaient à poser à l’association Le Pavé dans la Mare. L.P.B. : C’est une façon de vous défausser ? J.-L.F. : Non, ce que remet en cause M. Leuba, c’est avant tout le fonctionne- ment de l’association Le Pavé. La sub- vention est passée en conseil municipal et début octobre, le même dossier est passé au Conseil général où il a été voté à l’unanimité. J’avais demandé dès le départ àmes services de faire les contrôles habituels sur cette association dont on savait que la situation était tendue, c’est la raison pour laquelle nous nous sommes réunis,Ville, Conseil général et Région, nous avons fait un tour de table et déci- dé de la soutenir. Pour le reste, ce n’est pas à moi de donner les réponses sur la vie de l’association, c’est à son président qui l’a fait récemment. L.P.B. : Mais Jean-Sébastien Leuba reproche avant tout de ne pas avoir eu toutes les expli- cations sur ce dossier. Vous lui reprochez donc son souhait de clarté ? J.-L.F. : Quand une question se pose, elle doit d’abord se régler en groupe socia- liste, puis en groupe de municipalité où a été prise la décision de voter cette sub- vention. Les discussions ont bien eu lieu au sein du groupe, donc l’argument de dire qu’on n’a pas pu avoir les explica- tions au niveau du groupe n’est pas rece- vable. Je ne juge pas l’attitude de M. Leuba, j’ai pris mes responsabilités à son sujet. Je ne demande pas à tous les membres de ma majorité de s’aligner comme des soldats, on peut ne pas être d’accord sur certains points,mais on doit en discuter avant au sein du groupe. Ces règles font partie de la vie d’une équipe municipale. L.P.B. : C’est aussi Yves-Michel Dahoui qu’on cherche à déstabiliser dans cette affaire ? J.-L.F. : Je le répète pour la énième fois :

Yves-Michel Dahoui n’a jamais partici- pé au vote concernant le Pavé dans la Mare, le dossier a toujours été présen- té par Jean-Pierre Govignaux. Il n’a jamais assisté aux votes sur ce sujet pas plus qu’il n’y assiste au Conseil général. Point. L.P.B. : On a le vague sentiment que ce genre de sortie a été téléguidée ? J.-L.F. : Je ne le pense pas. Je crois avoir sur ce dossier le soutien du P.S., des élus de ma majorité et même au-delà. L.P.B. : C’est une période compliquée pour le maire de Besançon en ce moment, non ? J.-L.F. : Je ne me sens pas plus malmené que cela. Je reste calme et serein face aux difficultés. Je sais que les années à venir seront compliquées et d’ailleurs je m’attends à tout. Le principal est d’être en paix avec sa conscience et je le suis. J’ai une équipe plurielle et soudée autour de moi. J’ai les meilleurs rapports avec les élus verts, avec les alternatifs, avec les communistes. Quand on n’est pas d’accord, on discute dans des lieux, les réunions de municipalités, faits juste- ment pour discuter. Je peux comprendre que ça puisse faire un peu désordre,mais j’ai la ferme intention de continuer à tra- vailler dans le même esprit. L.P.B. : Alors déjà prêt à la bataille de 2014 ? J.-L.F. : Oui. Je veux repartir en 2014 dans le même contexte, le même esprit, car

sement du gouvernement aura com- mencé à produire ses effets. On ne peut pas en quatre mois redresser dix ans de gouvernement de droite. Le gouverne- ment actuel a pris des décisions impo- pulaires mais courageuses. La grande différence, c’est que l’effort est désor- mais partagé par tous. Les choses seront évidemment plus difficiles que si on avait 3 % de croissance et pas plus d’1 million de chômeurs. Cela dit, les municipales restent une élection de politique locale. En 2014, j’aurai un bilan à présenter. Sur ce point, il est toujours intéressant d’interroger des personnes qui avaient quitté la vil- le il y a quelques années et qui y revien- nent aujourd’hui. Ils voient tous que cet- te ville a changé. Les mêmes qui reprochaient à Besançon d’être une bel- le endormie reprochent aujourd’hui qu’il y ait à Besançon trop de bruit et trop de travaux. L.P.B. : Vous avez l’envie de vous représenter, vous avez encore la forme suffisante, les deux conditions que vous avez toujours mises en avant. Mais aurez-vous le soutien du P.S. ? J.-L.F. : Je serai candidat à nouveau évi- demment si le P.S. m’accorde encore sa confiance. Sur cette question, je n’ai guè- re de doute.Ai-je l’impression de ne pas être serein sur ce point ? L.P.B. :Vous reprochez à l’opposition municipa- le de manier le mensonge quand elle met en avant les supposées difficultés financières de la Ville ou met en doute l’équilibre du budget du tram. Mais c’est son rôle, non ? J.-L.F. : Eh bien non. Car en effet, elle dif- fuse des mensonges. Quand j’arrive à décrocher un emprunt de 70 millions à la banque européenne d’investissement, au lieu de s’en féliciter, l’opposition conti- nue à faire croire que le tram va coûter plus cher que prévu. C’est un menson- ge. Comme de dire en ce moment que la société C.A.F. qui construit le tram va mal, ou qu’Alstom ne fera pas son lot de travaux. Jamais quand j’ai été dans l’opposition - cela a été le cas pendant plusieurs années au Conseil général -, je n’ai utilisé ce genre de méthodes. Quand unmensonge est dit, il faut répé- ter dix fois la vérité pour faire oublier ce mensonge. Cette attitude de l’opposition, je la dénonce. Je vous défie

de trouver une seule fois dans ma bouche des argumentsmensongers. Un adversaire politique, on doit le respecter, cela commence par éviter de dire des mensonges. L.P.B. :L’opposition n’est donc pas à la hauteur selon vous ? J.-L.F. : Les commentaires sur l’opposition,c’est aux Bisontins de les faire, pas à moi. Je peux jus- te dire que si elle avait été unpeuplus construc- tive, je l’aurais invitée à participer à des tra- vaux et à des dossiers.

que sur la place de la Révolution le mar- ché de Noël pourra s’installer dès cette année. Aussi, les gens sont allés voir ce qui se passait à Dijon depuis la mise en service du tramet ils ont bien vu le chan- gement. Fin 2013, c’est-à-dire dans à peine plus d’un an, le tram fera déjà des essais à blanc jusqu’à Chamars, au prin- temps 2014 jusqu’à la gare. En plus j’ai demandé aux entreprises d’accélérer le pas. Donc non, le dossier du tramne sera pas un handicap pour moi d’ici 2014, au contraire je pense. J’ai toujours dit que ça allait être compliqué. Là encore, je n’ai jamais menti aux Bisontins. Les gens auront bien compris que le tram changera leur quotidien à une époque où l’essence sera peut-être à 2 euros le litre, que le tram leur permettra d’aller rapidement d’un endroit à un autre, avec un réseau de bus connecté. Je suis très confiant. L.P.B. : Aucun regret sur ce point ? J.-L.F. : Quand on est maire, il faut savoir accepter la critique et je l’accepte. Je ne prétends pas avoir la science infuse. La seule chose que je puisse regretter, c’est de ne pas avoir assez bien expliqué les choses sur ce tram, d’avoir manqué de clarté dans la communication. L.P.B. :Vous aurez 67 ans à l’approche des pro- chaines municipales. Ce n’est pas l’heure de la retraite ? J.-L.F. : C’est encore un argument de l’opposition qui est tellement ridicule que je n’en ferai même pas un com- mentaire. C’est significatif de l’état de l’opposition à Besançon, de la nullité de leurs arguments. Si mes opposants osent avancer ce point, c’est qu’ils n’ont déci- dément pas grand-chose à dire. Cela montre bien la faiblesse de leurs argu- ments. À ce niveau-là, je peux être tran- quille…Je mets mon expérience et mon dynamisme en face de leurs propositions et on verra bien à ce moment-là… L.P.B. : La campagne est lancée ! J.-L.F. : En ce qui me concerne, je mène- rai une campagne dans le respect demes

“L’opposition est toujours dans la destruction.”

Mais elle est toujours dans la négative, toujours dans la destruction, jamais dans la construction. L.P.B. : Revenons au tram. Vous semblez parfois nier que les commerçants du centre-ville souf- frent alors que certains ont déjà baissé le rideau. Ce dossier ne peut-il pas vous coûter votre pla- ce ? J.-L.F. : Je ne suis quand même pas res- ponsable de la crise en France ! Et ce n’est pas le tram qui est responsable de la disparition de Camponovo non plus ! J’ai les épaules larges,mais quandmême ! Bien sûr que je suis conscient que des commerçants subissent les conséquences des travaux, comme je suis conscient des gênes concernant la circulation. Quand je suis dans les bouchons, je râle aussi. Et parfois même je me fais “engueuler” par ma femme et mes filles. La grande différence, c’est que depuis quelques semaines, les gens prennent conscience des choses.Maintenant, de plus en plus de Bisontins me disent : “Monsieur le Maire, vous nous compliquez la vie,mais on sait que ce sera bien quand le tram sera là.”Et cela, savez-vous depuis quand le l’entends ? Depuis que les premiers rails sont posés. Les Bisontins com- mencent vraiment à réaliser comment leur ville va changer. Tous les commer- çants sont heureux par exemple de savoir

j’ai le sentiment que cela répond au vœu des habi- tants de cette ville. Le contexte est certes plus difficile,lemaire se retrou- ve en première ligne, les gens ont des difficultés et j’en suis très conscient. Mais je sens toujours beau- coup d’amitié des Bison- tins à mon égard. L.P.B. :Avec la totalité du pou- voir entre les mains de la gauche et le début de mandat compliqué des socialistes sur le plan national,le combat local risque d’être beaucoup plus difficile qu’en 2008 ? J.-L.F. : Je pense que d’ici 2014 la politique de redres-

“Le principal est d’être

en paix avec sa conscience.”

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