La Presse Bisontine 137 - Novembre 2012

DOSSIER 23

La Presse Bisontine n° 137 - Novembre 2012

LA MAJORITÉ MUNICIPALE EST-ELLE EN TRAIN DE SE FISSURER ?

Décidément, la culture n’est pas le dossier le plus simple à gérer pour le maire de Besançon. Après le fiasco Sonorama qui avait créé les premières fractures dans la majorité municipale en 2009, c’est un autre dossier culturel qui vient envenimer les relations au sein même du P.S. bisontin. L’affaire du Pavé dans la Mare est née des interrogations sans doute légitimes que le conseil municipal Jean-Sébastien Leuba, presque inconnu jusque-là, a osé poser au sujet du fonctionnement de cette association culturelle bisontine. Cette petite bombe est peut-être celle de trop dans un contexte déjà suffisamment tendu pour le maire de Besançon qui doit gérer d’autres difficultés autrement plus cruciales comme le chantier du tramway. D’aucuns spéculent déjà sur la fragilisation de Jean-Louis Fousseret, un maire qui ne tiendrait plus ses

POLITIQUE Pour éteindre les polémiques Jean-Louis Fousseret ira-t-il jusqu’au remaniement du conseil ? troupes et dont la légitimité de patron commencerait à être contestée. Le principal intéressé remet les points sur les i. La cacophonie actuelle ouvre-t-elle déjà les hostilités des prochaines municipales ?

Le maire de Besançon est chahuté au point de donner l’impression d’avoir perdu le contrôle de sa majorité. Un constat qui n’est pas partagé par tous au P.S. où l’on affirme que le maire est toujours le patron.

L a rue grogne avec les travaux du tram et sa majorité lui don- ne du fil à retordre. Jean-Louis Fousseret a connu des jours meilleurs. La vie de maire n’est pas un long fleuve tranquille, mais la sienne a rarement été aussi chahutée. “Nous sommes en fin demandat,il faut remettre un peu d’ordre dans la maison P.S.” commente simplement un des adjoints. Dernier événement en date qui cata- lyse les crispations : “L’affaire Jean- Sébastien Leuba”. L’élu socialiste qui a osé interpeller la municipalité en séance de conseil, lieu d’expression de la démocratie, sur sa politique finan- cière à l’égard de l’association cultu- relle Le Pavé dans la Mare, est acca- blé de tous les maux, accusé d’avoir tiré contre son camp. Dans l’adversité, Jean-Sébastien Leuba a même reçu le soutien des Verts. En coulisses, cer- tains élus P.S. pensent que M. Leuba a posé les bonnes questions. “Cette his- toire montre qu’il y a un petit peumoins de cohérence au sein du groupe” obser- ve Patrick Bontemps, adjoint aux Sport qui a condamné cette intervention sur la forme. Le sujet prend des propor- tions considérables, puisque des élus de la majorité vont jusqu’à penser que J.-S.L. n’a pas agi seul, mais dans le cadre d’un complot fomenté par des gens au P.S., contre le maire, dans le but de lui nuire en même temps qu’à son adjoint à la culture Yves-Michel

Dahoui qui peut prétendre lui succé- der à la fonction de maire. Toute cette affaire aurait des relents des élections législatives de juin der- nier, à l’occasion desquelles on le sait, le parti socialiste s’est scindé en deux. D’un côté il y avait ceux qui soutenaient la candidature d’ÉricAlauzet (E.E.L.V.- P.S.), ce qui fut le cas de la plupart des cadres du P.S. (Claude Jeannerot, Bar- bara Romagnan, Paulette Guinchard, Marie-Guite Dufay). De l’autre, on trou- vait ceux qui la contestaient, prônant la candidature de Jean-Louis Fousse- ret qui comptait parmi ses lieutenants Yves-Michel Dahoui, Frank Monneur et Emmanuel Dumont. “Il n’y a pas de complot ! La manière de faire de M.

En retirant sa déléga- tion à Jean- Sébastien Leuba, le maire veut réaffirmer qu’il est le patron.

ture du maire de Besançon pour un troisième mandat est acquise. Malgré ses détracteurs, il est improbable que les polémiques qui empoisonnent la vie municipale poussent Jean-Louis Fousseret à remettre en question son choix de rempiler. Pour beaucoup, son bilan est suffisamment solide pour gar- der le contrôle de cette ville malgré les critiques. “Les attaques portent sur des points de détail. En 2014, les Bison- tins seront capables de voir à quel point Besançon s’est transformée pendant son mandat” , relève un des cadres du P.S. Pourtant à la mairie, on entend dire qu’une solution pour apaiser le climat actuel et surtout éviter qu’il ne s’envenime avant les élections de 2014, serait que le maire procède à un rema-

niement de son conseil en retirant le portefeuille de la culture àYves-Michel Dahoui, suspecté d’être dans une situa- tion de conflit d’intérêts avec l’association Le Pavé dans la Mare, le centre d’art contemporain bisontin dirigé par son épouse. D’autres, exces- sifs, disent qu’il devrait également changer l’adjoint au commerce, car Jacques Mariot ferait l’objet de trop de critiques de la part de commerçants pénalisés par le chantier du tramway et qui attendent un soutien plus affir- mé de la ville. Tout cela n’est que spéculation et car- tomancie. Le seul élu qui a perdu sa délégation est Jean-Sébastien Leuba, pour ne pas avoir respecté la discipli- ne de groupe. Jean-Louis Fousseret n’avait pas habitué les Bisontins à

prendre ce genre de sanction, alors que son prédécesseur Robert Schwint en usait davantage, ce qui ne l’a pas empê- ché de faire trois mandats. Pour Nico- las Bodin, secrétaire départemental du P.S., il ne fait pas de doute que Jean- Louis Fousseret aura l’investiture du parti s’il est candidat et ce, malgré les turpitudes. En revanche, “peut-être qu’il décidera d’arrêter avant la fin de son troisième mandat” dit-il. On repar- le de la succession de Jean-Louis Fous- seret qui, s’il est réélu, achèvera son parcours municipal en 2020. Quelques noms de la majorité actuelle circulent comme Michel Loyat, Yves-Michel Dahoui, et Patrick Bontemps. Ce der- nier ne cache pas “avoir des ambitions pour cette ville.” T.C.

Leuba ne mérite pas que l’on en fasse une affai- re d’État. Tout ceci est monté en épingle, ça va se calmer. C’est une affaire politique com- me il y en a parfois pen- dant les mandats, un point c’est tout” tempè- re un ancien conseiller municipal socialiste bisontin qui estime que Jean-Louis Fousseret n’est pas marginalisé au sein du P.S. “Il res- te le patron.” D’ailleurs, au Parti Socialiste, la candida-

En retirant le portefeuille de la culture à Yves- Michel Dahoui.

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