La Presse Bisontine 136 - Octobre 2012

SANTÉ

La Presse Bisontine n° 136 - Octobre 2012

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SANTÉ

Trois questions à…

Christian Magnin-Feysot : “Nous sommes des vigies”

Il est à la tête de l’Union régionale des représentants des usagers dans les cliniques, les associations et les hôpitaux de Franche- Comté (A.R.U.C.A.H.), une association qui vient de fêter ses dix ans.

Christian Magnin-

L a Presse Bisontine : Le paysa- ge de la santé a sensiblement évolué en 10 ans. Quel est le plus grand bouleversement ? Christian Magnin-Feysot : Sans aucun doute la loi Bachelot du 21 juillet 2009 qui a décidé que le service public hospitalier, qui datait de décembre 1970, n’existait plus. Cette loi dit que des missions de service public seront confiées alternativement à des établissements publics ou privés. Depuis dix ans, nous avons subi un système néolibé- ral qui a produit une aggrava- tion des inégalités sociales de santé. L’avantage de cette loi est néanmoins d’avoir créé les Agences régionales de santé qui rassemblent la prévention, les soins, le médico-social et les éta- blissements d’hébergement pour personnes âgées, avec l’inconvénient de se retrouver

avec une structure unique par- ticulièrement complexe pour un malade “moyen”. Depuis 2002, l’A.R.U.C.A.H. s’est organisée pour que systématiquement il y ait une participation des usa- gers dans toutes les grandes orientations des établissements francs-comtois. L.P.B. :Avec des moyens limités, quels sont vos champs d’intervention ? C.M.-F. : Nous nous occupons de

ces déterminants-là régressent. Hélas en ce moment, ces inéga- lités s’aggravent. En France aujourd’hui, 10 millions de per- sonnes renoncent aux soins. Nous travaillons avec Médecins du Monde, A.T.D.-Quart Mon- de et tous les organismes cari- tatifs locaux. Nous sommes des facteurs de liens entre le sys- tème de santé, le médico-social et le social. L’A.R.U.C.A.H. est une sorte de vigie dont la mis- sion est de rendre le système de santé accessible et lisible pour les plus vulnérables. L.P.B. : C’est donc une dérive du sys- tème de santé que vous dénoncez ? C.M.-F. : En 1985, ce n’est pas si vieux, une consultation chez le généraliste était remboursée à hauteur de 75 % par le régime obligatoire. Aujourd’hui, cette portion s’est réduite à 50 %, le

Feysot est sans doute la personne qui maîtrise le mieux les arcanes du système de

santé en Franche- Comté.

tous les détermi- nants de santé dont l’A.R.S. ne peut pas se char- ger : le logement, l’environnement des malades, leur alimentation. Notre principale action est de fai- re en sorte que les inégalités liées à

“Hélas, les inégalités s’aggravent.”

consultations chez un spécia- liste ou qui contribuerait en tout cas à mieux les réguler. Voilà une de nos propositions. En matière hospitalière, nous avons quand même beaucoup d’espoir aujourd’hui que le système de santé redevienne un système hospitalier public. Propos recueillis par J.-F.H.

l’acte, ce n’est pas cher payé. C’est trop pour un rappel de vac- cin, mais pas assez pour une consultation liée à une maladie chronique. Pour que le système soit plus équilibré, nous propo- sons par exemple une approche forfaitaire pour ce genre de consultation plus compliquée, qui éviterait par ailleurs des

reste étant à la charge des com- plémentaires. Et combien de personnes sont juste au-dessus des plafonds de la C.M.U. et ne peuvent pas se soigner. Ceci dit, la hausse sensible des dépas- sements d’honoraires n’est pas totalement injustifiée car une consultation à 23 euros rap- portée à la responsabilité de

AUTISME

Une journée le 20 octobre

Pédopsychiatre au centre de ressources autisme de Franche-Comté, le Docteur Géraldine Ropers interviendra à la grande journée dédiée à l’autisme, grande cause nationale 2012, organisée à Besançon le samedi 20 octobre à l’I.R.T.S. de Besançon. “Il n’y a pas d’épidémie d’autisme,mais des formes plus diverses”

beaucoup de progrès ont été faits autour de l’enfant petit, il y a encore à mettre en place une vraie logique de parcours entre l’enfance, l’adolescence et l’âge adulte. L.P.B. : L’autisme est-elle une pathologie de plus en plus fréquente ? G.R. : Je dirais plutôt que les cas sont mieux diagnostiqués qu’avant. Le tra- vail de repérage est plus à l’œuvre aujourd’hui.Avant, on parlait d’autisme typique, aujourd’hui on parle des “troubles envahissants du développe- ment”. Il n’y a pas d’épidémie d’autisme, mais des formes plus hétérogènes. Un enfant sur 150 naissances présente des troubles envahissants du déve- loppement. 20 à 40 cas d’autisme typique sur 10 000 naissances et entre 60 et 70 pour les troubles envahissants du développement qui comportent d’autres formes de déficience intellec- tuelle. Propos recueillis par J.-F.H.

et de trouver ensemble des grandes lignes de travail pour lancer des pro- jets innovants. L.P.B. : Quels sont les principaux enseigne- ments de cette étude ? G.R. : D’abord qu’il est important sur un même territoire de pouvoir propo- ser à une famille une diversité d’offres de prise en charge. Ensuite, il s’agit d’améliorer le dépistage en continuant à former tous les personnels en lien avec la petite enfance.Très peu de pro-

L a Presse Bisontine : Pourquoi cette journée dédiée à l’autisme le 20 octobre à Besançon ? Géraldine Ropers : Le centre de ressources autisme de Franche-Comté avait répondu à une initiative interminis- térielle destinée à dresser un état des lieux des prises en charge liées à l’autisme. Trois régions pilotes ont été retenues, dont la Franche-Com- té. Trois volets étaient concernés par l’étude que l’on a menée : l’éducation, la prise en charge dans les établis- sements et la satisfaction des familles. Il aurait été dommage que les pro- fessionnels et les familles qui avaient participé à cette étude ne soient pas invités à en connaître tous les résul- tats. D’où cette journée du 20 octobre qui doit permettre de prendre du recul

fessionnels sont for- més aux moyens de communication alter- natifs (pictogrammes, gestes…), car l’autisme est avant tout une pathologie de la com- munication. On confir- me aussi qu’il manque de médecins psy- chiatres dans les éta- blissements. Enfin, si

“Les cas sont mieux diagnostiqués qu’avant.”

Le Docteur Géraldine Ropers.

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