La Presse Bisontine 136 - Octobre 2012

DOSSIER SSIE

La Presse Bisontine n° 136 - Octobre 2012 30

Luc et Muriel vivent au fil de l’eau sur une péniche Faute d’avoir trouvé une maison d’habitation à Besançon qui entre dans leur budget, Monsieur et Madame Bardi ont décidé d’investir dans une péniche qu’ils ont entièrement rénovée. BESANÇON Un bateau transformé en appartement

Luc Bardi, propriétaire de l’Enéide, conseille à tous ceux qui veulent acheter un bateau de se renseigner au préalable auprès de Voies Navigables de France pour savoir s’ils pourront disposer d’une place à quai pour le stationner.

N e cherchez pas leur numéro de rue sur la façade d’un immeuble. Leur boîte aux lettres est plantée sur la ber- ge du Doubs, faubourg Rivotte. Luc et Muriel Bardi ont fait le choix de vivre sur l’eau. Le couple a rénové une péniche qu’il a transformée en un appartement plutôt cosy de 125 mètres carrés. “À l’origine, c’était un bateau de commerce qui faisait du transport de céréales et de sable. Il a été exploité jusqu’en 2003” précise le propriétaire de l’Enéide. Le bâtiment de 40 mètres de long qui pèse 110 tonnes est le mastodonte de la catégorie Freycinet. Même s’il est en état de fonctionner (c’est une obliga- tion), il ne navigue plus, mais reste à quai à Besançon dans l’ombre de la Citadelle qui le surplombe. La recherche infructueuse d’une mai- son à acheter à Besançon, “ hors budget” , a conduit Luc et Muriel à étudier l’idée de s’installer sur une péniche alors qu’ils vivaient dans un appartement du centre-ville. “ Nous voulions conserver tous les avantages de la ville, tout en aspirant à plus de verdure. Je suis passionné par les péniches depuis que je suis gosse. J’avais la nostalgie de les avoir vus naviguer sur le Doubs. Nous nous sommes donc mis en quête d’une péniche à rénover. C’était une manière de sauvegarder ce patrimoine qui finit à la ferraille la plupart du temps.” Le couple a trouvé son bonheur à Lyon. Mais il ne s’est résolu à investir dans l’Enéide, qu’après l’avoir fait experti- sée en cale sèche. “ Il ne faut pas négliger cette étape préa- lable à l’achat” conseille Luc Bardi. La péniche a été entièrement réno- vée au chantier naval de Chalon-sur- Saône. “ C’est ici qu’ont été effectués tous les travaux de chaudronnerie, de sablage complet du bateau, où d’ouverture des hublots.” Elle a été remise à l’eau et convoyée à Besançon au printemps 2008. Luc et Muriel se

sont alors chargés de tous les aména- gements intérieurs pendant cinq mois, de l’isolation jusqu’à la pose du par- quet. “ Il n’y a que l’électricité biocom- patible (les champs magnétiques sont supprimés N.D.L.R.) que nous avons confiée à un artisan” ajoute-t-il. Le couple a imaginé son projet de la manière la plus écologique possible. Si le bateau est raccordé au réseau col- lectif pour l’eau, l’électricité et le télé- phone, il ne l’est pas pour les eaux usées. “ Nous avons une centrale de traitement performante des eaux usées à l’intérieur de la péniche.” Lorsque des curieux s’arrêtent fau- bourg Rivotte pour les interroger sur leur mode de vie, les deux questions qui reviennent le plus souvent sont : le froid et l’humidité. Luc Bardi ras- sure les visiteurs sur ces deux points. “ Nous avons installé une V.M.C. per- formante qui permet d’évacuer l’humidité et de chauffer l’eau sani- taire. Il ne fait pas froid sur le Doubs dont la température est pratiquement constante tout au long de l’année. Nous avons un poêle à bois pour nous chauf- fer.” Ce n’est ni le froid ni l’humidité que Luc Bardi redoute, mais les crues

La cale a été transformée en un appartement de 125 mètres carrés plutôt cosy.

du Doubs. La rivière charrie des troncs d’arbres qui peuvent endommager le bateau. “ Lorsqu’il y a des crues, je ne dors pas de la nuit, toujours inquiet que les amarres cèdent.” Cela fait partie des aléas lorsqu’on a fait le choix de vivre sur un élément naturel mouvant.Mais au quo- tidien, la vie sur l’Enéide est plutôt pai- sible. Si c’était à refai- re, Luc et Muriel Bar- di se jetteraient de nouveau à l’eau. T.C.

“Sauvegarder ce patrimoine.”

L’Enéide paie une redevance à V.N.F. pour rester à quai à Besan- çon. En 2018, le bateau sera à nouveau expertisé en cale sèche.

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