La Presse Bisontine 135 - Septembre 2012

La Presse Bisontine n° 135 - Septembre 2012

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QUARTIER BATTANT - 50 % Les “faux”réjouis du tram Quand la C.A.G.B. a été interrogée par notrre rédaction, elle affirmait que ces commerçants étaient plutôt satisfaits. Pas vraiment à les entendre.

BOULANGERIE

Avenue Carnot

Arminda Valtre et son mari Frédéric souffrent, comme beaucoup, des travaux du tram. Mais ils font le dos rond, car leur boulangerie accuse un sérieux ralentissement. “À quoi ça sert de râler ?”

L a boulangerie Valtre, située au bas de l’avenue Carnot à Besançon, a, com- me des dizaines d’autres commerces, déposé un dossier devant la commis- sion d’indemnisation du tramway. Elle a obte- nu le feu vert des commissaires et, si elle attend toujours l’argent, considère déjà cet- te mesure comme un petit soulagement. Qui ne compense certes pas les 35 % de chiffre d’affaires perdus depuis le début du chantier, quasiment du jour au lendemain. Les mamans qui emmènent leurs enfants à l’école Helvé- tie ne peuvent plus accéder en poussettes, pas plus que les voitures avec une avenue Fontaine-Argent totalement fermée à la cir- culation. Fataliste, la boulangerie Valtre s’est adaptée. “On a pris notre rythme et on fait moins de marchandises. Mais depuis les tra- vaux, on perd 350 euros par jour” précise Arminda Valtre, pourtant aucunement amè-

re. “Cela ne sert à rien de râler, à quoi bon. Les équipes du chantier font un excellent tra- vail, en plus ils viennent acheter chez nous, et les médiateurs du tram sont formidables. Il faut arrêter de les insulter !” dit la com- merçante. Même si la situation de la boulangerie est parfois tendue, avec des banques pour l’ins- tant compréhensives, le couple Valtre ne perd pas l’espoir. Ici, on fait contre mauvaise for- tune bon cœur et on préfère voir le verre à moitié plein que celui à moitié vide. “Pour nous, le plus gros des travaux sera fait après l’hiver. Ensuite, ça ira. Et on aura la chance d’être à proximité des embranchements du tram, au croisement de la ligne qui monte à la gare, ça devrait être un point très positif pour nous” termine Arminda Valtre dans un sourire teinté d’espoir. J.-F.H.

Christian Mourey, de Battant Musique, regrette le manque d’anticipation des élus.

I l y a ceux qui positivent com- me Tony Fabiano, le gérant du restaurant Via Roma pla- ce de la Révolution. “On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs” dit-il. Il y enfin ceux que la communauté d’agglomé- ration croyait heureux et sereins face au chantier et qui ne le sont pas vraiment… Christian Mou- rey est de ceux-là. Le bouillon- nant gérant de Battant Musique, impliqué depuis des décennies dans la vie du quartier Battant, estime au contraire que “toute la ville est touchée par le chantier du tram, pas uniquement ceux qui sont sur le parcours.” Mais ce qu’il regrette avant tout, c’est “le manque d’anticipation des gens de l’agglo. Contrairement à d’autres villes de France, aucun

trer dedans.” Le discours n’est pas plus “réjoui” un peu plus bas. À la brasserie Brass’éliande, que la C.A.G.B. présentait aussi comme un com- merce plutôt heureux de la situa- tion, c’est plutôt soupe à la gri- mace. “On n’a pas vu un touriste venir ici en juillet. Pour nous, c’est du - 50 %” commente-t-on dans cette brasserie littérale- ment encerclée par les travaux actuellement. “Pour l’instant, le tram, c’est loin d’être positif pour nous.” Ici, on espère seulement qu’après la réouverture du pont Battant, prévue en avril pro- chain, l’agglo ait le temps de répa- rer la terrasse de la brasserie pour qu’elle puisse l’utiliser l’été prochain. Rien n’est moins sûr. J.-F.H.

observatoire du commerce n’a été mis en place pour connaître l’im- pact du chantier. Et on n’est pas dupe. Il est évident que le chan- tier du tram va provoquer de la casse dans le commerce.” Chris- tian Mourey prend l’exemple de Mulhouse où il s’est rendu avec d’autres collègues pour consta- ter que “non seulement des com- merces sont encore vides, mais certains fonds de commerce qui ont été remis l’ont été alors qu’ils avaient perdu toute leur valeur.” Le commerçant reproche aussi l’attitude des élus quand il s’agit de compenser l’arrêt provisoire des bus à Battant. “Jean-Clau- de Roy n’a rien trouvé de mieux à dire qu’il allait mobiliser la flot- te des vélos-taxis. On ne savait pas s’il fallait en rire ou lui ren-

La boulangère Arminda Valtre garde le sourire, malgré les coups durs.

CLIN D’ŒIL 30 fois à la maison du tram Antoine, passion tram

EMPLOI

47 salariés

La bouffée d’air

A ntoine a dix ans, bientôt onze. Le jeune homme aux yeuxmalicieux et aux taches de rousseur est incollable sur le chan- tier du tram. Demandez-lui la longueur exacte de la ligne ou le nombre d’arrêts prévus, interrogez-le sur la largeur des rails ou sur l’in- térieur des rames, questionnez-le sur la date de mise en service commerciale ou sur la période d’essais à vide, il répondra avec assurance. La maison du tram, rue de la République, n’a plus aucun secret pour lui. Il l’a déjà fréquentée une bonne trentaine de fois. À force, le person- nel de lamaison l’a repéré, ce qui lui a valu d’être l’invité d’honneur à la cérémonie de la premiè- re soudure symbolique des rails qui s’est dérou- lée à la Malcombe en juin dernier. Ce passionné de machines s’est pris de passion pour le simu- lateur de conduite qui était justement installé à la maison du tram. Depuis, il a noué “une vraie passion pour le tram” reconnaît samaman amu- sée. Dans la famille, on ne craint pas le chantier. Tandis que tout le monde cherche à fuir les tra- vaux et leurs aléas,Antoine réclame à ses parents de “faire un détour par les travaux” pour obser- ver les engins de chantier en action. Lors d’une récente virée familiale enAlsace,il amême expres- sément demandé à ses parents de tester le tram-

de l’insertion

Près de 50 salariés en insertion ont intégré le chantier du tram depuis son lancement. Le groupement d’employeurs Indibat avait anticipé les besoins.

L e groupement d’employeurs Indibat s’est positionné très tôt sur ce qui allait devenir le plus gros chantier de la décen- nie à Besançon. Avant même le démar- rage des premiers travaux, une douzaine de

tion ont intégré le chantier du tram, toutes ses personnes étaient en recherche d’emploi” indique Sophie Brunsmann, directrice de l’agence Indi- bat à Besançon. La plupart de ces salariés ont pu bénéficier de longues missions sur ce chantier - de plu- sieurs mois à plusieurs années - et certains d’entre eux ont déjà reçu des promesses d’em- bauche au sein de l’entreprise de T.P. dans laquelle ils travaillent. Et Sophie Brunsmann prédit même que des emplois seront assurés après la fin de la construction du tram (fin 2014) dans les chantiers connexes comme le pavage ou les espaces verts. J.-F.H.

salariés en insertion dont ce groupement s’occupait ont sui- vi une formation de préquali- fication au sein des entreprises retenues pour le chantier. “Plu- sieurs sessions de formation ont été organisées pour la profes- sion de “maçonV.R.D.”. Au total, 47 personnes en insertion et six contrats de professionnalisa-

way de Strasbourg, histoire de comparer avec “son” futur tram. Et devinez ce qu’il veut faire plus tard ? Facile : “Conducteur de tram” répond le jeune homme sans la moindre hésitation. J.-F.H. Antoine, captivé au moment de la soudure des premiers rails.

Déjà des promesses d’embauche.

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