La Presse Bisontine 135 - Septembre 2012

LE GRAND BESANÇON

La Presse Bisontine n° 135 - Septembre 2012

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TRANSPORT SCOLAIRE Une réponse face à l’inégalité départementale ? La proposition synonyme de désaveu pour Jean-Louis Fousseret Sans faire d’ingérence, le président du Conseil général Claude Jeannerot demande au Grand Besançon d’offrir la possibilité aux familles de choisir entre deux formules de tarifs de bus : une payante, une gratuite, comme cela se fait dans le Pays de Montbéliard.

L’explosion des tarifs du bus, sujet de crispation pour les parents et une gêne dans la majorité politique.

C ollégiens et lycéens du Doubs ne sont pas égaux selon s’ils demeurent dans l’agglomération de Montbé- liard (P.M.A.) ou dans le grand Besançon (C.A.G.B.).Pour le porte-mon- naie des parents, mieux vaut résider à Montbéliard si son enfant utilise les transports en commun pour se rendre enclasse.Là-bas,unenfant paye80euros par an d’abonnement avec la possibili- té de prendre le bus autant de fois qu’il le veut (comme Diabolo). C’est 85 euros de moins qu’à Besançon. Mais surtout, les Montbéliardais ont la possibilité de choisir entre deux formules comme cela se fait également dans le Territoire-de- Belfort. Ils peuvent refuser le premier abon- nement et souscrire un second, gra- tuit, où l’enfant se contente d’un aller- retour par jour. Sur 8 000 jeunes transportés dans la ville berceau de

POLÉMIQUE

Parents d’élèves et opposition réagissent

la marque au lion, 1 100 élèves ont choisi la gratuité. Pourquoi le Grand Besançon ne fait-il pas de même ? Interrogé à ce sujet, le Conseil géné- ral qui verse 3 millions d’euros à la C.A.G.B., 1 million à P.M.A. dans le cadre de la délégation de service public (D.S.P.) répond : “Dans un souci d’équité, je vais proposer cette solution alter- native à Jean-Louis Fousseret. Je lui avais déjà proposé en 2008” annonce Claude Jeannerot, son président, qui précise qu’il ne prend pas une postu- re ni ne souhaite faire de l’ingérence. On acquiesce, certes, mais le désaveu est grand pour la C.A.G.B., priée de revoir sa copie pour corriger cette inégalité. A-t-elle les moyens finan- ciers pour le faire ? Pas sûr. Une péti- tion est lancée (fcpe25.fr/petition/ginko) et une opération manifestation le 13 septembre, jour de conseil commu- nautaire. E.Ch.

“Un racket” dit une fédération de parents d’élèves et “une nécessité” selon la C.A.G.B. qui n’exclut pas de nouvelles hausses de tarifs. Les élus se lâchent. Avec Diabolo, l’addition est salée

suivants. Ils peuvent utiliser autant de fois le bus qu’ils le souhaitent ain- si que le réseau train express régio- nal. L’augmentation votée au conseil communautaire de la C.A.G.B. de juin, fait encore réagir. La Fédération des parents d’élèves (F.C.P.E. 25) a parlé de “racket” et demandé une entrevue à la C.A.G.B. qui campe sur ses posi- tions. “Lors d’un dialogue ferme et courtois, nos arguments n’ont pas convaincu pour l’instant la C.A.G.B. qui maintient sa décision mais accep- te d’étudier la faisabilité de notre pro- position d'un “aller-retour” gratuit pour les scolaires qui le souhaitent” annon- ce Joël Deleule, secrétaire général de la F.C.P.E. 25.

L e collégien bisontin aura un excel- lent mot d’excuse pour expliquer une éventuelle absence à la ren- trée : “Mon père n’a pas pu payer mon abonnement bus.” L’anecdote ferait sourire si l’augmentation du tarif Dia- bolo, abonnement de transport sco- laire réservé aux enfants âgés de 4 à 17 ans, n’était pas aussi énorme ! Plus 67 % d’augmentation motivée “par une hausse du prix de l’énergie” dit Gabriel Baulieu, vice-président du

Grand Besançon. “Nous ne pouvons pas laisser filer les déficits. L’erreur réside dans une revalorisation trop faible du tarif Diabolo durant des années. Et il faudra s’attendre à l’avenir à de nouvelles hausses” poursuit la collectivité. Ce message ne passe pas d’autat que l’augmentation ne rap- portera que 286 000 euros pour un budget de 140 millions. 11 000 élèves sont concernés par cet abonnement fixé à 165 euros pour le premier enfant abonné et 110 euros pour les enfants

Les politiques réagissent. Florilège. Philippe Gonon (MoDem) : “Irresponsable augmentation dont les vraies raisons sont sans doute inavouables. Il faut chercher ailleurs l’explication de ce brusque revirement. L’offre de services (kilomètres desservis) s’est accrue de 30 % en 12 ans alors que les recettes de la billetterie n’ont pas suivi et, surtout, que les bénéfices de ces entreprises n’ont pas cru d'autant. Les col- lectivités ne veulent plus ou ne peuvent plus combler les déficits croissants générés par les D.S.P. Deux solutions : soit, ces mêmes entreprises, filiales de la S.N.C.F., de Véolia-C.D.C.… doivent rogner sur leurs bénéfices. Soit, les usagers doivent contribuer au maintien à niveau des bénéfices de ces grandes entreprises en comblant, par la hausse des billets, la prise en charge du défi- cit de la D.S.P. Facteur aggravant dans le cas de Transdev, nouveau déléga- taire Ginko : il entre en bourse et Véolia (filiale commune) lui demande de se désendetter. Ce sont donc les usagers de Transdev qui seront les garants de cette cession de capital et d’une éventuelle introduction en bourse.” Michel Omouri (U.M.P.) : “Depuis 2001, le président de la C.A.G.B. n’a pas voulu augmenter les tarifs des transports scolaires. Cela ressemble fort à de l’imprévision électoraliste. Chaque année, les transporteurs peuvent reva- loriser les prix. Le mode de calcul comporte quatre paramètres : salaires (2,5 %), carburant (1 %), matériels (1 %), prix fixe (0,5 %). L’augmentation des charges “transport scolaire” devrait seulement être de 5 %. Il est impos- sible de justifier ces 55 %. Je souhaite que la C.A.G.B. modifie son règlement des transports en s'inspirant de celui du Conseil général.” Jean Rosselot (U.M.P.) : “Il n’empêche que si les finances du Grand Besançon n’étaient pas hypothéquées pour longtemps par le tram, il aurait été aisé d’absorber ces hausses du coût de l’énergie. Le budget du tram est autonome, nous assure-t-on. Mais le budget principal du Grand Besançon ne vient-il pas à la rescousse pour les travaux générés par le tram ? Exemple : le coût du pont Charles de Gaulle et, pour la ville, le coût énorme, en mil- lions d’euros, du remplacement du collecteur d’égouts, rue Fontaine-Argent, construit en pierres de tailles et qui ne demandait rien à personne ! Quel argent dépensé ! La vraie modernité n’était-elle pas l’option d’un B.H.N.S. (Bus à haut niveau de service), coûtant trois fois moins cher, également sub- ventionné par le “Grenelle de l’environnement.” Mireille Péquignot (U.M.P.) : “Depuis des semaines, la C.A.G.B. se livre à des explications laborieuses. A l’heure où le gouvernement annonce une revalorisation de l’allocation de rentrée scolaire de 70 euros par enfant, main- tenir la décision du Grand Besançon d’augmenter les tarifs du transport sco- laire de plus de 60 % reviendrait purement et simplement à annuler l’aide gouvernementale aux élèves et aux familles.” Martine Jeannin (Centre Droit) : “Il n’est pas acceptable que les citoyens aient à subir les erreurs de gestion ou de programmation. Je vous laisse libre de vos choix stratégiques futurs, très éloignés de ma vision économique de notre cité. En ce qui concerne le tram, je dis que nous pouvions faire autre- ment (utiliser la voie ferrée passant au centre-ville et dans les quartiers par exemple).”

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