La Presse Bisontine 135 - Septembre 2012

La Presse Bisontine n° 135 - Septembre 2012

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UNE ILLUSTRATION À AVOUDREY Besoin de main-d’œuvre S.I.S. a sa propre école de formation Spécialisée dans le travail du cuir, l’entreprise S.I.S. à Avoudrey qui emploie 420 salariés a créé sa propre formation pour répondre à ses besoins constants en main-d’œuvre. Objectif : créer 100 nouveaux emplois tous les ans.

Les premiers élèves qui ont suivi leur formation à l’E.M.A. viennent de décrocher leur C.A.P. de maroquinier.

Ils l’ont dit… Bernard Maris (économiste, écrivain, journaliste) à propos du recul de l’industrie “Nous avons mangé notre pain noir”

L a formation fait partie des enjeux d’un projet industriel tel que la C.C.I.T. l’imagine pour le Très Grand Besançon. Or, on remarque que le système édu- catif ne répond pas toujours aux nouveaux besoins des entre- prises. C’est pour cette raison que la société S.I.S. à Avoudrey a créé en mars 2011, grâce à l’appui de nombreux partenaires, son propre pôle de compétences interne qui lui permet de “for- mer et d’intégrer une centaine de nouveaux collaborateurs chaque année” explique la direc- tion de l’entreprise. Le 29 août, en présence du recteur, l’E.M.A. a récompensé la première pro- motion d’élèves à avoir obtenu le C.A.P. de maroquinier. Pour S.I.S., qui travaille pour

de prestigieux donneurs d’ordres (une quarantaine de manufactures horlogères et de maroquiniers du monde entier), avoir son propre outil de forma- tion est néces- saire afin d’assurer son développement productif. Elle emploie 420 sala- riés et ses besoins en main-

activités émergentes, qualita- tives, à forte valeur ajoutée qui tirent le tissu industriel sur la voie du luxe. Dans le Grand Besançon, aucun établissement scolaire ne propose une telle for- mation qui existe àMontbéliard. L’intérêt pour une entreprise d’avoir une “école” intégrée est que les futurs collaborateurs sont immédiatement opéra- tionnels. “Le parcours de for- mation est conçu de manière à expérimenter tous les gestes et techniques nécessaires à la pri- se de fonction de maroquinier.” Lors de la première année de fonctionnement, l’E.M.A. a pro- posé 11 sessions de formation. 132 stagiaires ont été formés et 100 nouveaux employés embau- chés. Objectifs 2012, 2013, 2014 : cent embauches chaque année.

“La France est le pays qui a enregistré le plus fort recul de sa part à l’export. Le poids de la valeur ajoutée a reculé de 5,2 % dans notre pays contre 3 % en Europe. Tous les pays perdent de l’industrie. Ce qui est intéressant pour nous, c’est que je pense que nous avons mangé notre pain noir. Nous sommes à l’aube d’une nouvelle révolution industrielle qui nous sera favorable car le coût des transports va augmenter. Or, on constate aujourd’hui que dans beaucoup de pays émergents le coût des transports dans le prix des produits est presque nul. Cela ne va pas durer. J’observe cependant que ce qui se passe en France ne se passe pas ailleurs. Le change est favorable à l’économie allemande et défavorable à la France. Notre industrie automobile fait faillite car nous n’avons pas joué la carte de la recherche et de l’intégration des petites mains. L’Allemagne la fait, nous avons fait le contraire en délocalisant. Résultat, la France réimporte ses voitures, alors que l’Allemagne les exporte.” Roland Cayrol (universitaire observateur de la vie politique) à propos de la réindustrialisation “Faire une stratégie locale, régionale d’économie” “L’une des raisons pour lesquelles on sentait un malaise sur la question éco- nomique dans ce pays, c’est qu’il y avait un monde entre les chefs d’entreprises et les élus. Cela a changé ! Les présidents d’agglomérations sont enfin en pri- se avec de vraies problématiques économiques. La réindustrialisation dépend beaucoup des synergies que nous sommes capables de générer localement. Il s’agit de faire ensemble une stratégie locale, régionale d’économie qui repose aussi sur une stratégie politique. Les collectivités ne peuvent plus faire autre- ment que de travailler en partenariat sur ce sujet.” Jean-Marc Sylvestre (journaliste spécialiste de l’économie) à propos de la nouvelle donne économique “Accepter l’idée que nous sommes dans une économie ouverte” “On ne peut pas parler de réindustrialisation. Il est impossible de rapatrier des fabrications dont nous n’avons plus le savoir-faire. Il est impensable, par exemple, de rapatrier l’industrie textile. Nous devons accepter l’idée que nous sommes dans une économie ouverte. Elle est porteuse de progrès pour les pays dévelop- pés comme le nôtre à condition de savoir s’adapter. Le problème est que la Fran- ce est dans une économie d’offre alors que les pays émergents sont dans une éco- nomie de demande. Or, l’offre ne peut fonctionner que si on réunit des facteurs compliqués à réunir d’ailleurs comme l’innovation, y compris culturelle, le mar- keting ou la recherche. La France n’a pas la culture de l’économie d’offre qui passe par une prise de risque. Se mettre dans une posture offensive demande un apprentissage de la réalité. La mondialisation nous fait peur. Nous devons vaincre ces peurs-là. C’est de la responsabilité des hommes politiques.”

“Apprendre les gestes techniques.”

d’œuvre sont constants. Mais lorsque l’on pense horlogerie, le travail du cuir ne vient pas immédiatement à l’esprit dans la région. Cela fait partie des

Jean-Marc Syl- vestre, Bernard Maris et Roland Cayrol ont débattu sur la situation économique de notre pays lors d’une conféren- ce organisée début juillet à Besançon par la C.A.G.B.

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