La Presse Bisontine 135 - Septembre 2012

22 DOSSIER

La Presse Bisontine n° 135 - Septembre 2012

DYNAMIQUE

Un terreau fertile pour d’autres activités Les microtechniques… mais pas que

Un des enseignements de l’étude rendue par la Chambre de Commerce et de l’Industrie du Doubs est que les filières maroquinerie, horlogerie, bijouterie-joaillerie, sont des axes forts autour desquels il faudrait travailler. Ils sont porteurs d’avenir pour l’industrie du Grand Besançon.

Potentiel d’emploi des trois filières en France et en Suisse

L a particularité de l’étude de la C.C.I. est qu’elle préconise une stratégie indus- trielle pour le Très Grand Besançon qui remet en cause la place des microtech- niques considérées, à l’excès peut-être, comme le nouvel étendard industriel de ce territoire. “La microtechnique, c’est de la diversification. C’est une activité ressource pour l’horlogerie.” La Chambre de commerce met donc les pieds dans le plat et titille le précepte selon lequel ce sec- teur d’activité est celui qui doit catalyser tous les efforts. Pourtant, s’il s’agit bien d’une indus- trie de pointe qui innove et répond à des mar- chés divers, son contenu est assez flou aux yeux du grand public. C’est pourquoi la C.C.I. intègre les microtech- niques à une stratégie plus large qui s’articule autour de trois axes forts identifiés, faisant écho à la culture horlogère locale, et qui seraient por- teurs d’avenir. Il s’agit de la bijouterie-joaillerie, de la maro- quinerie (bracelets, sacs…) et de l’horlogerie. Le Grand Besançon abrite des savoir-faire dans ces trois domaines. Le terreau est fertile et des mar- chés sont à creuser. Deux éléments peuvent doper leur croissance. Tout d’abord ils sont posi- tionnés sur le marché du luxe qui ne connaît pas la crise. Ensuite, ils doivent se structurer pour tirer parti de l’essor de l’économie horlo- gère suisse qui a des besoins forts en sous-trai- tance et en main-d'œuvre (on estime à 5 000 le nombre de nouveaux emplois qui seront créés en Suisse voisine dans les cinq prochaines années). Une coopération transfrontalière renforcée serait un enjeu d’avenir pour notre territoire. Cette perception n’est pas nouvelle. “La situation de cette ville (Besançon) dans le voisinage de la Suisse l’appelle à devenir un jour le principal marché où les habitants de ce pays s’approvisionneront des denrées nécessaires à

leur consommation et à leurs manufactures” découvre-t-on dans l’acte fondateur de la C.C.I. du Doubs daté de 1819 ! De nombreux industriels bison- tins sont déjà partenaires des entreprises helvétiques qui recon- naissent leur savoir-faire. C’est le cas par exemple du groupe I.M.I. (Cheval Frères, Laser Cheval…). Le fait que des marques horlo- gères suisses comme Breitling investissent dans la construction d’un nouveau bâtiment à Temis pour y développer leur service après-vente conforte Besançon

Un partenariat

avec la suisse.

dans un statut - à redorer - de capitale horlo- gère. “Il ne faut par chercher à faire comme la Suisse. Ils sont trop forts et il est trop tard pour cela. Mais nous pouvons en tirer des leçons” pré- cise Laurent Sage, directeur des études à la C.C.I. Pour la Chambre de commerce du Doubs, c’est donc sur ces trois filières, la bijouterie-joaille- rie, l’horlogerie et la maroquinerie, qui ont intrin- sèquement une image qualitative qu’il faudrait accompagner pour qu’elles se structurent et de développent davantage. La C.C.I. commence à le faire à travers le dispositif “Secto.” Le 12 juin, elle a invité à Besançon deux grands donneurs d’ordres du bijou de luxe pour qu’ils rencontrent pendant une journée, individuellement, une quinzaine d’entreprises du Grand Besançon, qui pourraient jouer les sous-traitants de premier choix. D’autres rencontres de ce genre sont pré- vues d’ici la fin de l’année 2013 pour l’horlogerie et la maroquinerie. Mais l’application de cette stratégie impose de s’atteler à un autre grand chantier, celui de la formation de la main- d'œuvre.

EXTRAITS

Les observations de la C.C.I.

La Suisse, le partenaire idéal Travailler sur le développement productif des trois filières que sont l’horlogerie, la bijouterie-joaillerie et la maroquinerie, voilà l’enjeu de demain.

1 - L’horlogerie Sur le bassin économique de Besan- çon, la renaissance horlogère se tra- duit déjà à plusieurs niveaux : 1 - en fourniture de composants pour les manufactures suisses, 2 - par le déve- loppement de marques propres, de la fantaisie aux marchés du luxe (Leroy) 3 - par l’installation de S.A.V. de marques suisses de renom en général pour des montres en retour des pays de la zone Euro. Les niveaux 1 et 3 s’inscrivent dans une logique d’accroche au dynamisme de l’industrie horlogè- re suisse. Ils la nourrissent, la confor- tent, la complètent. Les débouchés sont importants, les marchés porteurs, le taux de croissance endémique devant se situer entre 5 et 10 % l’an sur les dix prochaines années. Pour le service après-vente, l’explosion des ventes de montres de luxe sur les dix dernières années va “mécanique- ment” provoquer un développement important des ateliers de S.A.V. Miser sur ce développement est important. La condition sine qua non est d’être capable de former sur le territoire du personnel qualifié. En revanche, le développement de marques horlogères propres est plus complexe, plus risqué, plus coûteux aussi. Les entreprises ont sans doute intérêt à se positionner d’abord en com- plément de l’activité suisse. Sans s’y soumettre, elles doivent la nourrir, la conforter, mais pas la combattre.

2 - La maroquinerie Si la renaissance horlogère suisse a montré la voie, un autre exemple doit nous inspirer : la maroquinerie de luxe. L’axe Besançon-Pays Horloger a su profiter de l’une comme de l’autre. En maroquinerie de luxe, portée par les plus grandes marques françaises, par ailleurs leaders mondiaux, un certain nombre d’entreprises dont les racines sont pour la plupart horlogère, ont su prolonger leur savoir-faire de travail du métal pour livrer boucles, fermoirs, éléments de décoration… Le lien de parenté avec la maroqui- nerie se retrouve également dans la fabrication de bracelets de montres en cuir. Leur chiffre d’affaires cumulé est désormais de plus de 100 millions d’euros avec un fort potentiel. 3 - Bijouterie-joaillerie C’est désormais le 3 ème axe de déve- loppement. Après l’horlogerie dans les années quatre-vingt-dix et la maro- quinerie à partir des années 2000, le marché de la bijouterie-joaillerie haut de gamme et de luxe connaît un déve- loppement à deux chiffres. Ce domai- ne peut être le prochain train de déve- loppement industriel. Le Très Grand Besançon, le Pays Horloger et le dépar- tement du Doubs dans son ensemble peuvent s’arrimer à ce train “avec un wagon première classe.” Il s’agit donc de conforter et de nourrir le dévelop-

pement productif de chacune des trois filières : horlogerie,maroquinerie, bijou- terie-joaillerie. Mécaniquement, les emplois industriels européens, natio- naux, locaux, fondés sur l’investissement, suivront.

Sur la cinquantaine d’entreprises franc-comtoises qui travaillent pour l’horlogerie, les deux tiers sont à Besançon et un tiers dans le Pays Horloger.

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