La Presse Bisontine 135 - Septembre 2012

20 DOSSIER

La Presse Bisontine n° 135 - Septembre 2012

COMMENTAIRES

Le président de la C.C.I.T. “L’industrie est toujours une réalité à Besançon”

Le président de la Chambre de Commerce et d’Industrie Territoriale du Doubs commente l’étude qui tend à démontrer que Besançon a une réalité industrielle encore forte, et même prometteuse.

L a Presse Bisontine : Pourquoi avoir initié cette étude sur ce thème de “Besançon et l’industrie” ? Dominique Roy : On présente souvent Besançon comme étant une ville de services. Or, j’ai tou- jours eu cette intuition que Besançon était enco- re une terre industrielle. Cela a toujours fait partie de mes croyances. Notre service d’études économiques, avec Laurent Sage à sa tête, a sou- haité vérifier cette “lubie” de président et on s’est bien aperçu que ce n’était pas une lubie mais bien une réalité. L.P.B. : Les résultats de cette étude sont surprenants ! Comment les expliquez-vous ? D.R. : L’industrie du Nord Franche-Comté est beaucoup plus visible car il s’agit surtout de pro- duits finis et lourds comme des voitures ou des locomotives. Ici à Besançon, la réalité est beau- coup moins visible car on a des entreprises qui sont avant tout des fournisseurs de composants ou de pièces pour ensembles plus complexes, ce sont surtout des P.M.E. Et on a aussi énormé- ment d’entreprises de services, mais de services à l’industrie, dont les codes N.A.F. ne sont donc plus du tout liés à ceux de l’industrie et qui pour- tant dans la réalité, le sont. Il y a une sorte d’effet de masque. L.P.B. : Comment expliquez-vous le déficit d’image de Besançon par rapport à l’industrie ? D.R. : Certains ont parlé récemment de “réen- chanter le rêve français.” Moi, je parle de “réen- chanter la réalité industrielle de Besançon.” Je note que depuis quelques années, une conscien- ce des élus a émergé, estimant que Besançon a un avenir dans l’industrie. Le vrai problème, c’est que pendant des années Besançon a entre- tenu le culte mortifère des luttes sociales qui a pénalisé pour un bon moment l’image de l’agglomération à l’extérieur. Les anciennes géné- rations d’élus n’ont pas eu je pense cette volon- té qu’ont les actuels élus de reconstruire cette industrie. L.P.B. : Le secteur de Besançon n’a plus à rougir face au Nord-Doubs ? D.R. : On s’est aperçu avec cette étude que depuis

une vingtaine d’années, la part des effectifs liés à l’industrie dans le Nord-Doubs avait baissé de 25 %, alors qu’à Besançon cette part a augmenté de 15 %. Quand lemaire de Besançon oumoi-même affirmons que Besançon a un ave- nir industriel, c’est crédible car on s’aperçoit à travers cette étu- de que Besançon ne part pas de zéro. L’industrie est toujours une réalité ici. L.P.B. : Dans quels domaines d’activité y a-t-il des potentiels de développement pour la zone de Besançon ? D.R. : On a monté à la C.C.I.T. une opération baptisée “Secto” desti-

“Le culte mortifère des luttes sociales.”

Dominique Roy, prési- dent de la C.C.I.T. du Doubs

née à aider les entreprises industrielles du Doubs à se diversifier, en direction de créneaux qu’on estime porteurs. Parmi eux, il y a toujours l’horlogerie, la maroquinerie de luxe et la bijou- terie-joaillerie. On a encore de vrais potentiels sur ces créneaux-là. Nous avons déjà organisé des rencontres sectorielles afin d’apporter des éclairages aux entreprises de ces branches-là sur les marchés émergents. Ces premières ren- contres sont très prometteuses. L.P.B. : Comment comptez-vous exploiter cette étude ? D.R. : La C.C.I.T. est le représentant des entre- prises, certes, mais aussi des territoires. Les trois secteurs d’activité ciblés dans l’étude sont tous “tirés” par la Suisse. Il y aura forcément des complémentarités à développer avec le bas- sin d’emploi de Besançon.Nous allons par exemple mettre en place à la rentrée un groupe de tra- vail destiné à renforcer notre présence dans le Haut-Doubs et ainsi pouvoir faire des passe- relles entre les entreprises du “haut” et celles implantées dans le Grand Besançon. Besançon a un grand créenau à défendre, celui de l’industrie de luxe. Je peux vous assurer qu’à l’exemple de Breitling qui construit son nouveau bâtiment de S.A.V. à Témis, d’autres structures du luxe s’installeront prochainement à Besançon. Propos recueillis par J.-F.H.

(photo L. Cheviet).

REPÈRES Sur le Grand Besançon 9 % des emplois de service dédiés à l’industrie L’opposition “industrie-service” est de plus en plus artificielle selon la C.C.I. qui remarque que nombreuses sont les sociétés de service qui ont une activité dédiée à l’industrie. Elles dépendent toujours de ce secteur mais n’apparaissent pas comme tel dans les statistiques.

S i l’industrie n’évolue pas de la même manière en fonction des bassins d’emplois, elle est glo- balement en recul en Franche- Comté.Au regard des statistiques four- nies par l’I.N.S.E.E., ce secteur a pris du plomb dans l’aile sur la dernière décennie. Sur la période 2000-2007, 19 000 emplois salariés ont été détruits,

et 10 000 entre 2008 et 2010 ! L’automobile est principalement tou- chée. Selon les services de l’État, cette dégrin- golade majeure et inquiétante carac- téristique du phénomène de désin- dustrialisation est compensée en partie “par la création d’emplois dans le ter- tiaire. Beaucoup d’entreprises ont en

Part des ser- vices contri-

buteurs à l’industrie

sur le bassin d’emploi de Besançon (Source C.C.I.T. 25).

Elle conclut que “l’opposition indus- trie-service” est de plus en plus artifi- cielle.” L’externalisation ne signifie pas que les entreprises de services n’ont plus de lien avec l’industrie.Au contrai- re, pour certaines, leur activité est entièrement dédiée à l’industrie mais cela n’apparaît pas comme il faudrait dans les statistiques. Selon la C.C.I., “la tertiairisation de notre économie

effet externalisé des fonctions telles que la maintenance, le nettoyage, l’informatique, ou la recherche et le développement.” La Chambre de Commerce et de l’Industrie Territoriale s’est intéres- sée de prêt à ce phénomène d’externalisation dans l’élaboration de son étude sur la réalité du paysage industriel dans le Grand Besançon.

doit donc être relativisée en particu- lier sur nos territoires.” Si en Franche- Comté chaque “écosystème” a des ratios qui lui sont propres, la Chambre de commerce estime à 9 % l’apport rela- tif des principaux secteurs de services pourvoyeurs d’emplois “dédiés à l’industrie” sur le bassin économique de Besançon. Tous les détails dans le tableau suivant.

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