La Presse Bisontine 135 - Septembre 2012

DOSSIER

La Presse Bisontine n° 135 - Septembre 2012

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BESANÇON ET L’INDUSTRIE : ON Y CROIT !

L’industrie n’est pas morte à Besançon. Cela semble être une banalité que de le dire car pour beaucoup, ce secteur économique est devenu moribond depuis la fin de l’aventure horlogère dans la capitale régionale. Or une récente étude de la C.C.I.T. du Doubs vient démontrer le contraire. Il y a même plus d’emplois liés à l’industrie aujourd’hui dans le Grand Besançon qu’il y a vingt ans. La Presse Bisontine dévoile en avant-première les résultats de cette étude prospective qui démontre que non, Besançon n’est pas qu’une ville de fonctionnaires… Il ressort de cette enquête économique d’une part la nécessité de renforcer les liens économiques avec la Suisse et d’autre part de valoriser les filières du haut de gamme. L’avenir industriel du Grand Besançon serait là.

ENQUÊTE

Dans le Grand Besançon Plus d’emplois industriels aujourd’hui qu’il y a vingt ans !

Dans le Grand Besançon, 28 % des emplois privés sont dédiés à l’industrie selon une récente étude réalisée par la C.C.I.T. du Doubs. Qui l’aurait cru ?

La Chambre de commerce et de l’industrie territoriale du Doubs a effectué un travail précis de recensement pour identifier les entreprises industrielles qui ont un lien privilégié avec ce secteur (photo L. Cheviet).

L’ industrie. On la croyait fébri- le, effacée dans une ville de Besançon où les services et l’administration semblent prendre toute la place. Pour beaucoup, la capitale régionale a connu son heure de gloire avec l’horlogerie jusqu’à ce que la crise qui frappait depuis des années en sonne le glas en 1990, abrégeant l’aventure de lamontre qui se raconte désormais dans unmusée du Temps. La casse de l’horlogerie a laissé des séquelles dans cette ville jusqu’à faire naître le sentiment que l’industrie appartenait à l’histoire ancienne. L’amertume a fini par faus- ser la perception que l’on peut avoir de la réalité économique de notre ter- ritoire. C’est vrai il n’y a plus de grandes usines (Lip, France Ébauches, Kelton), mais il y a une vie industrielle faite de P.M.E. qui innovent, investissent dans beaucoup de domaines (santé, aéronautique, horlogerie, microtech- niques, bois, plasturgie, maroquine- rie…). Bref, il y a réellement de bons restes ! C’est parce qu’il en avait la conviction que Dominique Roy, le nouveau pré- sident de la Chambre de commerce et de l’industrie du Doubs (et ancien pré- sident de la C.G.P.M.E.) a demandé à ses services de s’intéresser à la réali- té industrielle de Besançon et de son

agglomération. La C.C.I. a analysé la situation, effectuant un travail de recen- sement des entreprises. L’étude vient de tomber. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les résultats sont sur- prenants et rectifient un certain nombre d’ a priori . On apprend dans ce document que 28 % des emplois privés sont dédiés à l’industrie dans le Grand Besançon. “On est au-delà de la moyenne fran- çaise” remarque Laurent Sage, direc- teur des études économiques et terri- toriales à la C.C.I.T. qui a conduit ce travail. Cependant, le pourcentage est inférieur à celui de la zone d’emploi de Montbéliard (54 %) et Belfort (38 %), mais il progresse. “On peut même par- ler de développement de l’industrie sur le Très Grand Besançon depuis 20 ans, un secteur pour lequel le nombre

époque, mais active. Elle ne se déve- loppe plus seulement à Besançon mais sur un territoire élargi qui dépasse les frontières de l’Agglo. Les usines sont sorties des murs de la ville pour s’installer en périphérie. “Quand on change de champ géographique, c’est flagrant. Si l’on regarde Besançon il y a cent ans, les ateliers horlogers étaient au centre-ville. Aujourd’hui, plus on s’en éloigne et plus le nombre d’emplois dédiés à l’industrie s’accroît” précise Laurent Sage. Si on peut remarquer qu’il n’y a plus d’industrie leader sur ce territoire com-

me l’a été en son temps l’horlogerie, la diversité des P.M.E. est une chance. “Il y a de l’agroalimentaire, du médi- cal, de l’aéronautique, de l’horlogerie encore, la diversification sectorielle est un atout exceptionnel qui induit une multitude de marchés” ajoute le direc- teur de département qui pèse ses mots. Cette diversité permettrait d’amortir les effets de la crise. “Ce n’est pas une vision optimiste de rentrée ! L’industrie est au cœur de l’économie locale. Les P.M.E. ont une taille qui leur permet de s’adapter.” Au moins, avec cette étude, le propos

de la C.C.I.T. du Doubs tranche avec la morosité ambiante de l’économie française. Mieux encore : “On parle désormais de “redressement produc- tif” en France. Sur le Très Grand Besan- çon, on devrait plutôt parler de “déve- loppement productif”. Ce territoire a un temps d’avance en quelque sorte.” Il ne s’agit pas de nier les difficultés que peuvent rencontrer les P.M.E. dans le contexte conjoncturel actuel, mais quand l’optimisme est au menu, ce n’est pas le moment de faire les fines bouches. T.C.

d’emplois est passé de 16 500 en 1993 à 18 000 en 2010. À Besançon, un emploi sur trois est dédié à l’industrie ! En France, nous sommes à un sur cinq voire un sur six” observe-t-il. L’industrie est donc bien là, plus discrète sans doute qu’à une

Parler de “développement productif”.

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