La Presse Bisontine 133 - Juin 2012

LE PORTRAIT

La Presse Bisontine n° 133 - Juin 2012

51

BESANÇON

Il continue le métier Albert Ziri ne lâche pas le micro

Albert Ziri (à gauche)

photographié par Alexandre Beaudrand lors de son dernier tournage avec Jean-Luc Gantner à la caméra.

Après une carrière journalistique bien

contacts” explique Albert. Alors, avec cette page d’Albert (lapa- gedalbert.blogspot.com), il va, sans plus de prétention, apporter sa modes- te pierre à l’édifice du débat public en prenant la parole ou en la donnant à ceux qui font l’actualité. Cette envie d’apprendre et de comprendre lui amè- ne d’ailleurs une question : “Pourquoi faire un article àmon sujet ?” Les lignes qui suivent vont sans doute apporter une réponse tant à Albert qu’à nos lec- teurs… Né à Casablanca il y a 60 ans, Albert Ziri garde de son pays natal beaucoup de souvenirs. “Des bons mais aussi des mauvais. Celui notamment d’avoir été déraciné d’une ville et d’un pays que je n’ai pas encore retrouvés” explique- t-il. Et il enchaîne sur ses premiers pas sur le sol français “le 23 août 1965 à l’aéroport de Marignane à 11 h 41.” Très vite, la famille s’installe en région parisienne, à deux pas d’une capitale qu’il découvre avec enthousiasme. Com- me à Casablanca, le cinéma fait par- tie de son quotidien : là-bas, avec son

père, il voyait plusieurs films par jour passant d’une salle à l’autre. Une pas- sion qui se poursuit en France et qui nourrit son imaginaire comme son envie de s’orienter vers les métiers de l’image. La vie et son goût peu prononcé pour les études vont en décider autrement et c’est finalement un cousin, assis- tant d’un réalisateur qui va lui don- ner un vrai coup de pouce. Pas celui espéré, mais un conseil : “Aller taper aux portes !” Albert Ziri se rend à l’O.R.T.F. et se souvient encore de l’accueil : “Il veut quoi le jeune homme, il sait faire quoi ?”

Et comme tout au long de sa vie, il est en quête de savoir. Au studio Pathé par exemple, il découvre la prise de son, la gestion acoustique. Un peu plus tard, vient le temps des radios libres, moment où Albert “rencontre” le jour- nalisme avant de retrouver la télévi- sion en 1984. Il enchaîne alors les contrats d’opérateur son pour FR3 et parcourt la France avec en septembre 1984 une étape à Besançon. Son premier contact avec la Franche-Comté. “Je suis séduit par la région. Et puis je vais y nouer de vrais liens d’amitié… et rencontrer Catherine…” Peu à peu, il développe ses compé- tences, “y compris pendant trois mois au micro des matinales de France Bleu Besançon à la Citadelle” s’amuse-t-il. Peu à peu, il bascule dans l’actualité au fil des missions, il gagne sa carte de presse “sur le terrain, à l’ancienne !” En 1994, il intègre France 3 Franche- Comté et six ans plus tard, obligé de poser sa caméra, il devient rédacteur, une nouvelle étape, celle qui profes-

sionnellement l’amené jusqu’à la retrai- te. Albert Ziri au micro : “Je tiens à souligner la patience de ceux qui ont travaillé avec moi. À souligner toutes les amitiés construites au fil des années.” Et s’il fallait retenir une anecdote ? “Ce qui domine surtout, c’est la chan- ce d’avoir fait ce métier… j’ai beaucoup de souvenirs qui entrechoquent : il y a ce reportage, au C.H.U., une opération du cœur, et les gestes, précis, minutieux qui font oublier le sang et la tension. Il y a ces pompiers disparaissant dans les fumées pour revenir avec un enfant dans les bras. Il y a ces immanquables crises de rire sur certains tournages. Il y a l’incroyable hospitalité de beau- coup. Il y a la rencontre, avec cet hom- me dont toute la famille a été gazée, à Treblinka, et qui à la libération est “simplement” dit-il “retourné à la vie, sans désir de vengeance.” Il y a ce regard d’amour pour cette maman à son enfant autiste… il y a tellement à dire sur eux tous, à raconter.” Il y a surtout chez Albert, c’est certain, le goût des autres. D.A.

P reuve de cette envie de rester toujours au fait de l’actualité, Albert Ziri a ouvert son blog , un 1er mai, s’il vous plaît. “Les conférences de rédaction me manquent et j’ai toujours un vrai appétit d’information, l’envie d’avoir des est toujours présente comme elle l’a été tout au long de son parcours peu commun. remplie, Albert Ziri goûte depuis peu aux joies de la retraite. Pas question d’inactivité pour autant car l’envie d’apprendre

Réponse cinglante et honnête : “Rien !” Il devient pourtant à 18 ans garçon d’orchestre aux Buttes-Chau- mont. “J’apprends alors ce qu’est un stu- dio, un plateau télé” confie-t-il. “Je suis fas- ciné par l’endroit, curieux, observateur.”

À la rencontre des héros du quotidien.

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