La Presse Bisontine 133 - Juin 2012

A g e n d a

La Presse Bisontine n° 133 - Juin 2012

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BESANÇON - AMÉLIE ROUSSEILLE

“Il y a toujours cette énergie de faire la fête ensemble” Début mai, la compagnie La Salamandre a fêté ses 22 ans à Besançon. Pendant trois jours, elle a démontré toute l’étendue de son savoir-faire artistique dans le spectacle de rue où elle affirme son originalité en jouant avec le feu. Aujourd’hui, la troupe bisontine rayonne partout dans le monde et pourtant elle souffre d’un déficit d’image dans sa ville nata- le. Explications d’Amélie Rousseille, administrative de La Salamandre.

L a Presse Bisontine : Vous venez de fêter vos 22 ans de façon spectaculaire à Besan- çon pendant “trois jours de feu”. Que retenez-vous de cet événement ? Amélie Rousseille : Il y avait une volonté de la compagnie de mar- quer le coup à Besançon et ce, malgré les travaux du tram qui ont compliqué les choses. Nous voulions le faire dans la ville où est née La Salamandre, mais où elle a aussi un déficit d’image. Il y a eu quelques parades au centre-ville, pour le reste, tout se déroulait aux Prés-de-Vaux. Cela n’a pas découragé les gens. Nous avons accueilli en moyen- ne 1 000 personnes chacun des trois soirs. Quand plus de 1 000 spectateurs chantent “joyeux anniversaire” à la fin du spec- tacle, c’est fort ! Nous avons eu des retombées suite à cet évé- nement de la part de nos pairs, et du public bisontin puisque 6 000 personnes nous ont sui- vies. Nous avons créé des choses spéciales pour cet anniversaire. Beaucoup de gens nous ont demandés si nous allions renou- veler cette opération tous les ans. C’est impossible, car organiser un tel événement représente un investissement important pour notre compagnie. L.P.B. : Il y a eu des spectacles mais également des tables rondes lors des- quelles vous avez identifié avec les acteurs culturels plusieurs problèmes qui menacent notamment les arts de la rue. Quels sont ces problèmes ? A.R. : La remise en question per- manente du statut des inter- mittents du spectacle en est un.

Pour une question financière, des compagnies comme les nôtres ne peuvent pas salarier des artistes à temps plein. Aujourd’hui, La Salamandre c’est deux salariés, dix artistes qui constituent le noyau dur de l’association et 25 autres que l’on appelle au coup par coup, pour compléter l’équipe, en fonction des spectacles. Le statut d’intermittent nous per- met justement de les solliciter ponctuellement. S’il disparaît, les artistes devront trouver un emploi “stable”. De fait, ils ne pourront plus répondre aux demandes ce qui limitera les marges de manœuvre des com- pagnies. Si ce statut disparaît, il faudra faire sans, mais il met- tra en péril de nombreuses struc- tures. L.P.B. : Allez-vous faire remonter au plus haut niveau politique ce “cahier de doléances” issu des tables rondes ? A.R. : Nous avons récolté de la matière lors de ces tables rondes. Ces échanges riches n’étaient pas gratuits. L’idée est bien de faire une synthèse de tout cela. Nous allons réfléchir à la maniè- re d’y donner une suite.

d’accord avec ce discours.Le désen- gagement est fatal et raisonner en terme de subventions seules est une vision à court terme. On ne peut pas baser des projets d’avenir sur la collectivité et tout attendre des subventions.La Sala- mandre a vécu pendant vingt ans sans aides. Si désormais nous avons la chance d’avoir comme partenaire le Conseil régional de Franche-Comté qui nous soutient, La Salamandre fonctionne par la vente de ses spectacles. Nous voulons maintenant développer le mécénat. L.P.B. : Est-ce que le mécénat est la piste à explorer pour permettre à la cul- ture de vivre. Dans certains pays com- me la Suisse, cette culture est d’ailleurs très ancrée. Qu’en est-il ici ? A.R. : La culture dumécénat n’est pas très présente dans le spec- tacle de rue. Elle n’est pas non plus très ancrée dans la région. Je note cependant que le festi- val Les Eurockéennes a fait des prodiges avec le mécénat. Je ne dis pas que cette pratique est for- cément la voie à suivre, car le but pour une compagnie est de parvenir à s’autofinancer, mais il ne faut pas l’écarter car cela peut être une solution pour finan- cer, par exemple, la création. La culture même populaire est un secteur pourvoyeur d’emplois. Ce n’est pas de l’argent dépen- sé mais de l’argent investi. Les Eurockéennes sont devenues un atout fort pour Belfort. Ce n’est plus seulement un événement culturel mais un événement éco- nomique.

Amélie Rousseille : “Il y avait une volonté de la compagnie de marquer le coup à Besançon.”

encore joué à Serre-Chevalier, au pied des pistes, des spectacles de 25 minutes. L.P.B. : Finalement, pour générer des recettes n’est-ce pas imaginable que le public paie pour découvrir un spec- tacle de La Salamandre comme il paie pour voir un concert ? A.R. : Non, cela irait à l’encontre de l’idéologie du spectacle de rue. Le faire payer est un début de ségrégation et nous n’en voulons pas. Notre dimension scénogra- phique est la rue et la proximi- té avec le public. L.P.B. : Une association comme la vôtre fonctionne comme une entreprise… A.R. : Nous ne sommes plus une compagnie, mais une entreprise culturelle qui vend des projets culturels. Sans être méprisante, nous ne sommes pas des gens qui jonglent avec quelques mas- sues au coin d’une rue. Au fil du temps, nous nous sommes struc- turés et professionnalisés. C’est ce message que nous voulions faire passer aux Bisontins lors des festivités organisées pour notre anniversaire. L.P.B. :Vous tournez en France et à tra- vers le monde, vous intervenez dans des superproductions, pour autant La Salamandre est peu connue à Besan- çon, la ville où est pourtant née la com-

vend ses spectacles, mais à qui ? A.R. : Soit nous les vendons à des collectivités dans le cadre d’un fes- tival, soit à des clients privés. Les soirées pri- vées représen- tent aujourd’hui 50 % de nos recettes.

pagnie il y a 22 ans. Pourquoi ? A.R. : Nous avons un problème de reconnaissance à Besançon. J’ai l’impression que nous vivons la même chose que le Cirque Plu- me il y a quelques années. Je le répète, si nous avons fêté notre anniversaire à Besançon, c’est parce qu’on a senti une mécon- naissance de notre travail dans cette ville. L.P.B. : Nul n’est prophète en son pays. Comment se fait-il qu’il y ait aussi peu de représentations de spectacles de rue en Franche-Comté et à Besançon ? A.R. : Comment se fait-il ? C’est une question ouverte alors que cette région peut développer un véritable pôle de spectacle de rue, puisqu’elle compte, sur son ter- ritoire, parmi les meilleures com- pagnies de France. Nous avons pris les devant en constituant le collectif la Franc-Comtoise de rue. Il y a vraiment quelque cho- se à faire autour de cela. L.P.B. : Quelque chose comme par exemple, un nouvel événement cultu- rel à Besançon après Musique de rue et Sonorama ? La ville réfléchirait à une nouvelle formule. En avez-vous connais- sance ? A.R. : En tout cas nous sommes capables de prendre en charge l’organisation d’un festival de rue à condition que nous ayons

“Raisonner en terme de subventions est une vision à court terme.”

L.P.B. : Qu’entendez-vous par clients privés ? A.R. : Il arrive que nous interve- nions dans le cadre de soirées organisées par des entreprises industrielles. C’est comme cela que nous avons été amenés par exemple à aller donner une repré- sentation à Toronto pour une société qui organisait une soirée à but caritatif. Nous faisons cela plusieurs fois dans l’année. Sur le même principe événementiel, notre compagnie a été deman- dée pour intervenir dans le spec- tacle Excalibur produit au sta- de de France en septembre 2011. Grâce à notre maîtrise du feu, nous avions pour rôle de donner l’esprit de la guerre. Pour ce spec- tacle, nous avons embauché des artistes. La Salamandre a par- ticipé également en Italie à un grand show . Cette saison, elle a

L.P.B. : Le désenga- gement des collecti- vités qui ont tendan- ce à geler les subventions allouées à la culture voire à les réduire, est considé- ré comme une mena- ce par beaucoup d’acteurs culturels. Êtes-vous de cet avis ? A.R. : Je ne suis pas

“Populaire n’est pas péjoratif.”

L.P.B. : Vous dites que La Salamandre

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