La Presse Bisontine 132 - Mai 2012
LE PORTRAIT
La Presse Bisontine n° 132 - Mai 2012
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HOMMAGE
La folie Clo-Clo encore d’actualité Patricia, l’ancienne Clodette qui a flashé pour le Doubs
P atricia Criton est loin, bien loin de l’image que parfois renvoient les danseuses-potiches de la télévision. Les Clodettes, c’était autre chose. Non seulement un corps qui faisait fantasmer plus d’un hom- me, mais aussi une tête bien faite. L’ex- Clodette qui a trouvé refuge par amour dans le Doubs, ne fait pas exception. Claude François ne s’entourait pas de la première venue. Même si c’est le plus grand des hasards qui a mené la jeune Patricia, alors âgée de 18 ans, dans le bureau de la plus grande star de l’époque. La jeune beauté d’origine sénégalai- se, fille d’un militaire de carrière, se destinait plutôt à devenir enseignan- te ou médecin. “J’ai croisé un jour vers le théâtre de l’Odéon Maddly Bamy, qui était Clodette à l’époque et qui deviendra plus tard la compagne de Jacques Brel. “Mademoiselle, vous êtes très jolie, vous ne voudriez pas faire du cinéma ?” me demande-t-elle. Un mois plus tard, elle m’aborde à nou- veau en me proposant de danser avec Claude François. Je lui réponds alors que je ne sais pas danser…” Maddly insiste et Patricia se retrouve chez elle à danser sur un disque. “À l’internat, j’avais juste appris la danse classique naturelle, c’est-à-dire les gavottes et les menuets… sourit-elle. Maddly m’a répondu que ça ferait l’affaire. Si Clau- de te demande si tu sais danser, tu lui diras oui…” Arrivée dans le bureau du boss, Clau- de François va droit au but. “Vous êtes belle mais savez-vous danser ?” deman- de Clo-Clo. “Oui” répond timidement Patricia. “Mon histoire de Clodette a donc commencé par un petit menson- ge…” Le lendemain de l’audition, Patri- cia participe à son premier gala. “Clau- de s’est vite rendu compte que je n’étais pas une excellente danseuse, mais il a Elle a fait partie de la troupe mythique des danseuses de Claude François dont le mythe, trente-trois ans après sa mort, est toujours aussi vivace. Aujourd’hui installée dans le Doubs, Patricia se souvient.
Patricia n’a rien perdu de son joli sourire. Sur l’écran, elle danse à la droite de
Clo-Clo (à gauche de l’écran) lors d’un show à la télévision
italienne en 1970.
été très humain. Il me dit : “C’est incroyable que ce soit moi un blanc qui apprenne à danser à une noire !” Com- me quoi les clichés selon lesquels la danse serait innée chez les noirs, ont la vie dure… Puis j’ai vite progressé à ses côtés” ajoute Patricia. Nous sommes en 1968, une aventure professionnelle de trois ans auprès de la plus grande star de l’époque com-
le travail a été la meilleure des écoles pour Patricia dont le parcours de Clo- dette n’était pas vraiment du goût de sa maman à l’époque. “J’ai passé un deal avec elle qui ne voulait pas que sa fille “lève la jambe” : si j’intègre les Clodettes, je continue mes études. J’ai donc passé le Bac en parallèle.” Deux années et demi merveilleuses au cours des quelles Patricia Criton était appréciée des hommes autant que des femmes qui voyaient en les Clodettes un peu le prolongement de leur idole Claude François. “Pour les fans, on faisait partie intégrante de Claude.” Le chanteur et l’homme qui fait aujourd’hui l’objet d’un film étaient deux personnages sans doute très dif- férents. Patricia a connu le chanteur “très exigeant,mais très humain. Jamais il n’a été dur avec nous. Il m’a appris à être exigeante vis-à-vis de moi-même. Il respectait ses Clodettes. Il n’était pas du genre à penser que le droit de cuis- sage pouvait exister” confie l’ex-Clo- dette qui a gardé quelques liens avec
certaines de ses anciennes camarades de travail. “J’ai été recontactée il y a deux ans par l’une d’elle qui tente aujour- d’hui de faire reconnaître notre droit à l’image. Une procédure est en cours à laquelle se sont jointes une dizaine d’entre nous” indique Patricia. En 1971, la belle Africaine quitte l’aventure, “pour me marier. Et pour continuer mes études. Je ne voulais pas lever la jambe ad vitam aeternam !” Sans regret, mais avec “que des bons souvenirs. Je ne suis pas du genre féti- chiste, ce passé-là, je l’ai dans mon cœur. J’ai gardé de cette époque une ou deux tenues… que je ne pourrais plus enfiler aujourd’hui…” rit-elle. Patri- cia intégrera et suivra avec brio un cursus supérieur à l’école française des attachés de presse à Paris. Elle a vécu la mort de Claude François en 1978 comme un drame, comme toutes les fans. Après ses études, Patricia entrera en tant que chargée des relations publiques à Air Afrique, la grande compagnie
aérienne qui regroupait onze pays de l’Afrique Noire. Attachée de presse pour la France et l’Europe, elle ter- minera sa carrière comme directrice de la communication et du marketing de la compagnie jusqu’à la dissolution de celle-ci en 2002. Une carrière pro- fessionnelle au cours de laquelle elle accumulera de fructueuses expériences et côtoiera le monde du sport, de la mode ou des affaires. Toujours attachée à l’Afrique où elle n’a pourtant pas vécu, l’ancienne Clo- dette s’envole au moins une fois par an pour le Sénégal, “où les réalités de la vie remettent vite les choses en pla- ce. C’est mieux que des anxiolytiques” sourit l’ex-Clodette installée dans un petit coin du Doubs où elle a eu récem- ment le double coup de foudre : pour les paysages et pour son compagnon avec qui elle vit, après la période paillettes et une brillante carrière, un autre bonheur, loin du show-biz et des affaires. J.-F.H.
mence pour la jeune Patricia qui enchaîne aux côtés du chanteur populaire les galas en province et les shows télévisés. “À l’époque, on se produisait par- tout, même dans les très petites villes. Je me disais que jamais on ne remplirait la sal- le, et c’était toujours complet.” Côtoyer presque au quotidien un Claude François aussi exigeant dans
“Ce passé-là, je l’ai dans mon cœur.”
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