La Presse Bisontine 132 - Mai 2012
POLITIQUE
38 La Presse Bisontine n° 132 - Mai 2012
POLITIQUE
U.M.P. du Doubs Les législatives déclenchent une guerre fratricide
Des militants U.M.P. se rebiffent. Sur la cinquième circonscription du Doubs, qui est celle du député sortant Jean-Marie Binétruy, patron départemen- tal du parti, ils décident de ne pas soutenir Annie Genevard, la candidate investie.
“À l’U.M.P. tout va bien” affirmeMichel Vienet. En pleine campagne sur la présidentielle, le secrétaire départe- mental du parti ne peut pas dire autre chose. L’unité est même “ totale” selon lui, avec des militants mobilisés com- me un seul homme derrière Nicolas Sarkozy pour l’amener à la victoire. Pourtant, lorsque l’on gratte un peu, la carapace se lézarde quand elle se heurte à la question des législatives. Un débat “ secondaire” et “ prématuré” pour beaucoup d’U.M.P. qui se retran- chent derrière ces brefs arguments afin d’éviter de s’exprimer sur les polé- miques qui empoisonnent la vie du par- ti de la majorité présidentielle dans le Doubs depuis plusieurs semaines. Car ici et là, des voix s’élèvent pour contester la légitimité du candidat investi pour les législatives. Sur la 5ème circonscription par exemple, celle du député sortant Jean-Marie Binétruy, patron départemental de l’U.M.P., des sarkozistes affirmés se rebiffent en signe de désapprobation à l’égard de la candidature d’Annie Genevard, mai- re de Morteau et conseillère régiona- le. Ces militants regrettent qu’elle ait reçu la bénédiction des instances pari- siennes de l’U.M.P. sans même qu’ils aient eu leur mot à dire sur cette inves- titure. Ils auraient souhaité pouvoir discuter de ce choix évoquant le fait, qu’au regard de l’histoire,Annie Gene- vard n’est peut-être pas la meilleure candidate pour défendre les chances de l’U.M.P. sur cette circonscription malgré les recommandations de Paris. Certains se demandent encore pour- quoi Jean-Marie Binétruy, le député sortant, n’a pas commencé par propo-
ser sa suppléante Nathalie Bertin pour lui succéder. On sait qu’entre elle et lui les relations sont tendues depuis longtemps, suffi- samment en tout cas pour que l’adjointe au maire de Pontarlier, ex-conseillère régionale, décide maintenant de se pré- senter sur la 5ème avec l’investiture du Parti Radical (Jean-Louis Borloo). Elle a d’ores et déjà le soutien de la Nouvelle Droite incarnée par son sup- pléant Christian Coutal qui réunit des sympathisants de droite et des mili- tants U.M.P. “Nathalie Bertin est une femme de terrain. Elle est engagée. C’est une combattante. Nous ne contestons pas Annie Genevard mais on pense qu’on lui a donné l’investiture un peu trop vite, sans qu’elle ait eu à faire ses preuves. Elle est un peu une candida- te de salon” juge sévèrement un mili- tant bisontin. “Ce qui compte, ce sont les électeurs qui sauront qui représen- te la droite républicaine” réaffirmeAlain Vienet, estimant que les soutiens de Nathalie Bertin sont marginaux à
Beaucoup de militants U.M.P. soutiennent Nicolas Sarkozy mais ne se reconnaissent pas toujours dans le fonctionnement de l’U.M.P.
ce ténor du parti qui s’est désolidari- sé pour se présenter “seul” à cette élec- tion, et finalement enlever le mandat. Rebelote, deux ans plus tard, et nou- vel échec aux élections régionales cet- te fois, lorsque la “dream team” d’Alain Joyandet dans laquelle elle figurait avec Jacques Grosperrin, Patrick Gen- re (maire de Pontarlier), Françoise Branget, ou Mireille Péquignot, s’est inclinée à la sortie des urnes face à la liste de gauche conduite par Marie- Guite Dufay. La responsabilité de la défaite est diluée, mais elle est là. En faisant ce constat, des militants qui se demandent si l’U.M.P., en particu- lier dans le Haut-Doubs, n’est pas deve- nu “ une machine à perdre.” Beaucoup commencent à le penser et l’assument ouvertement comme Alain Marguet, conseiller général du canton de Mont- benoît. “Nous n’avons pas oublié la
pe de réflexion affranchi des consignes du parti, auquel se sont joints la plu- part des conseillers généraux U.M.P. du Doubs s’est mis en ordre de marche pour défendre le président sortant. Ensuite, ce collectif qui a semble-t-il des ramifications à travers toute la cin- quième circonscription est disposé à apporter son soutien à Nathalie Ber- tin, la candidate qu’il estime le mieux à même pour rassembler les valeurs de la droite. Toute cette affaire a un parfum de guerre fratricide à l’U.M.P. dans le Haut-Doubs. Pas seulement, puisqu’unmouvement similaire à celui de R.A.R. se structure actuellement dans le pays de Montbéliard. La première circonscription donne elle aussi du fil à retordre, puisque Mireille Péquignot (Nouveau centre) qui doit beaucoup àMichel Vienet dans son par- cours politique a décidé de se présen- ter face à la députée sortante Fran- çoise Branget. L’heure de la remise en question va sonner inévitablement à l’U.M.P. au lendemain du second tour de la présidentielle. Au minimum, il y aura des ajustements au pire, des règle- ments de comptes. T.C.
défaite des régionales en 2010 avec une liste conduite par un ministre, soute- nue par le député, et les maires de Pon- tarlier et de Morteau. Malgré le dépla- cement de ministres et du président de la République dans le Haut-Doubs, nous avons dû déplorer une défaite” argu- mente-il, s’inquiétant maintenant de la montée de la gauche sur la bande frontalière puisque deux cantons sont passés aux mains du P.S. : Pontarlier et Le Russey. “Quand on regarde le bilan des dernières élections, la droite perd des secteurs dans le Haut-Doubs” complète Alain Bailly qui fut directeur de campagne d’Albert Rognon, conseiller général du canton de Morteau conser- vé par l’U.M.P. Le bastion de la droite réputé imprenable vacille. C’est pour reconquérir ce territoire et faire entendre à l’U.M.P. que la logique d’appareil atteint parfois ses limites
l’U.M.P. En réalité, son entrée en lice surprise passe mal. Selon John Huet du Parti Radical, Jean-Marie Binétruy serait même intervenu auprès du groupe Borloo pour obtenir son retrait et éviter les primaires sur la 5ème. Ce n’est pas la première fois que la candidature de Madame Genevard crée un clash à l’U.M.P. En 2008, lors des sénatoriales, la déci- sion de l’investir à la pla- ce de Jean-FrançoisHum- bert, avait piqué au vif
“Une candidate de salon.”
que des fidèles lieutenants de Nicolas Sarkozy ont décidé de fon- der le collectif R.A.R. Comme “Réunir, Agir, Réussir”. Ce grou-
TENDANCE Dans le Doubs Les législatives se féminisent ! D épassons les clivages politiques et les guéguerres internes aux partis pour voir le bon côté des choses. Les élections législatives se féminisent ! À lʼheure de la parité cʼest plutôt bon signe. Dans plusieurs cir- conscriptions du Doubs, lʼinvestiture a été donnée à des femmes. Sur la cinquième par exemple, Liliane Lucche- si défendra les couleurs du Parti Socialiste, Annie Gene- vard celles de lʼU.M.P., et Nathalie Bertin celles du Parti Radical. Même chose sur la première circonscription où lʼU.M.P. Françoise Branget défendra son mandat face à Barbara Romagnan (P.S.) et Mireille Péquignot (Nouveau Centre). Il nʼest pas impossible quʼune autre femme fas- se son entrée dans lʼarène sur cette circonscription sous les couleurs du MoDem. Lʼépoque où ce genre de ren- dez-vous électoral était finalement un truc de machos sʼachève et cʼest tant mieux. La lutte pour le mandat en sera-t-elle plus tendre ? Détrompez-vous.
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