La Presse Bisontine 132 - Mai 2012
LE GRAND BESANÇON
La Presse Bisontine n° 132 - Mai 2012
27
SAÔNE
Deuxième circonscription
Benoît Vuillemin, l’électron libre des législatives À 38 ans, ce garçon issu de l’entreprise a décidé de s’engager dans le combat politique. Il brigue le mandat de député. Il n’a derrière lui ni parti, ni couleur politique. Il part avec la bannière de la société civile.
POLITIQUE Échéance 2014 Philippe Gonon prépare déjà les municipales Le patron du MoDem du Doubs souhaiterait peser de tout son poids pour rassembler la grande famille du centre en vue des prochaines municipales à Besançon. Cette démarche s’inscrirait dans la continuité d’un mouvement national qui pourrait naître au lendemain de la présidentielle.
A u MoDem, les illusions se sont envo- lées. Malgré la crédibilité de son pro- jet, François Bayrou ne parvient pas à convaincre. Fin mars, son meeting à Besan- çon devant 800 personnes ne transpirait pas franchement l’enthousiasme d’un candidat qui a le vent en poupe, et encore moins la ferveur de la victoire. Le Béarnais n’est pas parvenu à transformer l’essai de 2007. “Besan- çon n’est pas une ville centriste. Ce n’est pas comme dans l’ouest de la France” tempère Philippe Gonon, le patron du MoDem du Doubs.
l’air du temps pour enrayer la dégringola- de : rassembler la grande famille du centre “qui aurait un chef pour les prochaines élec- tions.” Le patron duMoDem du Doubs appel- le de ses vœux ce rassemblement des cen- tristes. On ne parlerait sans doute plus du MoDem, ni du Parti Radical, mais d’une nou- velle formation politique, bref, une version moderne de l’U.D.F. Ce sera “le troisième tour de la présidentielle où l’on assistera sans doute à une recompo- sition du paysage politique français. Il peut se produire trois choses. La première est l’ex- plosion de l’U.M.P. Une des conséquences est que le centre peut se retrouver avec un peu d’U.M.P., un peu du MoDem, et un peu de Parti Radical, des gens qui pourraient for- mer une famille centriste plus forte. La troi- sième hypothèse est une crise sociale.” Philippe Gonon veut être un des artisans de la fédération du centre. Il espère modeste- ment pouvoir apporter sa pierre au niveau national. En revanche, il veut peser de tout son poids pour créer les conditions d’un ras- semblement localement et en particulier à Besançon. C’est dans cet état d’esprit qu’il veut préparer les élections municipales de 2014. “On commence à en discuter pour créer avec des gens de bonne volonté un projet com- mun pour gouverner la ville.” Mais on ne sait pas encore qui prendra part à la fête de la grande famille du centre bisontine.
Mais comme dit l’autre, quand ça veut pas, ça veut pas ! Au Mouvement Démocrate, ils sont plusieurs à avoir déjà tiré un trait sur cette présiden- tielle pour préparer la suite. Il y a les législatives, et au- delà, c’est bien l’avenir du MoDem qui en jeu. Car tel qu’il est structuré actuelle- ment, ce parti n’est pas une machine à gagner. Il devra évoluer vers autre chose s’il veut jouer les premiers rôles à court terme. Philippe Gonon le sait. Selon lui, il y aura du changement. “On voit bien que nous sommes collés à 10 %” observe-t-il. Une idée est dans
“Gouverner la ville.”
Benoît Vuillemin qui a sa permanence au centre-ville de Besançon veut garder sa liberté de ton. Il n’a pas encore désigné son suppléant qui sera sans doute une suppléante.
C’ est en candidat libre que Benoît Vuillemin a décidé de se présenter aux élections législatives sur la deuxième circonscription du Doubs. Il n’a derrière lui ni parti, ni cou- leur politique. Cet homme décomplexé de 38 ans part avec la bannière de la société civile et il la revendique. Il entend rassembler les électeurs qui se reconnaissent dans son slogan “de gauche, de droite, surtout de bon sens”.Avec une annon- ce pareille, on est tenté de croire que ce candi- dat qui estime que le “ clivage gauche-droite est improductif” est un pur produit du MoDem. Benoît Vuillemin s’en défend. Issu du monde de l’entreprise, co-gérant d’une enseigne commerciale familiale qui compte plu- sieurs magasins dont un à Saône, il veut ouvrir une brèche dans un système politique organisé autour des partis, dans lequel les calculs et les ambitions personnelles auraient fini par prendre le pas sur la défense de l’intérêt collectif. “La politique est devenue un hypermarché. Je me suis perdu dans les rayons” dit-il sur le ton de la boutade.Au regard du taux d’abstention (envi- ron 30 %) annoncé à la présidentielle, il n’est pas le seul à se demander s’il n’y a pas trom- perie sur la marchandise. Le contenu n’est donc pas toujours conforme à l’emballage bien pac- kagé qui aguiche le chaland. Pour lui, il est temps que la voix de la société civile puisse être portée dans l’hémicycle de l’As- semblée Nationale. C’est avec cette ambition, son bagage d’entrepreneur et son envie de fai- re bouger les lignes qu’il part à la bataille des législatives. Avec son bâton de pèlerin, il a com- mencé à rencontrer les maires de sa circons- cription. “Je rencontre des gens tous les jours. Ils sont plutôt favorables à ma candidature. Mon expérience professionnelle me donne du crédit. J’ai des soutiens” assure-t-il. Son indépendance lui permet de garder sa liber- té de ton. Benoît Vuillemin ne prend pas de pin- cettes pour expliquer qu’il y a trop de parle- mentaires issus de la fonction publique (environ 50 %) et pas suffisamment du monde écono- mique. “On trouve seulement 0,9 % d’ouvriers et
seulement 2,4 % d’employés. Il faut des gens issus de l’entreprise pour répondre aux problématiques actuelles dans un contexte de crise économique. Comment un élu peut-il parler de T.V.A. ou de lourdeur des charges sociales lorsqu’il n’a jamais été confronté à ces sujets-là ? C’est une question de bon sens.” On y revient. C’est le rôle même du député qu’il souhaite chan- ger s’il est élu. “Un député n’est pas seulement un législateur au plan national. Il doit être aus- si l’interlocuteur privilégié des maires. C’est un acteur de terrain issu du terrain” affirme le can- didat. Aussi Benoît Vuillemin a l’intention de s’emparer de quatre à cinq dossiers qu’il veut mener à bien pendant son mandat. Des dossiers qu’il juge structurant pour sa circonscription comme la mise à 2 x 2 voies de la R.N. 57 jus- qu’à la Suisse. Cet axe routier est un des élé- ments majeurs d’une coopération transfronta- lière qui peine à se construire, alors qu’elle est essentielle à ses yeux. Il est prêt à retrousser ses manches pour trouver le moyen de déblo- quer les verrous financiers qui enferment ce projet routier au fond des cartons où il croupit. Naïf, Benoît Vuillemin ? On l’entend parfois dans
le microcosme politique local où beaucoup de choses se disent à son propos. Selon certains, son amitié avec Jean-Louis Fousseret le maire de Besan- çon ferait de lui un socialiste. D’autres le classent plutôt à droite compte tenu de sa cas- quette d’entrepreneur. “ Moi, je suis un progressiste social- démocrate” répond Benoît Vuillemin. En tout cas, s’il y a une chose qu’on ne peut pas lui enlever, c’est son énergie et son enthousiasme. Même s’il ne rassemble que quelques pour cent des suffrages aux légis- latives, Benoît Vuillemin pose des jalons pour la suite de son parcours en politique. T.C.
“Progressiste, social, démocrate.”
Philippe Gonon rêve d’un grand rassemblement de la famille du Centre.
Made with FlippingBook Online newsletter