La Presse Bisontine 132 - Mai 2012

BESANÇON 18

La Presse Bisontine n° 132 - Mai 2012

LE FEUILLETON DU TRAM

Par équipes de deux

Les policiers municipaux poussent les bouchons Le matin et le soir, aux heures de pointe, les policiers municipaux se déploient aux carrefours les plus délicats de Besançon pour éviter que la circulation ne

soit totalement bloquée. Une présence humaine appréciée par des automobilistes sur les nerfs.

C’ est une évidence, circuler à Besançon est devenu une galère pour beaucoup d’automobilistes, qu’ils ren- trent en ville ou qu’ils en sortent. “Franchement, c’est un cau- chemar le matin comme le soir. Il est 18 h 30 et ça fait quarante minutes que je suis bloquée dans la côte de Morre” peste Nathalie à la fenêtre de sa voi- ture, attendant son tour pour entrer dans le rond-point de Rivotte. Exas- pérée, cette étudiante dit qu’elle est prête à déménager dans le Haut-Doubs “pour ne pas avoir à subir les travaux du tram.” Ce n’est qu’un début Made- moiselle ! Que les automobilistes fas- sent preuve de patience car la circu- lation sera perturbée pendant les deux

prochaines années une fois que les 14 kilomètres de la ligne seront en chan- tier. “Ça ne me rassure pas. J’habite en Haute-Saône et je travaille sur Avou- drey. Je dois passer chaque jour par le centre-ville pour prendre un collègue” grogne Damien qui n’a pas perdu le sourire. Il a trouvé la solution : “Le matin, j’arrive en retard au boulot, voilà tout.Mais je préviens mon patron.” Pas stressé le garçon. “C’est tous les soirs comme ça ?” s’étonne encore un motard descendant du plateau de Saô- ne, visiblement heureux d’être sur son deux-roues plutôt qu’au volant d’une voiture stoppée dans le bouchon. Bref, aux heures de pointe, ça coince à Besançon beaucoup plus que d’habitude, sachant qu’en temps nor-

Les policiers municipaux interviennent sur les points chauds de la circulation comme ici à Rivotte.

mal, le centre-ville a déjà du mal à digérer les 113 000 véhicules jour (185 000 sur toute la ville) qui le tra- versent. À Rivotte, on compte 1 700 véhicules par heure en moyenne, 1 500 avenue Gaulard, 1 100 sous le tunnel, 400 rue Charles-Nodier et 600 à la Gare d’Eau. Dur-dur d’avoir la cool attitude ! Entre les travaux et les chan- gements de sens de circulation, même les G.P.S perdent la boule. La durée des déplacements est élastique. Elle varie en fonction de l’endroit où on se trouve, et l’heure à laquelle on y pas- se. Si l’on veut être prévoyant, il est prudent d’intégrer “l’aléa tram” dans son emploi du temps. La mairie a pris la mesure du problè- me. La solution apportée pour amé- liorer les conditions de circulation aux heures de pointe est de faire appel à la police municipale. Le matin et le soir, les agents de ville sont postés aux carrefours les plus sensibles pour gérer les flux de circulation. “Je suis conten- te de les voir car sans eux, je pense que ce serait la foire d’empoigne. Ils font

çon, un service qui emploie 52 agents (3 nouveaux recrutements sont en cours). Le dispositif a été mis en pla- ce il y a moins d’un mois. Il est enco- re en phase de rodage, mais il porte ses fruits. Pour le faire fonctionner, la direction a lancé un appel au volon- tariat auprès des policiers munici- paux. “Nous parvenons toujours àmobi- liser 10 à 12 agents les mardis, jeudis et vendredis soir qui sont les moments les plus critiques en terme de densité de circulation. Le reste du temps, ce sont au moins 6 à 8 agents qui sont affectés à cette mission” ajoute Franck Desgeorges. Le vendredi en fin d’après- midi, il rejoint un poste de contrôle auquel participe le service de la voi- rie. Ensemble, ils font un état des lieux en temps réel des conditions de cir- culation dans Besançon et ajustent la stratégie en fonction des remontées qu’ils ont du terrain. Tout n’est pas parfait, mais ça pourrait être pire. Prudence tout de même, car il paraît que nous n’avons encore rien vu… T.C.

un super-boulot” remercie Michèle, qui attend patiemment au volant de sa voiture à Rivotte que l’agent de ville lui fasse signe de s’engager dans le rond-point. “Les retom- bées sont positives. Les gens nous le disent. Ça fait plaisir” lance Jean-Luc, policier municipal, entre deux coups de sifflet.

“Évacuer les véhicules de l’hyper- centre.”

La mission est gratifiante, immédia- tement utile. Elle est évidemment mieux perçue du public que celle qui consiste à coller des P.V. de station- nement. “Aujourd’hui, la priorité qui nous est donnée par la Ville est la ges- tion de la circulation. Aux carrefours, les agents ont la consigne de fluidifier et de veiller aussi à ce que les bus ne soient pas englués. L’objectif est d’évacuer les véhicules de l’hyper-centre” explique Franck Desgeorges, direc- teur de la Police Municipale de Besan-

Franck Desgeorges, directeur de la police municipale de Besançon.

Repères La Ville de

Besançon s’organise L a Ville de Besançon a identifié plus en détail les causes des mauvaises conditions de circu- lation. “On sʼest aperçu que les entre- prises nombreuses sur la chaussée dans le cadre du chantier du tram avaient tendance à prendre un peu trop leurs aises sur lʼespace public explique Patrick Ayache, le directeur général des ser- vices de la Ville. Nous leur avons deman- dé de minorer leur emprise. Cela a pro- duit ses effets. Ensuite, nous avons remarqué que les automobilistes sʼengouffraient dans les carrefours jus- quʼà les bloquer entièrement. Nous avons donc demandé à la police muni- cipale dʼintervenir. Elle a accepté volon- tiers cette mission.” Il faudra se contenter de cela car le directeur général des services recon- naît quʼil sera difficile de faire mieux au regard du calendrier de travaux qui sʼannonce. “Les difficultés à venir seront plus importantes que celles que lʼon connaît.” Les automobilistes sont pré- venus. Ils devront prendre leur mal en patience ou sʼorganiser. Du point de vue de la ville, il vaut mieux en baver beaucoup sur une courte durée quʼen baver longtemps.

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