La Presse Bisontine 132 - Mai 2012

BESANÇON

La Presse Bisontine n° 132 - Mai 2012

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HORLOGERIE Problèmes financiers L’architecte horloger n’a pas dit son dernier mot Alain Silberstein vit la liquidation judiciaire de son entreprise comme un échec. Il cherche désormais le moyen de rebondir soit sous sa propre marque, soit en met- tant son savoir-faire horloger au service d’une autre.

ÉDITION Et de dix pour

En Vadrouille

L’ appareil en bandoulière et les chaussures de rando bien lacées, Sylvie Debras sillonne depuis dix ans mainte- nant la Franche-Comté pour fai- re découvrir à ses lecteurs les recoins les plus insolites de notre région. Et voici la dixième ver- sion de sonmagazine annuel En Vadrouille (6,90 euros) consacré cette année au patrimoine clas- sé, clin d’œil au tout premier classement obtenu par le dépu- té du Doubs Charles Beauquier en 1912 (il avait obtenu le clas- sement de la source du Lison). En dix ans, le magazine créé par la vadrouilleuse a trouvé sa pla- ce dans le paysage. “Ce qui est relativement nouveau, c’est que désormais je reçois plein de mails de gens me demandant quand

L e 2 avril, le tribunal de commerce a prononcé la liquidation judiciaire avec une poursuite d’activité jusqu’au 31mai de La fabrique de Besançon, la société d’Alain Silberstein. Un coup dur pour “l’architecte horloger”. “C’est 25 ans de ma vie qui se ter- minent par un échec” confie- t-il. L’impasse économique ne remet pas en cause son talent créatif. Avec le temps, il est parvenu à imposer l’originalité de sa marque de fabrique déclinée dans chacun de ses modèles vendus à 98 % à

l’export. Les montres Alain Silberstein sont reconnais- sables à leurs aiguilles jaunes, rouges et bleues aux formes ludiques qui trottent sur le cadran. Le style séduit une clientèle étrangère et en par- ticulier les Japonais, un pays où la marque était en crois- sance de 200 %. Mais pour réussir dans l’horlogerie, et en particulier sur lemarché du haut de gam- me, le génie créatif ne suffit pas à faire vivre une marque indépendante. Il faut égale- ment des moyens financiers

puissants pour investir, inno- ver, produire, se développer, et finalement exister aux côtés des grands noms de l’horlogerie suisse qui ont les moyens financiers de leurs ambitions. “Les banques sont des relais de croissance. Ce qu’il faut à une entreprise pour avancer, ce sont des fonds propres. Mon échec est de ne pas être parvenu à trouver des capitaux. Je n’ai trouvé per- sonne dans mon pays pour investir dans la société” déplo- re Alain Silberstein. Dans un entretien au maga- zine Business Montres, il a déclaré que son seul vrai regret est “de n’avoir pu aller plus loin dans le développe- ment de nouvelles complica- tions utiles, qui ne relèveraient pas d’une pure virtuosité,mais d’une nouvelle poésie du quo- tidien. Des montres avec des mouvements d’exception pour des complications d’usage cou- rant. J’ai rêvé d’un calendrier perpétuel musulman.”

Les idées sont là, mais il manque à ce passionné d’horlogerie les finances pour les concrétiser. Cependant à 62 ans, Alain Silberstein n’a pas dit son dernier mot. Il cherche en ce moment les moyens de rebondir. “Il y aura une suite sous ma propre marque, ou alors je mettrai mon savoir-faire au service d’une autre marque” prévient l’architecte horloger. Il inaugurera prochainement une horloge monumentale qu’il a dessinée, qui sera ins- tallée sur l’esplanade des Droits de l’Homme à Besan- çon à côté de la statue de Vic- tor Hugo. Cette horloge d’une valeur de 15 000 euros finan- cée en grande partie par le Conseil Consultatif d’Habitants du quartier de la Boucle-Chapelle-des-Buis sera baptisée “les heures bleues”. Espérons qu’elle sonnera le renouveau pour Alain Sil- berstein. T.C.

La vadrouilleuse Sylvie Debras a concocté 25 nouvelles balades (photo J.P. Bolard).

marcheurs de ne pas randonner idiot. Car En Vadrouille, c’est non seulement un guide de balades mais également un magazine qui fourmille d’informations sur les lieux tra- versés. “Les gens marchent mais aiment aussi apprendre.” En 2013, Sylvie Debras sait déjà qu’elle consacrera le onzième numéro d’EnVadrouille au thè- me du sel en Franche-Comté : sa production, son transport, sa contrebande, ses usages… En Vadrouille est tiré à 25 000 exem- plaires.

le prochain numéro sort, ou de lecteurs qui souhaitent ache- ter les précédents numéros toujours à disposition” note Syl- vie Debras. Cette année, le rideau rouge impri- mé en couverture cache une nouvelle série de 25 balades inédites qui offrent la possibilité aux

Pour ne pas randonner idiot.

Alain Silberstein : “Mon échec est de ne pas être parvenu à trouver des capitaux.”

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