La Presse Bisontine 132 - Mai 2012

BESANÇON

La Presse Bisontine n° 132 - Mai 2012

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POLITIQUE

Paulette Guinchard “La personnalité d’Éric Alauzet m’a amenée à lui dire oui”

Paulette Guinchard s’était mise en retrait de la scène politique pour des raisons de santé. Aujourd’hui, elle part en campagne

avec la ferveur

qu’on lui connaît.

La Presse Bisontine : Comment va votre santé Paulette Guinchard ? Paulette Guinchard : Je suis nettement mieux. Les questions de san- té sont en grande partie derrière moi. L.P.B. : Les prochaines échéances électorales sont l’occasion pour vous de revenir sur le devant de la scène politique locale. Vous voyagez entre le Haut- Doubs où vous vivez, et Besançon. Quel rôle tenez-vous dans le cadre de la présidentielle et des législatives ? P.G. : Je ne me rends à Besançon pas seulement pour des raisons politiques, mais parce que j’ai des responsabilités à la Fédéra- tion Hospitalière Régionale. Les questions de santé m’ont tou- jours intéressé. On m’invite également à participer à des confé- rences. Je réponds aussi à des sollicitations politiques. Dans le Haut-Doubs, on m’a demandé de soutenir la campagne de Fran- çois Hollande et d’appuyer Liliane Lucchesi, la candidate socia- liste aux législatives sur la cinquième circonscription. De son côté, Éric Alauzet le candidat sur la deuxième circonscription, m’a sollicité pour prendre la présidence de son comité de sou- tien, ce que j’ai accepté. Mon rôle est limité, j’associe simplement mon nom à sa campagne. Je vais aider ces deux candidats dans la mesure de mes capacités, tant que je le pourrai. L.P.B. : Vous êtes convaincue de la pertinence de l’accord P.S.-E.E.L.V. Cette alliance est-elle nécessaire ? P.G. : Je suis persuadée qu’il y a une grande sensibilité de la jeu- nesse aux questions d’écologie et d’environnement. Ces thèmes font partie pour eux des problématiques politiques portées aujour- d’hui par Europe Écologie-Les Verts. En revanche, si le Parti Socialiste s’intéresse aussi à ces sujets-là, c’est lui qui porte les questions sociales. La rencontre entre les deux est obligatoire à l’avenir. Je suis convaincue d’une alliance à long terme. C’est tout l’intérêt de mon soutien à Éric Alauzet (E.E.L.V.), candidat sur la deuxième circonscription du Doubs. L’ancienne secrétaire d’État du gouvernement Jospin a décidé de soutenir le candidat de l’alliance E.E.L.V-P.S. Éric Alauzet sur la deuxième circonscription pour les législatives. Elle s’explique sur ce rapprochement nécessaire, à ses yeux, entre les deux partis.

ranger. Il est évident qu’il ne faut pas de candidature dissiden- te à gauche sur la deuxième circonscription. Si tel doit être le cas, nous perdrons. L.P.B. : Avez-vous évoqué ces polémiques avec Jean-Louis Fousseret ? P.G. : Nous n’en avons pas spécialement parlé. Il y a un respect mutuel des engagements de chacun. L.P.B. : On vous a vu à ses côtés lorsqu’il a reçu la légion d’honneur. Votre sou- tien affirmé à Éric Alauzet n’a pas ébranlé votre amitié ? P.G. : Je tenais à être là pour Jean-Louis Fousseret qui mérite cet- te décoration. J’ai toujours travaillé avec lui. Nous avons été élus députés la même année. Il y a entre nous une vraie connivence qui est liée à nos parcours en politique qui ont des similitudes. L.P.B. : Des socialistes disent qu’au regard des sondages il aurait été plus judicieux de pactiser avec Jean-Luc Mélenchon du Front de Gauche qu’avec Éva Joly d’Europe Écologie-Les Verts. Êtes-vous de cet avis ? P.G. : J’ai beaucoup pensé à cela également en voyant le parcours de Jean-Luc Mélenchon. Mais je rappelle que le Front de Gauche, c’est la gauche. Avec lui, nous formons finalement une même famille. Nous nous enrichissons davantage d’un accord avec Euro- pe Écologie-Les Verts. L.P.B. : Comment l’ancienne secrétaire d’État juge-t-elle la campagne prési- dentielle ? P.G. : Je ne regarde pas les sondages. Je trouve que le drame de Toulouse a cassé quelque chose dans cette campagne électorale, moins chez les candidats que dans la population. Il y avait avant cela un vrai débat, un vrai travail pédagogique de la part des journalistes, ce qui n’était pas le cas lors des précédentes cam- pagnes. Cette histoire terrible fait émerger la question de la sécu- rité, mais il ne faut pas qu’elle vienne occulter des questions aus- si importantes que l’économie ou l’Europe. L.P.B. : L’Europe n’est donc pas suffisamment présente dans le débat ? P.G. : Je trouve que la grande absente de cette campagne est la question européenne, alors qu’il y a tant de choses à faire. Qu’il s’agisse des questions d’économie, d’emploi, de formation, il y a une réponse européenne à apporter à ces problématiques. Com- bien de familles ont aujourd’hui des enfants qui travaillent dans un pays européen ? Il y a là un espace qu’il faut continuer à construire. L’Europe ne doit pas paraître comme quelque chose qui nous met en difficulté, mais comme un outil qui va nous per- mettre de sortir de nos difficultés. L.P.B. : Occupez-vous encore des responsabilités au P.S. ? P.G. : J’ai ma carte, je suis militante. Mais je n’ai pas de respon- sabilité. Je ne pourrais d’ailleurs plus les assumer pour des rai- sons de fatigue physique liée à la maladie tout simplement. Je n’ai pas récupéré 100 % de mes capacités, et je ne les récupére- rai pas. Je suis consciente de mes limites. Propos recueillis par T.C.

L.P.B. : Si on vous suit, est-ce qu’à terme ces deux partis politiques pourraient ne former plus qu’un ? P.G. : Non. Il ne s’agit pas d’une fusion, mais bien d’une alliance de la diversité sur des rendez-vous électoraux par exemple tels que les législatives. Je crois en l’apprentissage du “travailler ensemble”. Les choses avancent et les idées avancent. L’en- vie de construction doit être des deux côtés. Une entente est toujours fragile. C’est comme dans un couple, il y a des tensions. L.P.B. : On a le sentiment d’une entente de façade ou d’in- térêt puisque sur certaines circonscriptions seulement le P.S. et E.E.L.V. se sont entendus pour présenter un candi- dat commun. Ce n’est pas le cas sur la 5 ème . Le regrettez- vous ? P.G. : Je trouve cela idiot en effet. Il aurait sans doute fallu qu’il y ait aussi une alliance P.S.- E.E.L.V. pour une candidature commune sur la cinquième circonscription. Ici peut-être plus qu’ailleurs. Je suis en effet surprise dans le Haut- Doubs à quel point les gens et en particulier les jeunes sont sensibles aux questions d’environ- nement et d’écologie. L.P.B. : La deuxième circonscription peut-elle basculer à gauche ? P.G. : Je pense que la deuxième circonscription peut revenir à la gauche. C’est en tout cas un territoire où il fallait cet accord entre le P.S. et E.E.L.V. On sait que le vote au centre-ville de

“La question européenne est la grande absente.”

Besançon est plutôt écolo. La tendance se confirme sur le pla- teau de Saône. D’un point de

“Je suis consciente de mes limites.”

vue électoraliste, il fallait cette alliance pour optimiser nos chances de gagner. C’est pour cela qu’Éric Alauzet a autant de soutiens au parti socialiste. Si François Hollande est élu prési- dent de la République, nous devrions profiter en plus d’un élan à gauche pour les législatives. J’ajoute aussi que la personnalité même d’Éric Alauzet m’a amenée à lui dire “oui”, car c’est un homme de négociation, qui défend ses idées, qui est capable d’accepter les compromis. L.P.B. : L’investiture d’Éric Alauzet créé des tensions au P.S. Certains disent que Jean-Louis Fousseret était le meilleur candidat sur cette circonscription. Qu’en pen- sez-vous ? P.G. : Je comprends que sa candidature suscite des tensions et de l’amertume parfois chez cer- tains socialistes qui estimaient être des candi- dats légitimes. J’espère que les choses vont s’ar-

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