La Presse Bisontine 130 - Mars 2012

La Presse Bisontine n° 130 - Mars 2012

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REPÈRES Répartition du financement de la Cité des Arts et de la Culture L e coût de l’opération Cité des Arts et de la Culture s’élève à 46,4 millions d’euros toutes dépenses confondues. Les trois maîtres d’ouvrage engagés dans ce pro- jet sont : la Ville de Besançon (chargée des aménagements exté- rieurs), La communauté d’agglomération du Grand Besan- çon (elle intervient pour le conser- vatoire) et le Conseil régional (elle a la responsabilité du Fonds régional d’Art Contemporain).

CHANTIER La pièce maîtresse du projet La toiture prend l’eau Les entreprises chargées de la couverture de cet immense bâtiment de 11 000 m 2 sont confrontées à d’inattendus problèmes de fuites d’eau. En passe d’être résolus rassurent-ils.

Le Fonds Régional d’Art Contemporain disposera d’une vitrine exceptionnelle dans la Cité des Arts et de la Culture. Certains disent déjà qu’elle est surdimensionnée pour la capitale régionale. PRÉSENTATION Un patrimoine de 500 œuvres Le F.R.A.C., “super-musée” de la capitale régionale

P our l’instant, les 500 œuvres du Fonds Régio- nal d’Art Contemporain de Franche-Comté sont stockées dans des réserves à Besançon.Avant 2005, certaines de ces pièces étaient visibles au musée de Dole. Depuis, le F.R.A.C. n’a plus de lieu d’exposition. Sa nouvelle vitrine sera dans la Cité des Arts et de la Culture, où il disposera d’une salle de 490 mètres carrés, dédiée aux expo- sitions temporaires, et d’une seconde salle de 100 mètres car- rés réservée à la collection per- manente du F.R.A.C. Des réserves de 400mètres carrés, ainsi qu’une salle d’accueil de groupes, et en particulier des scolaires, sont également dans le projet. Aujourd’hui, l’enjeu majeur du F.R.A.C. est de parvenir à faire vivre cette structure d’ores et déjà annoncée comme coûteuse en frais de fonctionnement. Le pari est de créer une dynamique pour capter un public suffisant dans une ville qui n’est pas mar- quée par l’art contemporain. En même temps, les marges de manœuvre sont là pour changer le cours des choses. “Je ne peux pas donner de chiffres sur la fré- quentation. Mais l’idée serait d’avoir un nombre d’entrées com- parable à celui du musée des Beaux-Arts de Besançon” explique Sylvie Zavatta, direc- trice du F.R.A.C. En 2011, le Musée a reçu justement 54 000 personnes. Reste à savoir maintenant si la programmation du F.R.A.C. per- mettra de couvrir au moins en partie les frais de fonctionne- ment. Pas sûr, car selon le F.R.A.C. la question de faire payer ou non les entrées n’est pas enco- re tranchée. “Mais notre collec- tion a pris de la valeur. Ces œuvres sont un vrai patrimoine pour la Franche-Comté” pour-

Le toit est composé d’aluminium et de verre. Les joints ne sont pas étanches.

Depuis 2005, les œuvres du F.R.A.C. tournent dans dif- férents musées. Ici, Mimmo Rotella - Vu 1993. Collection F.R.A.C.

L a toiture paysagère est présentée comme “ la pièce maîtresse du pro- jet. Comme une fine feuille d’arbre, elle se pose sur les bâtiments neufs, et dans ce même mouvement, unifie l’ensemble” poétisent les concepteurs de la Cité des arts. Les pixels de végétation, d’aluminium, de verre et de panneaux pho- tovoltaïques qui la constituent créent un motif qui fait écho au paysage environnant, aux collines boisées, aux berges du Doubs. Ils poursuivent : “Leur disposition, en appa- rence aléatoire, répond en réalité aux besoins des espaces abrités : les foyers sont plus trans- parents, les espaces de travail et d’exposition sont opaques.” Voilà pour le parti pris archi- tectural. La réalité est tout autre en ce moment. Depuis novembre, le chantier prend l’eau. Les problèmes viennent de l’étanchéité de la toiture. Christian Jacob, responsable de la société Hefi Roschmann, reconnaît la situation due essentiellement selon lui aux aléas climatiques. “ Nous sommes confron- tés depuis novembre à des soucis liés aux joints d’étanchéité définitifs.” C’est le rac- cord entre les divers éléments de la toitu-

Franche-Comté (photo Adagp).

re, parties en aluminium et verrière en débord de toit, qui pose souci. Résultat, depuis plusieurs semaines, les écoulements sont quotidiens à chaque épisode pluvieux. “Ça pisse l’eau” confirme un élu bisontin. Les responsables du chantier en arriveraient presque à bénir le froid de février, froid qui a pourtant mis un coup d’arrêt au chantier. “La météo actuelle n’arrange rien poursuit M. Jacob. Pour travailler à nouveau serei- nement, il nous faudrait 5 °C de plus et des conditions sèches.” Selon un autre interve- nant sur le chantier, cette toiture “ne serait pas conforme aux normes de construction européennes par rapport aux produits mis en œuvre.” La pente du toit ne serait pas suffisamment forte pour assurer des écou- lements corrects. Les conséquences de ces fuites d’eau à répétition ont forcément une incidence sur l’intérieur du bâtiment “qu’on s’est efforcé à préserver” rassurent les entre- preneurs. Les responsables du chantier ne sont pas pour autant alarmistes : ils esti- ment à quelques semaines le décalage pro- voqué par cet incident sur l’aménagement de l’intérieur du bâtiment. Le compte-à- rebours se resserre.

suit Sylvie Zavatta. Elle rappelle que le F.R.A.C. dispose d’un bud- get annuel de 150 000 euros envi- ron pour acquérir des œuvres, un des plus petits de France. C’est ce décalage entre la col- lection du F.R.A.C., ses moyens, et la dimension de la structure pour exposer l’art contemporain, qui nourrit les critiques aujour- d’hui. Certains estiment que le bâtiment est surdimensionné pour Besançon le qualifiant déjà de “Centre Pompidou bisontin”. Récemment, dans un article paru dans le magazine “Beaux Arts”, Alain Seban, responsable du Centre Pompidou expliquait que l’ère des “super-musées des années 1990, avec des super- architectes, des super-frais de fonctionnement, des super- marques, des super-directeurs, est terminée.” Le concept de F.R.A.C. tel qu’il est imaginé à Besançon, qui est une œuvre d’art en lui-même, dessiné par l’architecte Kengo Kuma serait donc dépassé dans la manière de promouvoir l’art contempo- rain. La critique est sévère. Elle n’est pas partagée par tous les acteurs culturels locaux. Lorsqu’on les interroge, l’ouverture du F.R.A.C. est plu- tôt une bonne nouvelle, à condi- tion disent-ils qu’il fonctionne en partenariat avec les struc- tures existantes. “Nous avons

toujours travaillé avec les acteurs locaux. Nous poursuivrons dans cette démarche” rassure Sylvie Zavatta. Mais des craintes sub- sistent du côté des acteurs locaux qui œuvrent depuis longtemps pour développer l’art contempo- rain. Ils redoutent, à raison, que le coût du F.R.A.C. soit tel que dans le contexte financier actuel, il cristallise l’ensemble des sub- ventions. L’émergence de cette structure se ferait donc, non pas dans une logique partenariale, mais à leur détriment. Pour peser dans le débat, une dizaine d’acteurs de l’art contemporain se sont fédérés à Besançon pour créer le Réseau d’Art Contem- porain. T.C.

Le calendrier des travaux

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