La Presse Bisontine 130 - Mars 2012

SANTÉ

La Presse Bisontine n° 130 - Mars 2012

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Daniel Amsallem, le cerveau des petits cerveaux Dans le domaine de la neurologie pédiatrique, on touche autant au médical pur qu’à l’affect. Daniel Amsallem a fait des maladies neurolo- giques de l’enfant le combat de sa carrière. LES POINTURES DU C.H.U.

Neurologie pédiatrique

L a neurologie pédiatrique est assez récente auC.H.U. de Besançon. C’est en effet en 2000 qu’à l’initiative du docteur Daniel Amsal- lem, cette discipline a fait son entrée officielle dans les couloirs de Saint- Jacques. Avec six lits d’hospitalisation réservés aux enfants de 1 à 15 ans, ce n’est bien sûr pas le plus gros service de l’hôpital, mais on pourrait penser qu’il concentre à lui seul toutes les angoisses. On touche là une des

spécialités où le relationnel avec les parents est évidemment capi- tal. Le Docteur Amsallem est pour- tant familier – on n’est jamais aguer- ri pourtant - avec ces questions difficiles, lui qui a géré l’hématologie cancéro-infantile pendant des années. Mais il a voulu aller plus loin dans la connaissance de l’enfant en créant d’abord ce service de neurologie infantile, puis en 2004 le centre régional de référence des troubles du langage. “J’ai démarré tout seul

Daniel Amsallem a créé le service de neurologie pédiatrique en 2000.

ne, mais les incertitudes de finan- cement pèsent toujours. Au total, dans le service du D r Amsallem, travaillent trois médecins à temps plein, un médecin à mi-temps et un cinquième médecin libéral ratta- ché au service. Le service de neu- rologie pédiatrique passe aussi deux après-midi par semaine auprès des 125 enfants déficients visuels sui- vis aux Salins de Bregille. Dans cette partie du C.H.U. Saint- Jacques, on croise tous les troubles de l’enfance : les épilepsies, les encé- phalites, les scléroses en plaques, les troubles de l’apprentissage, les problèmes infectieux type ménin- gites et même les accidents vascu- laires (3 ou 4 cas par an en Franche- Comté). Le principal des consultations ou des hospitalisa- tions concerne néanmoins les mala- dies métaboliques (ces maladies biochimiques qui touchent le cer- veau). “On dénombre 15 000 mala- dies en neurologie de l’enfant” indique Daniel Amsallem. Parmi elles, celles comme les myopathies que le Téléthon (dont l’idée est née en Franche-Comté alors que Ber- nard Barataud travaillait dans le Haut-Doubs) a fait connaître. L’autisme, grande cause nationale cette année, ou plutôt les autismes tant il y a de formes différentes, compte aussi parmi les pathologies que Daniel Amsallem est amené à suivre. Au total, ce sont près de 300 patients que le service du D r Amsallem suit tous les ans. “Depuis 2004, nous avons suivi 3 000 patients” estime le médecin qui inlassablement lais- se toujours entrouverte la porte de l’espoir, quelles que soient les situa-

facile. “Là est évidemment notre rôle aussi. C’est ça tout l’intérêt du réseau : on échange par mails , par téléphone, on se rend dans les familles.” Mais ce réseau est enco- re incomplet selon le médecin du C.H.U. qui cherche désespérément à convaincre l’Éducation Nationa- le de mettre un enseignant en lien avec le service de neurologie pédia- trique. Pour le reste, le réseau mis en place et porté à bout de bras par le D r Amsallem est souvent cité en exemple en France par les autres hôpitaux. “On nous demande sou- vent en effet de présenter le réseau bisontin à l’extérieur” note celui qui fait partie du bureau de la société française de neurologie psychia- trique. Le grand défi actuel est de combler les carences du réseau dans certains endroits de Franche-Com- té, comme à Belfort-Montbéliard, “un secteur en souffrance ” mais où vient d’arriver une neuro-pédiatre en provenance de Lyon. Avec les progrès de cette science qui a trait aux enfants, les familles en veulent naturellement toujours plus. “Il y a vingt ans, quand on disait à des parents que leur enfant avait un problème, ils disaient en gros que c’était la faute à pas de chance. On sentait un certain fata- lisme, voire un sentiment de cul- pabilité. Aujourd’hui, et je le com- prends, les parents veulent tous que leur enfant guérisse” note Daniel Amsallem qui touche là à une des principales difficultés de ce métier plus que jamais à la lisière dumédi- cal et de l’affect. C’est pourquoi, “même s’il ne sert à rien d’entretenir de faux espoirs, aucune porte ne doit être fermée tant qu’elle peut rester ouverte.” Car en cette matière, c’est bien souvent au moment où on ne s’y attend pas que les progrès de la recherche portent leurs fruits. Un seul exemple qui concerne unemala- die typiquement infantile : la leu- cémie. Dans les années quatre- vingt, la grande ambition des médecins était de pouvoir guérir la leucémie qui était souvent fatale. Aujourd’hui, le taux de guérison atteint quasiment les 80 %. Daniel Amsallem ne demande aujourd’hui qu’une chose aux ins- tances officielles de la santé : qu’on donne à son service les moyens de continuer à progresser. Parents et enfants y comptent aussi beau- coup. J.-F.H.

et en même temps que l’on créait ce centre on a lancé un réseau de soins ville-hôpital puis en 2005, ce réseau a été étendu aux épilepsies de l’enfant. En 2007, on a commencé à prendre en charge les enfants avec des han- dicaps moteurs ou associés” rap- pelle le spécialiste bisontin. Ce réseau, le Docteur Amsallem souhaiterait bien sûr qu’il soit péren-

tions. “Le cerveau est un organe qui a énor- mément de ressources internes, à condition qu’on le nourrisse. L’environnement est donc primordial. Il y a toujours quelque chose à faire pour améliorer les choses” pense Daniel Amsal- lem. Mais si les enfants ont un besoin impé- rieux d’être stimu- lés, ce sont les parents qu’il faut sou- vent tenter de ras- surer le plus. Et ce n’est pas une tâche

“Aucune porte ne doit être fermée.”

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