La Presse Bisontine 129 - Février 2012

SANTÉ

La Presse Bisontine n° 129 - Février 2012

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Xavier Pivot : sa chevauchée contre le cancer Le professeur Pivot dirige le pôle de cancérologie du C.H.U. de Besançon. Un secteur de pointe pour lequel Besançon est reconnue bien au-delà des frontières régionales. L’arrivée prochaine de l’institut régional fédératif du cancer donne un véritable élan à la discipline à Besançon. LES POINTURES DU C.H.U. Cancérologie

P eu de patients qui arpen- tent les couloirs sombres du niveau - 2 le savent. Le C.H.U. de Besançon est reconnu sur le plan natio- nal et international pour les résul- tats de ses travaux scientifiques en matière de cancérologie. On le retrouve souvent en tête des clas- sements en termes de publications, ou d’inclusions. En 2011, 85 publi- cations nationales ou internatio- nales sur le cancer émanaient de Besançon, c’est quasiment deux par semaine. Le C.H.U. est également reconnu pour les essais qu’il conduit de molécules innovantes. Pas moins

de 163 essais thérapeutiques ont été ouverts en 2011 à Besançon. On ignore aussi souvent le fait que le C.H.U. bisontin dispose d’une équipe I.N.S.E.RM. sur le thème “immunité et cancers”, se plaçant ainsi dans les deux ou trois seuls C.H.U. de France à la pointe de la recherche dans ce domaine. Et bien- tôt - le financement a récemment été confirmé par la députée Fran- çoise Branget -, c’est d’un institut fédératif du cancer (I.R.F.C.) que Besançon disposera. En un mot, “le cancer est l’axe prioritaire de l’ensemble de l’établissement” confir- me Xavier Pivot, le chef du pôle

cancérologie au C.H.U. de Besan- çon, également responsable de l’organisation de la recherche sur le cancer du sein à l’I.N.C.A. (Ins- titut national du cancer). Et c’est bien ce choix stratégique qui fait que Xavier Pivot a choisi de rester

à Besançon depuis son arrivée en septembre 2001. Et ce, après avoir été médecin des centres de lutte du cancer à Nice et avoir officié à l’institut Gustave-Roussy ou enco- re aux États-Unis. Xavier Pivot est aujourd’hui à la tête d’une équipe de 17 oncologues et radiothérapeutes, et de 10 héma- tologues. La Franche-Comté est si bien équipée qu’elle dispose aujour- d’hui pour chaque spécialité d’un expert pour chaque sous-type de cancer. La régionalisation de ce pôle fait que les experts du C.H.U. vont aussi exercer sur les différents sites extérieurs, Belfort-Montbéliard, Lons-le-Saunier ou Vesoul. Et la structuration de la cancérologie à Besançon a permis d’attirer ces der- nières années des praticiens venus de Toulon, de Hambourg ou de Bar- celone. Deux autres médecins issus du privé ont délaissé leur clinique d’origine pour rejoindre le C.H.U. bisontin. “Nous recevons une bon- ne quinzaine de candidatures de médecins par an” se réjouit le pro- fesseur Pivot. L’actualité du pôle cancérologie cette année, c’est bien sûr la mise en place de l’I.R.F.C. attendu pour avril 2013. Tous les services de cancérologie y seront regroupés. Si la qualité des soins ne changera pas, c’est avant tout les conditions de travail et d’accueil

traitements, à des thérapeutiques ciblées, grâce notamment à des anti- corps qui fusillent les vaisseaux autour de la tumeur.” Si la guérison progresse, la détec- tion du cancer du sein a également fait un bond en avant. En Franche- Comté, 760 nouveaux cancers du sein sont décelés tous les ans. En France, c’est une femme toutes les 12 minutes qui est détectée. 53 000 cancers sont dépistés tous les ans, 11 000 décès sont à déplorer. Et c’est dans les pays riches que la survenance est la plus fréquente. La faute à l’environnement, hor- monal, dans l’eau, dans les ali- ments… Une Européenne sur 8 sera touchée par un cancer du sein contre une Asiatique sur 50. Selon Xavier Pivot pourtant, “on va aller vers une stagnation du nombre de cancers déclarés grâce à l’efficacité du dépistage.” Pour autant, le cancer n’est pas un fléau moderne. Des papyrus égyp- tiens faisaient déjà état de l’existence de cette maladie. Plus près de nous, il suffit d’avoir l’œil un peu averti pour remarquer sur certains tableaux de la Renaissance, des femmes atteintes de cancers du sein, comme Raphaël a si bien peint sa “Barberina” sur un tableau de 1518 ou plus tard Rembrandt avec sa “Bethsabée au bain” peinte en 1654. Le quotidien de Xavier Pivot, c’est donc la gestion d’un pôle majeur du C.H.U. de Besançon, les activi- tés de recherche,mais aussi l’accueil des patients en consultation. Le côté humain de la maladie, sans doute le plus important. “Les gens viennent ici pour se battre, ils sont en général très positifs. Les patients viennent pour gagner de la vie, la mort n’est pas présente ici. L’oncologie n’est pas un service triste” affirme le praticien, contrairement à l’image que l’on pourrait s’en faire. Désormais, le service dépasse lar- gement son objet thérapeutique. Au niveau - 2 du C.H.U. Minjoz, il y a un salon d’esthétique, il y a des professionnels de la nutrition, du sport… Il suffit de pousser la por- te de ce service pour s’en rendre compte. Derrière l’effrayante appel- lation de cancérologie, il y a un autre nomqui prédomine : l’espoir.

Le professeur Xavier Pivot est la tête d’un des services les plus réputés du C.H.U. de Besançon.

des patients qui changera du tout au tout. Xavier Pivot a fait du cancer du sein, “ce cancer si fré- quent qui touche les femmes qu’on aime” , sa grande spécialité. Cette pathologie est en pleine évolution. En trente ans, le taux de guérison du cancer du sein est passé de 15 à 85 %. “La survie a été multipliée par 15” confirme Xavier Pivot. Les traite- ments eux aussi ont énormément évolué. “Nous sommes passés d’une époque où la chimiothérapie était à la base des

“Les patients viennent pour gagner de la vie.”

J.-F.H.

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