La Presse Bisontine 128 - Janvier 2012

La Presse Bisontine n° 128 - Janvier 2012

7

INTERVIEW Il refuse l’outrance Éric Alauzet : “Je serai le candidat de la gauche” L’élu vert bisontin a été choisi par les instances nationales du P.S. et d’Europe Ecologie-Les Verts pour tenter de ravir à l’U.M.P. Jacques Grosperrin son siège de député du Doubs. Il justifie sa position.

RÉACTION Voir le candidat le mieux placé Jean-Louis Fousseret : “Je n’exclus aucun scénario” Estimant que l’accord P.S.-E.E.L.V. n’est pas équilibré, le maire de Besançon éjecté de la course aux législatives se garde le droit de réapparaître le moment venu. Il s’explique.

L a Presse Bisontine : Le 29 novembre, vous et vos amis du P.S. votiez une motion qui réclame la remise en cause de l’accord national entre les écologistes et les socia- listes. Vous ne lâchez donc pas l’affaire ? Jean-Louis Fousseret : Le problème n’est pas le problème de Jean-Louis Fousseret. Il est question de savoir effectivement quel est le meilleur candidat pour reprendre cette circonscription à la droite. Et actuellement, j’estime qu’on n’a pas mis toutes les chances de notre côté. Le problème dans le cas pré- sent, c’est que l’accord n’est pas bon. D’abord c’est un accord bilatéral et la gauche ne se résume pas au P.S. et à E.E.L.V. Ensuite, imaginons que le Front de gauche fasse 7 % à la présidentielle et E.E.L.V. à peine 5 %, voire moins. Quel crédit aura alors un candidat E.E.L.V. aux législatives ? L.P.B. : Un candidat vert n’est donc pas légitime à vos yeux ? J.-L.F. : J’ai juste du mal à comprendre pour- quoi d’un côté il y a 60 circonscriptions gelées pour les Verts et que par ailleurs il y aura quasiment partout des candidats écologistes contre les candidats P.S. C’est pour cela que je dis que cet accord n’est pas bon et pas applicable, d’autant qu’il n’y a pas d’accord programmatique entre le P.S. et E.E.L.V. sur le plan national.

L.P.B. :Alors quelle sera votre décision ? J.-L.F. : Pour l’instant, j’attends. Il faudra regar- der, le moment venu, après le premier tour de la présidentielle, ou peut- être avant, dèsmars selon l’évolution de la situation nationale, quel sera le candidat le mieux placé pour faire gagner la gauche ici. L.P.B. : Vous n’excluez donc pas de vous aligner, quitte à être un candidat en dissidence ?

“Les Verts ont tout fait pour avoir cette circonscription.”

L a Presse Bisontine : On a l’impression que vous avez été vous-même surpris des résultats de cet accord E.E.L.V.-P.S. qui a eu pour conséquen- ce votre investiture sur cette circons- cription pourtant convoitée par Jean- Louis Fousseret ? Éric Alauzet : Personne n’est surpris ici. Déjà en 2007 dans les préparatifs d’accord avec le P.S., accord qui n’a pas abouti, il y avait une dou- zaine de circonscriptions ciblées en France dont celle-ci pour les Verts. Et je rappelle qu’à l’époque, et Jean-Louis Fousseret et Yves- Michel Dahoui me soutenaient alors même que Marie-Guite Dufay avait été investie par le P.S. C’est pourquoi personne aujourd’hui ne doit être surpris du choix qui s’est porté sur moi. J’ai laissé faire les choses et si

veut pas dire ne pas avoir envie. Il y a des circonstances qui font que dans la vie, à un moment, il faut y aller. Le choix qui a été fait sur moi correspond à une évidence, à une logique. Est-il scandaleux que sur 13 circons- criptions en Franche-Comté, une soit dévolue à un écologiste qui de surcroît réunit tous les fac- teurs pour prétendre gagner ? Bon nombre de socialistes l’ont d’ailleurs déjà compris depuis longtemps. Les confrontations ont eu lieu dans les instances nationales des deux partis.Main- tenant, on passe à autre chose. Je serai le candidat de la gauche et des écologistes et une candi- dature dissidente serait très mal vécue, y compris à l’intérieur du P.S. L.P.B. : Des propos durs ont été tenus à votre égard. Votre réaction ? E.A. : Ou je réagissais au même niveau de l’outrance ou de la vio- lence, ou je me taisais. J’ai déci- dé de me taire. L.P.B. : Le dialogue est rompu avec Jean-Louis Fousseret ? E.A. : Ces moments de tension étaient inévitables et tout va ren- trer dans l’ordre car j’imagine assez mal voir des gens s’engager dans des parcours qui peuvent hypothéquer un succès de la gauche à ce scrutin. Le dialogue avec Jean-Louis Fousseret est encore difficile. Pour l’instant, malgré mes appels, il ne semble pas encore prêt à discuter. Mais je suis convaincu que le temps va effacer les choses. Propos recueillis par J.-F.H.

Quelle sera la position d’Éric Alauzet à l’approche des municipales de 2014 ? Tout dépendra de ce scrutin législatif de juin prochain.

J.-L.F. : Je n’exclus aucun scénario. En atten- dant, je me concentre sur mon boulot de maire et de président d’agglo. L.P.B. : Comme sur vous, l’accord national est tom- bé sur Éric Alauzet, sans qu’il n’ait rien demandé ! J.-L.F. : Il ne faut pas être hypocrite ! Les Verts ont tout fait pour avoir cette cir- conscription, mais c’est leur droit. Je n’ai pas dit que leur demande était illégitime. L.P.B. : Mais pourquoi vouloir y retourner ? Vous n’aurez pas assez à faire à Besançon avec un immen- se chantier à suivre comme le tram ? J.-L.F. : En 2007, je n’étais pas candidat car je voulais en effet me consacrer à la ville. Les choses ont changé et notamment sur un point : malgré tous les beaux discours sur la décentralisation, tout se décide à Paris et c’est encore plus vrai maintenant. Ce n’est pas une histoire de frustration d’être le seul maire du Grand Est à ne pas être parlementaire, mais d’un côté il ne faut pas dire : “Dijon a obtenu ceci, l’agglo de Montbéliard a obtenu cela” et de l’autre me reprocher de vouloir mieux peser en faveur de ma ville ! L.P.B. : Si on regarde plus loin, c’est mal parti pour une belle entente avec vos “amis” verts en vue des municipales de 2014 ? J.-L.F. : J’ai dit que je me présenterais pour un troisième et dernier mandat si j’avais la santé et l’envie. Pour l’instant, je confir- me, j’ai la santé et l’envie. Quant au reste, que ce soit avec un Vert en face en 2001 ou sans en 2008, on a gagné dans les deux cas. Alors on verra. Et il ne faut pas oublier que les Verts ne sont pas nos seuls partenaires dans cette ville. Propos recueillis par J.-F.H.

Le maire de Besançon n’a certainement pas dit son dernier mot.

elles se font, c’est que j’ai une légiti- mité évidente. L.P.B. : Mais avez-vous vraiment envie d’y aller ?… E.A. : Je ne suis pas vel- léitaire mais chaque fois, depuis vingt ans que je milite, que l’occasion s’est pré- sentée, j’ai assumé mes responsabili- tés. J’ai toujours dit que je prendrais mes responsabili- tés là où elles étaient.Ne pas être velléitaire, ça ne

“Le temps va effacer les choses.”

Made with FlippingBook flipbook maker