La Presse Bisontine 128 - Janvier 2012

L’ÉVÉNEMENT

La Presse Bisontine n° 128 - Janvier 2012

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ÉCOLOGISTES ET SOCIALISTES : LE TORCHON BRÛLE Éva Joly-François Hollande et Éric Alauzet- Jean-Louis Fousseret, même combat ? La cacophonie née des rapports préélectoraux houleux entre le parti socialiste et Europe Écologie-Les Verts

(E.E.L.V.) sur le plan national a des répercussions directes localement. À Besançon pour l’instant, c’est Jean-Louis Fousseret qui fait les frais de cet accord national, lui qui était persuadé d’avoir un boulevard devant lui pour reconquérir à la droite la circonscription perdue en 2007 à la faveur de l’U.M.P. Jacques Grosperrin. Les négociations nationales que les élus locaux semblent avoir totalement subies ont jeté un grand froid entre les deux élus du conseil municipal, le maire et son conseiller vert, pourtant partenaires depuis près de dix ans. Le torchon brûle entre les deux partis à Besançon. Quel que soit le (ou les) candidat(s) définitif(s), il y aura des mécontents et une sacrée cicatrice au sein de la gauche bisontine. La fin d’un beau mariage de raison ?

POLITIQUE

La gare, une plaie ouverte Verts-P.S. : la brouille de trop ? Habitués au refrain “Je t’aime moi non plus”, les élus socialistes et écologistes de la Ville de Besançon n’en sont pas à leur première divergence. La question des législatives fait franchir aux deux camps un nouveau pas dans la discorde. Décryptage.

mandat : le tramway. Là encore, Éric Alauzet qui s’est toujours opposé au tracé retenu, reste intransigeant : “On ne fait pas un tram pour faire un tram ! C ‘est le ministère de la Culture qui a imposé le tracé aux élus de Besançon. Aberrant” dit-il aujourd’hui. Au sein du conseil municipal, si les divergences de vue ne sont pas étalées la plupart du temps sur la place publique, il arri- ve que l’exaspération déborde. Lors d’un conseil municipal de l’an dernier, Éric Alauzet, alors assis presque à côté du maire, avait lancé une charge extrê- mement violente contre le tramway devant un Jean-Louis Fousseret médu- sé. De leur côté, les socialistes bison- tins restent circonspects sur l’attitude de leurs alliés. Dans l’entourage du maire, on s’étonne encore que “Besan- çon soit la seule ville de France où des écologistes se sont opposés à un tram !” D’autres élus verts, à l’image de Benoît Cypriani, ne manquant pas une occa- sion de monter au créneau au sein du conseil municipal pour fustiger les choix de la municipalité. Aujourd’hui, les proches de Jean-Louis Fousseret estiment que M. Alauzet n’est pas le plus rassembleur des candidats pour un scrutin législatif. Ils soupçonnent aussi les leaders écologistes d’avoir négocié cet accord national avant même le résultat de la primaire socialiste. “Pourquoi la plupart desVerts ici notam- ment soutenaient plus Martine Aubry que François Hollande ?” s’interroge un cacique bisontin du P.S. Alliés vous avez dit les socialistes et les écologistes ? Pourtant oui. Éric Alauzet a son avis sur le sujet : “On n’est pas en politique pour être des béni- oui-oui. Ceci dit, sur la plupart des sujets, on est sur la même longueur d’onde. Il ne faut pas oublier non plus qu’on a permis l’élection de la gauche à chaque scrutin grâce à notre soutien.” Apparemment, Jean-Louis Fousseret doute un peu de cette conception de l’alliance. Il s’en faut peu pour que cet- te collaboration de circonstance ne vole en éclat. C’est un peu à l’image de la situation nationale. Verts et P.S., l’impossible amour. J.-F.H.

du maire. Les Bison- tins s’étaient pronon- cés contre la gare à Auxon, Jean-Louis Fousseret avait fait fi des préférences des éco- logistes. Aujourd’hui encore, Éric Alauzet continue àmarteler que “cette gare est une erreur historique, on va droit à la catastrophe. C’est vrai que cette question reste une plaie ouverte pour nous écologistes” commente le leader vert.

J ean-Louis Fousseret, vert de rage. Naturellement, depuis l’annonce de l’accord national E.E.L.V.-P.S., il a retrouvé son calme, et toute sa niaque d’ailleurs. Deux semaines après que l’entente inter-partis l’ait mis sur la touche, l’obligeant à – provisoirement ? - ravaler ses intentions de retrouver un siège au Palais Bourbon en tant que député de la 2 ème circonscription duDoubs qu’il convoitait pour juin 2012, il attend. Que la donne évolue. Et il en est persuadé, elle évoluera. Déjà dans

premier. Il n’a pas fallu attendre long- temps dès 2001 pour voir poindre la première pomme de discorde entre le tout récent maire qui entamait son premier mandat et Éric Alauzet dont la liste écologiste avait recueilli un sco- re plus qu’honorable au scrutin muni- cipal. Clin d’œil de l’histoire, c’est la gare T.G.V. située à Auxon, dont l’inauguration vient d’avoir lieu, qui a créé le premier clash . Le référendum mis dans la balance de l’entre-deux tour par les Verts s’était alors révélé comme la première épine dans le pied

l‘entourage du maire on entend cer- taines railleries autour de la perti- nence d’une candidature verte dans une circonscription en partie urbaine, mais peut-être d’abord rurale. “Com- ment Éric Alauzet va expliquer aux gens du Plateau qui attendent encore beaucoup de la voie des Mercureaux, qu’il était contre ce projet, lui qui était le premier à brandir des pancartes anti- Mercureaux ?” s’interroge un élu P.S. bisontin. Cet accrochage entre le maire de Besan- çon et son allié écologiste n’est pas le

Une charge violente contre le tramway.

L’autre point majeur de divergence entre les deux collègues de conseil municipal reste le grand projet de ce

Dès 2001 et le référendum raté sur la gare T.G.V., les rapports entre Verts et socialistes sont régulièrement tendus

au conseil municipal.

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